Pour éviter une chute du niveau de vie, l'Etat doit contraindre les citoyens à épargner en prévision de leur retraite, conclut un rapport signé Claude Castonguay rendu public mardi.
Intitulé "Le Point sur les pensions", le rapport présenté par le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO), constate que plus de 60 pour cent des travailleurs ne pourront maintenir leur niveau de vie une fois à la retraite.
Pour corriger la situation, l'étude recommande de repousser l'âge de la retraite pour les travailleurs qui le souhaitent et, surtout, de rendre obligatoire l'épargne par le biais d'un régime de type REER.
Ainsi, les travailleurs de 35 ans et plus qui ne participent pas à un régime d'employeur seraient tenus de cotiser cinq pour cent de leur revenu de travail.
Par exemple, pour un revenu annuel de 50 000 dollars, la contribution serait de 2500 $.
Les sommes accumulées dans les comptes personnels seraient immobilisées et les retraits ne seraient permis que pour des motifs exceptionnels, tels l'acquisition d'une habitation.
"C'est une nouvelle contribution pour les citoyens, certes, mais les cotisations seraient déductibles d'impôt", a expliqué M. Castonguay en entrevue à La Presse Canadienne.
"Et c'est aussi une question d'équité. Celui qui décide de ne pas se préparer pour la retraite et qui compte sur l'Etat pour le soutenir agit de manière inéquitable envers ceux qui sont prévoyants et qui épargnent", a poursuivi l'auteur du rapport d'une quarantaine de pages.
Les constats dressés par M. Castonguay sont implacables: A l'exception des plus pauvres et des démunis, les régimes publics universels du Québec et du Canada ne permettent pas à eux seuls aux personnes à la retraite de maintenir leur niveau de vie. D'autres sources de revenus à la retraite sont essentielles.
Plus encore, le rapport conclut que pour la majorité des travailleurs, les régimes complémentaires de retraite et les REER ne suffisent pas à maintenir le niveau de vie.
En effet, même si une personne sur quatre cotise à un REER, seulement un peu plus de sept pour cent en retirent des revenus à 65 ans.
"L'on doit conclure qu'un nombre élevé de cotisants retirent, pour d'autres fins que la retraite, les sommes accumulées dans leur REER avant leur retraite", lit-on parmi les faits saillants soulevés dans le rapport.
En résumé, en l'absence de changements au système de sécurité du revenu, la majorité des travailleurs vont devoir réduire significativement leur train de vie.
A l'heure actuelle, à peine un peu plus du tiers des travailleurs sont couverts par un régime de retraite de leur employeur et la plupart d'entre eux oeuvrent dans les secteurs publics et parapublics.
Ces derniers, des "privilégiés" selon M. Castonguay, n'auraient pas à contribuer au régime d'épargne obligatoire imposé aux autres salariés et travailleurs autonomes.
D'autre part, le rapport s'inquiète de la santé financière du Régime des rentes du Québec.
Compte tenu du faible rendement obtenu par le RRQ, M. Castonguay plaide pour la mise en place d'un mécanisme d'évaluation des performances de la Caisse de dépôt.
Avec un rendement moyen de 2,9 pour cent sur la réserve au cours des 10 dernières années, le RRQ a fait piètre figure comparativement au rendement moyen de 5,5 pour cent obtenu par l'Office d'investissement du Régime de pension du Canada pendant la même période.
Si un système d'évaluation public des performances de la Caisse de dépôt avait existé, des correctifs auraient pu être apportés plus tôt, estime le rapport.
Pour rétablir l'équilibre financier du régime, le taux de cotisation devrait passer de 9,9 pour cent à 11,02 pour cent, selon la plus récente analyse actuarielle rendue publique le 23 décembre.