En raison de l'endettement croissant des ménages, des millions de Canadiens se heurtent à un choix difficile entre économiser pour leur retraite et rembourser leur dette la plus importante : leur hypothèque.
D'après les derniers chiffres de Statistique Canada, la dette totale (hypothèques, crédits à la consommation et prêts non hypothécaires) des ménages canadiens a connu un essor pour atteindre 162,6 % du revenu disponible, dont la majeure partie provient d'emprunts immobiliers.
Cela dit, choisir entre économiser pour sa retraite et rembourser son hypothèque peut sembler impossible pour la plupart des Canadiens qui ne peuvent se permettre que l'un ou l'autre.
Comment décider ? Cynthia Kett, directrice de la firme de conseils Stewart & Kett Financial Advisors à Toronto, recommande d'examiner son taux hypothécaire dans un contexte avant impôts.
«Si vous vous situez dans une tranche d'imposition de 50 %, votre taux hypothécaire avant impôts est le double de votre taux déclaré, dit-elle. Un taux hypothécaire de 2,5 % est équivalent à 5 % avant impôts. En remboursant votre hypothèque, vous touchez un taux de rendement garanti égal au taux hypothécaire avant impôts. Où pourriez-vous obtenir le même taux de rendement sans risque ?»
En outre, plus vous remboursez votre hypothèque rapidement, moins vous aurez d'intérêt à payer sur le total de votre hypothèque. «Vous réduisez le montant de votre hypothèque qui pourrait avoir à être renouvelé à un taux plus élevé que le taux actuel», ajoute Mme Kett.
REER : des avantages importants
David Trahair, comptable agréé et auteur du livre Crushing Debt, dit qu'outre le taux marginal d'imposition appliqué aux cotisations REER par rapport à celui déclenché par un retrait du REER, le calcul menant à cette décision tient aux taux de rendement. «Si vous pensez que votre REER surpassera le taux de votre hypothèque, tenez-vous-en à vos cotisations au REER. Sinon, allez-y et remboursez votre dette.»
Si les circonstances s'y prêtent, dit M. Trahair, un REER offre de gros avantages fiscaux. Il est indiqué d'investir dans un REER «si la personne concernée se situe dans une tranche d'imposition élevée lorsqu'elle effectue sa cotisation, et obtient donc un remboursement important, et dans une tranche d'imposition basse à la retraite, lorsqu'elle effectue des retraits de son REER».
Par contre, pour une personne qui se trouve dans une tranche d'imposition basse, cotiser à un REER est loin de rapporter autant. «Si elle effectue aussi des retraits lorsqu'elle se situe dans une tranche d'imposition plus élevée, c'est encore pire», ajoute M. Trahair.
À moins d'être en mesure de faire les deux, le remboursement de son hypothèque l'emporte sur la cotisation à son REER en raison des bienfaits psychologiques qu'apporte le remboursement anticipé de celle-ci.