On entend çà et là que regrouper son REER au sein de la même institution financière, c’est prendre le risque de mettre tous ses œufs dans le même panier. Un postulat qui fait oublier aux épargnants que c’est aussi une des façons les plus simples et les plus efficaces de gérer leurs portefeuilles… à condition de choisir le bon conseiller.
Faut-il diversifier? Oui. Est-on obligé de le faire avec plusieurs conseillers financiers? Non! « Chaque institution a suffisamment d’outils pour bien diversifier le REER, dit Sylvain B. Tremblay, vice-président de l’Institut québécois de planification financière et vice-président Gestion privée chez Optimum Gestion de Placements. On peut le faire avec un seul compte plutôt que de faire de l’éparpillement en multipliant les comptes REER. »
Une meilleure vue d’ensemble
L’idée d’abriter ses REER sous le même toit semble contre-intuitive pour beaucoup d'épargnants, qui pensent qu’en répartissant leurs épargnes dans différents comptes, ils auront un meilleur contrôle de leurs finances. Une croyance que M. Tremblay ne partage pas. « J’ai déjà vu un client qui, avant de faire affaire chez nous, avait 10 comptes de REER différents. Ça devenait un cauchemar à gérer », témoigne-t-il.
Dans les faits, il est plus facile de mettre en place une politique de placement avec un seul compte et un conseiller unique qui saura équilibrer un portefeuille diversifié en fonction des tendances et du degré de tolérance au risque de chaque client. « C’est plus pratique pour le client, qui est en mesure de voir son rendement réel en un coup d’œil et qui n’a à s’occuper que d’un seul versement », ajoute Martin Lafontaine, planificateur financier chez BMO Banque de Montréal.
Ce spécialiste en stratégies de retraite met d’ailleurs les épargnants en garde quant au risque d’éparpiller plutôt que de diversifier ses placements en ayant des comptes dans diverses institutions. « Avec plusieurs comptes, il faut faire attention d’éviter les duplicatas : avoir le même genre de produits dans chacune des institutions, c’est contre-productif », prévient-il.
Une solution plus économique
Une solution plus économique
Par ailleurs, plus la somme que vous placez entre les mains d’un conseiller est importante, moins les frais de gestions seront élevés. « Je ne vois pas le bien-fondé de multiplier les comptes REER en phase d’accumulation. Il y a un coût à cette surdiversification : une perte de rendement et des frais de gestions accrus », mentionne M. Tremblay.
Et il n’est jamais trop tard pour regrouper ses REER et faire ainsi des économies. Une belle occasion pour le faire, c’est aussi lorsqu’une personne atteint 71 ans et qu’elle doit convertir ses REER en FERR. « Le client qui fait affaire avec plusieurs institutions et qui souhaite retirer son argent sera obligé d’en retirer de chacun de ses comptes, explique M. Lafontaine. Alors qu’en ayant un compte unique à la BMO, par exemple, il pourra le faire uniquement sur le placement qui rapporte le moins. »
L’envers de la médaille
Le risque principal de regrouper ses REER est de ne pas miser sur le bon cheval en n’étant pas capable de choisir un bon conseiller. La difficulté est donc de réussir à nouer une relation de confiance avec un conseiller qui saura surpondérer les placements en fonction des tendances à venir. « Les gens sont peu éduqués sur le plan financier, donc ils dépendent toujours des recommandations de leurs conseillers auxquels ils ne font pas toujours entièrement confiance. C’est l’une des raisons pour lesquelles ils continuent de multiplier leurs comptes REER », confie M. Tremblay.
Dans tous les cas, il faut savoir que les placements émis par la plupart des institutions sont protégés à hauteur de 100 000 $ par la Société d'assurance-dépôts du Canada et protégés par les Fonds canadiens de protection des épargnants à concurrence de 1 000 000 $.