S'épanouir dans la retraite est une affaire personnelle. Il s'agit aussi de faire les choix financiers et de train de vie qui conviennent, dit Peter Drake, qui a démissionné à la fin juin de son poste de vice-président, Retraite et recherches économiques chez Fidelity Investments Canada.
« La retraite, c'est une affaire personnelle. On parle des règles générales -- combien économiser, quelle devrait être sa répartition d'actifs et son revenu de remplacement -- et je comprends qu'on a besoin de lignes directrices », dit M. Drake, commentant les résultats d'une enquête menée auprès de 1 392 Canadiens pour le Rapport sur la retraite Fidelity 2015.
Dans l'une des dernières entrevues qu'il a accordées avant de prendre sa retraite, M. Drake, âgé de 71 ans, a ajouté : « Chaque personne est unique. Ce qui est frappant est que les choix commencent par la discipline d'économiser, pour que l'on puisse se permettre de faire des choix. Afin de faire ces choix, il faut penser à ses attentes pour la retraite. Il est probable que ces choix diffèrent d'une personne à l'autre. »
M. Drake affirme que durant la carrière et lorsque l'on élève une famille et que l'on noue des relations avec sa communauté, on n'est pas forcément habitué à faire la distinction entre plusieurs choix pour la retraite. « Les gens disent souvent, lorsqu'ils traversent des épreuves de la vie, qu'ils aimeraient avoir le choix, mais s'ils n'ont pas pensé à la retraite avant, ils peuvent trouver ça difficile. Ils auront peut-être plus de temps sur les bras qu'ils ne l'avaient imaginé. »
C'est pour ça qu'il est important de demander conseil, en matière de finance et de train de vie. « Ça dépasse de beaucoup la sélection des titres. Maintenant, nous parlons d'intégrer les deux », dit M. Drake. Il y a des retraites moins chères et d'autres qui le sont plus. Ça ne veut pas dire qu'il y en a des bonnes et des mauvaises. Mais l'une d'elles vous coûtera beaucoup plus d'argent. »
Ancien vice-président et assistant économiste en chef à la Banque Toronto-Dominion qui a pris sa retraite de la banque il y a environ dix ans, M. Drake s'est recyclé en tant que consultant indépendant, mais cela ne lui apportait aucune satisfaction. Il s'est ensuite joint à Fidelity Investments en 2006.
En travaillant avec des conseillers et leurs clients et en les aidant à bâtir des stratégies adaptées à leurs besoins changeants, M. Drake a remarqué que certains retraités voulaient se simplifier la vie en déménageant dans un logement plus petit et en ayant moins de biens matériels. À l'inverse, d'autres veulent dépenser leurs économies et s'offrir des fantaisies auxquelles ils n'avaient pas accès durant leur carrière professionnelle. « Ce n'est pas qu'une option soit meilleure que l'autre. C'est ce qui fonctionne le mieux pour chacun », dit M. Drake, ajoutant que le taux de revenu de remplacement à la retraite varie de 80 % à 40 %.
« Ce qui compte, c'est que vos choix sont fonction de ce que vous voulez accomplir, et ce pour quoi vous êtes en mesure d'économiser. C'est quelque chose de très personnel », dit M. Drake. Vos choix, ajoute-t-il, dépendront de vos décisions de consommer moins et d'économiser maintenant, pour pouvoir consommer davantage plus tard. »
La théorie économique soutient que les gens sont rationnels et comprennent qu'ils doivent économiser pour la retraite, et donc équilibrer la consommation entre aujourd'hui et demain. « Mais en réalité, je pense que les choses se passent autrement, dit M. Drake. Le, problème c'est cette belle voiture que vous voulez acheter dans six mois, ou le voyage dans le sud que vous voulez faire l'hiver prochain, c'est mieux que d'attendre de pouvoir le faire dans vingt ans. »
Voici ce qu'a aussi révélé ce rapport de Fidelity :
Voici ce qu'a aussi révélé ce rapport de Fidelity :
Soixante-deux pour cent des pré-retraités pensent continuer de travailler à la retraite, et 54 % des retraités qui travaillent le font pour des raisons financières. Il est symptomatique que 48 % des retraités aient pris leur retraite plus tôt qu'ils ne l'avaient prévu.
La plupart des pré-retraités prévoient d'avoir des dettes à la retraite. Quarante-sept pour cent des personnes interrogées sont en désaccord, voire en fort désaccord avec l'affirmation « Je suis inquiet par rapport au montant de ma dette ». À l'inverse, seuls 34 % des pré-retraités étaient plus ou moins d'accord avec cette déclaration. Trente pour cent des retraités encouraient une dette allant de 5 000 $ à 100 000 $. Un pourcentage plus faible de retraités, de 25 %, avaient entre 5 000 $ et 100 000 $ de dettes. Par contre, 53 % des pré-retraités et 57 % des retraités n'avaient pas de dette.
Continuer de travailler est un facteur important pour de nombreux retraités : 58 % ont dit qu'ils continuaient à travailler pour rester actifs mentalement et physiquement, et 54 % le faisaient pour des raisons financières. Continuer de travailler pendant la retraite est de plus en plus courant, mais M. Drake remarque que planifier de travailler pendant la retraite n'est pas un bon plan à cause des risques liés à la santé, des conditions de travail de l'attitude que l'on a soi-même vis-à-vis de la poursuite d'un emploi.
Pour ce qui est des risques affectant la sécurité financière, l'inflation est le principal risque selon 58 % des pré-retraités et 45 % des retraités. Les soins de la santé viennent en deuxième place, 53 % des pré-retraités ayant dit que les coûts qu'ils déboursaient pourraient venir à bout de leurs économies. Quarante-deux pour cent des retraités ont évoqué les coûts des soins de santé comme une crainte potentielle.
M. Drake reconnaît qu'il existe des écarts entre les attentes et la réalité, comme la différence de 8 % entre ceux qui prévoient travailler pendant la retraite et ceux qui le font vraiment. Toutefois, M. Drake remarque que les taux de participation à la main d'œuvre pour les retraités ont augmenté depuis 2000.
D'un point de vue financier, certaines personnes ne peuvent pas se permettre de ne pas travailler. Certains travaillent pour aider à payer les études de leurs petits-enfants, par exemple. D'autres se sentent tout simplement plus à l'aise avec un chèque de paye.
Du côté non financier, M. Drake cite trois facteurs : le besoin de routine, le besoin d'avoir une impression de succès et le besoin d'une structure sociale ou d'une stimulation mentale.
Le vieillissement de la population, conjugué à la baisse du taux des naissances, a eu, et continuera d'avoir, un impact sur le ratio de dépendance des personnes âgées (le ratio des gens qui travaillent par rapport aux retraités). « Il y a de profondes implications », dit M. Drake, signalant que les gouvernements ont réagi en effectuant des changements au Régime de pensions du Canada et à la Sécurité de la vieillesse. « C'est difficile à concevoir pour certaines personnes. Si vous dites à un groupe de gens : "le pays connaîtra une pénurie de travailleurs", ils vous regarderont d'un drôle d'air. Depuis je ne sais combien de temps, nous avons le problème opposé. »
M. Drake recommande aux gens d'essayer de s'adonner à des activités de retraités avant la retraite. « Si vous songez à déménager dans une plus petite ville, c'est super. Mais je vous suggère de louer un logement dans la ville que vous aimez au mois de janvier et si vous êtes heureux, c'est bon signe. Vous devez l'essayer en premier. »
Pour ce qui est de sa propre retraite, M. Drake dit qu'il y a beaucoup réfléchi. « Je ne l'avais pas vraiment fait à mon premier départ à la retraite, se rappelle-t-il. J'ai commencé quand je me suis joint à Fidelity et étudié la question de la retraite. Il faut bien y réfléchir et c'est pourquoi j'ai défini ça comme « jouer, travailler et apprendre », dit M. Drake, qui aime faire de la bicyclette, du kayak et compte apprendre une nouvelle langue. « J'ai vraiment aimé ce travail. J'ai réalisé que j'aimais bien mieux travailler que de ne pas travailler. Maintenant, le moment est venu de passer à autre chose. »