Il y a quelques années, j'ai assisté au centième anniversaire d'une amie de la famille. Après avoir porté quelques toasts à sa santé et lui avoir rendu hommage, cette centenaire jamais mariée et d'une forme olympique a honoré ses invités en chantant et en dansant sur la musique de Yankee Doodle Dandy. Et elle n'était pas la seule sur la scène : sa sœur ainée, une ancienne membre du Service féminin de l'Armée, l'a accompagnée.
Ces deux femmes sont les deux seules centenaires que je connais, mais elles sont loin d'être uniques. Effectivement, le nombre de centenaires dans les pays développés augmente à un taux de plus de 5 % par an. À ce rythme, la population des personnes âgées de cent ans et plus doublera tous les 13 ans, d'après un Rapport des Nations Unies sur le vieillissement de la population mondiale.
Il s'agit toujours, bien entendu, d'une infime portion de la population, malgré les messages alarmistes des assureurs et autres fournisseurs de services financiers. À peine 9,5 % des femmes de 50 ans et 2,7 % des hommes de 50 ans atteindront l'âge de 100 ans au Canada d'après le Bureau de l'actuaire en chef. Mais un pourcentage plus important, soit 37,5 % des hommes de 50 ans et 48,8 % des femmes de 50 ans, devraient vivre jusqu'à 90 ans, d'après les statistiques du gouvernement fédéral.
On salue souvent une telle longévité comme un accomplissement, un hommage au patrimoine génétique des individus concernés, à leur décision de mener une vie saine et aux progrès de la médecine. Et à juste titre. Mais l'inconvénient de vivre bien au-delà de son espérance de vie est que cela peut grever, voire complètement épuiser les ressources financières d'un individu. De plus en plus de baby-boomers prennent leur retraite sans pension, c'est-à-dire que les régimes de pension du gouvernement seront vraisemblablement leur seule source de revenu garanti à vie, et l'augmentation de la longévité accroît le risque que de plus en plus d'individus vivront plus longtemps que leurs placements.
La première étape pour faire face au risque de longévité est d'évaluer la probabilité que vous ou votre conjoint(e) ayez une durée de vie bien plus longue que la moyenne. Les considérations liées à la santé, la longévité dans la famille, les activités professionnelles et le niveau de revenu peuvent tous être des facteurs.
Si vous avez évalué ces considérations et que le risque de longévité vous préoccupe, ou si vous avez déterminé tout simplement que mieux vaut prévenir que guérir, voici quatre erreurs à éviter.
Première erreur : Détenir un portefeuille trop prudent
Première erreur : Détenir un portefeuille trop prudent
Lorsque les investisseurs envisagent de réduire le risque de leur portefeuille, ils se fixent souvent sur la nécessité de réduire la volatilité à court terme, c'est-à-dire le risque de voir leur portefeuille perdre 10 %, voire même 20 %, au cours d'une année donnée. Mais un portefeuille trop prudent qui surpondère les liquidités et les obligations au détriment des actions peut en fait accentuer le risque d'une insuffisance de moyens financiers tout en atténuant la volatilité à court terme. C'est un point extrêmement important en ce moment, compte tenu du fait que les taux actuels tendent à être un bon indicateur des rendements futurs de ces catégories d'actifs. Non seulement les taux de départ sont-ils maigres en termes absolus (l'obligation du gouvernement du Canada de 10 ans rapporte à peine 2,3 % et les certificats de placement garanti offrent à peine 2 %, si on a de la chance), mais les taux d'intérêt ont une plus grande marge pour augmenter que pour baisser. Cela réduira le potentiel d'appréciation des prix obligataires au cours des dix prochaines années. Avec de tels rendements, il se peut que les retraités aux portefeuilles trop prudents ne suivent même pas l'inflation à long terme.
Cela ne veut pas dire que les retraités soucieux de la longévité devraient laisser tomber ces placements plus sûrs, car ils équilibrent de façon inappréciable les portions plus risquées de leurs portefeuilles. Cela suggère toutefois que ceux qui s'inquiètent de vivre plus longtemps que leurs actifs devraient nuancer leurs portefeuilles en y rajoutant plus d'actions qu'on le prescrirait aux individus appartenant à la même tranche d'âge.
Ceux qui pensent vivre bien au-delà de leur espérance de vie devraient se tourner vers une répartition qui est habituellement destinée aux investisseurs dynamiques, c'est-à-dire une participation boursière de plus de 50 %, même pour ceux qui approchent l'âge de la retraite ou qui viennent de la prendre. Cela signifie aussi une bonne dose d'actions étrangères en plus des actions nord-américaines. (Si vous trouvez que votre portefeuille n'a pas suffisamment d'actions en ce moment par rapport à ce qu'il devrait avoir, songez à étoffer vos positions graduellement plutôt que d'un seul coup, car les évaluations ne sont pas ce qu'elles étaient jadis.)
Deuxième erreur : Ne pas retarder votre demande de Sécurité de la vieillesse
Du fait qu'elle offre un flux de revenu ajusté en fonction de l'inflation pour le restant de vos jours, la prestation de la Sécurité de la vieillesse (SV) garantit que vous aurez au moins quelques rentrées d'argent même si votre portefeuille de placement s'amenuise (ou s'épuise) pendant vos dernières années de vie. On peut prétendre à une pension de la SV lorsqu'on atteint l'âge de 65 ans. Toutefois, à partir d'avril 2023, le gouvernement fédéral entamera la première phase d'une augmentation progressive de l'âge d'admissibilité à 67 ans. Cette clause, qui prendra entièrement effet à partir de janvier 2020, n'affectera pas les personnes qui sont nées avant le 1er avril 1958.
Entre-temps, attendre d'avoir 65 ans pour toucher la SV fera augmenter la valeur de vos prestations. Ceux qui retardent leur demande de SV recevront pour chaque mois de report après l'âge de 65 ans une prestation augmentée de 0,6 % (ce qui équivaut à 7,2 % pour chaque année complète). S'ils choisissent d'attendre d'avoir 70 ans, ils recevront une prestation annuelle de 36 % de plus que celle qu'ils auraient reçue s'ils avaient commencé à recevoir la prestation à 65 ans. Il n'y a aucun avantage à reporter le versement de la prestation au-delà de 70 ans.
Troisième erreur : Ne pas ajuster ses hypothèses de taux de retrait
Troisième erreur : Ne pas ajuster ses hypothèses de taux de retrait
La question des taux de retrait durant la retraite est garantie susciter l'attention parmi les lecteurs de Morningstar, et à juste titre. Tout comme les taux d'épargne sont le principal déterminant de la réussite durant les années d'accumulation (bien plus que la sélection des placements en fait), le taux de dépense est l'un des principaux facteurs de la viabilité de nos plans de retraite.
La règle des 4 %, qui stipule de retirer 4 % du total du solde d'un portefeuille durant sa première année de retraite, et ensuite d'ajuster annuellement ce montant en fonction de l'inflation pour déterminer chaque prélèvement annuel successif au portefeuille, est un bon point de départ dans la discussion sur des taux de retrait durables. Mais il est important de modifier votre taux de retrait en fonction de votre propre situation. Si vous avez une santé de fer et que vous serez vraisemblablement à la retraite plus longtemps que pour la période de 30 ans qui sous-tend la règle des 4 %, vous feriez mieux de commencer avec un peu moins. (Le fait que les rendements obligataires auront tendance à être faibles au cours des prochaines années milite aussi en faveur d'une position de prudence dans les taux de retrait.) La bonne nouvelle, c'est que vous pourriez être en mesure de subsister avec beaucoup moins d'argent que ce qui est habituellement accepté comme règle (80 % du revenu pré-retraite).
Dans le même ordre d'idée, il est important de ne pas fixer et oublier les variables de votre plan de retraite, comme votre taux de dépense et votre répartition d'actifs, car la retraite évolue et de nouvelles informations apparaissent sur votre santé, votre espérance de vie et les évaluations boursières, et ainsi de suite.
Quatrième erreur : Rejeter automatiquement les produits garantis
Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles beaucoup d'investisseurs évitent les produits garantissant un revenu à vie, comme les rentes viagères : ils peuvent être coûteux, il peut être difficile de se défaire d'un gros montant d'argent en échange d'un flux de revenu garanti à vie, et ils manquent souvent de transparence. (Je suis souvent surprise par le nombre de gens que je rencontre et qui détiennent des rentes mais ne savent pas ce qu'ils ont.) Il y a aussi la question des taux d'intérêts actuels, qui ont un effet dépressif sur le versement des rentes de type fixe.
Cela dit, un revenu garanti à vie constitue un énorme attrait en matière de protection de la longévité, et toutes les rentes viagères ne sont pas compliquées et coûteuses. Les rentes viagères ordinaires, la plupart tributaires des taux d'intérêt courants, sont les rentes les moins compliquées, les plus transparentes et les plus économiques de toutes. Diverses compagnies d'assurance offrent de nombreuses options de rentes viagères différentes, comme les prestations de décès, les options régressives ou les rentes réversibles, qui toutes ajoutent des coûts supplémentaires. Cette page du site Web du Gouvernement du Canada fournit des informations de base sur ces options et cet article examine de plus près les avantages des rentes viagères.