La terrible épidémie d'Ebola, qui ravage plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, chambarde la vie d'entreprises canadiennes faisant des affaires dans cette région du continent africain.
C'est le cas d'Acier Profilé SBB, une PME de Terrebonne, qui exporte en Afrique de l'Ouest des tours métalliques pour les transporteurs d'électricité.
«Nos employés du Québec et nos agents sur le terrain ne vont plus dans les régions limitrophes des trois pays touchés par l'épidémie. On fait tout par téléphone», dit Patrick Gharzani, vice-président au développement international chez SBB.
Actuellement, l'épidémie d'Ebola est concentrée dans trois pays d'Afrique de l'Ouest : la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone. Le Nigeria et le Sénégal ont également eu des cas de fièvre hémorragique, mais ces deux pays ont réussi à endiguer l'épidémie.
Le virus d'Ebola, qui sévit habituellement dans le centre de l'Afrique (surtout en République démocratique du Congo), entraîne la mort chez environ 50 % des personnes atteintes.
Contrairement au virus de la grippe, Ebola est relativement peu contagieux, car il ne se transmet pas par voie aérienne. Ce virus découvert en 1976 se transmet d'un humain à l'autre par les liquides biologiques (sang, salive, etc.). Son mode de transmission est similaire à celui du sida.
«Une main contaminée par du sang, des selles ou des vomissements peut transmettre le virus, mais très peu par poignée de main non contaminée», fait remarquer dans un courriel François Coutlée, chef du Département de microbiologie et d'infectiologie du CHUM et responsable du dossier d'Ebola.Cela dit, l'Ebola est une maladie très dangereuse, martèlent les spécialistes en santé publique. C'est pourquoi SBB, qui a des projets en Côte d'Ivoire (un pays limitrophe du Libéria) et au Ghana (qui a des frontières communes avec la Côte d'Ivoire), ne prend aucun risque et a suspendu tous les déplacements de son personnel dans cette région.
«Nos clients dans ces pays comprennent très bien que nous montrions des réticences à nous déplacer», dit Patrick Gharzani, qui se rend lui-même de trois à quatre fois par année en Afrique.
En fait, SBB a demandé à ses employés de faire preuve d'une prudence extrême au cours de leurs déplacements dans l'ensemble du continent africain - la PME a des projets en Afrique de l'Est, notamment au Kenya, sur la côte de l'océan Indien.
Par précaution, les employés de SBB essaient d'éviter les vols qui transitent par l'aéroport d'Abidjan, en Côte d'Ivoire. «Quand il n'y a pas de vols directs vers l'un de nos marchés d'Afrique de l'Est, nous essayons plutôt de les faire passer par l'aéroport d'Addis-Abeba, en Éthiopie.»
À la mi-septembre, SBB a même annulé sa participation à un salon commercial qui se tenait au Nigeria, où une vingtaine de personnes ont été infectées. Précautions excessives ?
«Étant donné le rythme de propagation de l'épidémie actuelle, il est recommandé de faire une analyse de risque pour toutes les entreprises qui font des affaires dans la région touchée par le virus», souligne François Coutlée.