ANALYSE. Cent millions. En 2050, les États-Unis devraient compter 100 millions habitants de plus qu'aujourd'hui, selon le ministère américain des Transports. La population américaine atteindra alors 418 millions d'habitants. Une croissance démographique qui générera des occasions d'affaires et des défis immenses, disent les analystes.
Pour mettre les choses en perspective, 100 millions d'habitants, c'est trois fois la population du Canada (35 millions). Cette croissance sera essentiellement soutenue par l'immigration et un taux de fertilité plus élevé que la moyenne des pays développés, où la population stagne ou diminue même, comme au Japon ou en Italie. Malgré tout, les États-Unis ne connaîtront pas un boom démographique.
En fait, la croissance moyenne de la population d'ici 2050 (un taux annuel de 0,8%) est la même que durant les dix dernières années, fait remarquer l'économiste Maurice Marchon, à HEC Montréal. De plus, ce taux de croissance au cours des 36 prochaines années est inférieur à la croissance des 36 dernières années, qui a été de 1%.
Cela dit, 100 millions de nouveaux habitants créeront de nouveaux besoins dans tous les secteurs de l'économie américaine, des produits de consommation (incluant la nourriture) aux services (finance, télécommunications, etc.) en passant par l'approvisionnement des entreprises aux États-Unis.
Construire des maisons ou des logements?
De manière plus précise, le secteur immobilier profitera de la croissance de la population aux États-Unis, disent les analystes. Car loger 100 millions de personnes dans les 36 prochaines années nécessitera la construction de résidences et de logements, dans un pays qui n'en a pas suffisamment construit ces dernières années.
Mais étant donné que le salaire moyen aux États-Unis stagne, il est possible que le marché de locataires soit plus dynamique que le marché de propriétaires, estime Angelo Katsoras, analyse géopolitique à la Financière Banque Nationale.
D'ailleurs, le taux d'accession à la propriété est actuellement à son plus bas niveau depuis 18 ans aux États-Unis, selon les données du U.S. Census Bureau. Actuellement, ce taux s'établit à 65%, alors qu'il avoisinait près de 69,5% au début des années 2000.
Les infrastructures existantes sont désuètes
La construction d'infrastructures est un autre secteur qui sera dynamisé pour l'ajout de 100 millions d'habitants, notamment au chapitre du transport en commun. Et les besoins seront immenses, alors que 45% des Américains manquent déjà d'un accès à des services de transport public, selon l'American Society of Civil Engineers.
En fait, selon l'ASCE, c'est l'ensemble de l'offre en infrastructures (routes, ports, aéroports, énergie, etc.) qui devra être améliorée dans les prochaines années. Par exemple, 40% des autoroutes sont congestionnées, et les Américains perdent en moyenne 34 heures par année en raison du trafic, soit une semaine de travail.
Pour intégrer 100 millions de nouveaux habitants, les États-Unis devront aussi investir davantage en éducation. Là aussi, le pays fait face à un important défi. Car, au lieu d'augmenter, les dépenses en éducation par rapport au PIB du pays ont eu tendance à diminuer ces dernières années, selon l'OCDE.
Agriculture: le pays manquera-t-il d'eau?
Même si les États-Unis peuvent compter sur la deuxième plus grande superficie de terres arables au monde après le Brésil, le pays risque de manquer d'eau pour assurer une certaine autosuffisance alimentaire dans les prochaines décennies.
Le sud-ouest du pays, incluant la Californie, vit d'ailleurs actuellement l'une des pires sécheresses de son histoire. Les agriculteurs, qui commencent à manquer d'eau, se tournent de plus en plus vers des cultures plus rentables (et moins consommatrice d'eau), comme la production d'amandes.
Les États-Unis devront donc être plus efficaces dans leur consommation d'eau, alors que la consomnation par habitant est pratiquement la même depuis 30 ans. Selon les analystes, l'une des solutions passe par la tarification de l'eau afin d'éviter le gaspillage. La désalinisation de l'eau de mer est une autre option.