Le rendement époustouflant des titres à faible capitalisation depuis la crise de 2008 devrait convaincre les investisseurs de monter la garde, car une telle situation ne peut durer éternellement.
En 2010, l'indice faible capitalisation mixte pondéré BMO a bondi de 38,1 %, presque trois fois plus que l'indice torontois S&P/TSX (14,4 %). Ce rendement succède à l'explosion de 75 % de cet indice de référence de BMO, en 2009.
" Il est tout à fait habituel que ces titres prennent les devants après une chute boursière et une récession. Par contre, l'évaluation des titres américains à faible capitalisation a atteint un sommet depuis 27 ans, par rapport au S&P 500. C'est un signe de danger ", croit Greg McCrickard, gestionnaire du fonds T. Rowe Price Small Cap Core Equity Strategy.
Le gestionnaire de cette firme réputée ne prédit pas de dégringolade, mais prévient que les gains futurs seront plus modestes et dépendront davantage de la trajectoire de l'économie et des taux.
Après deux ans de gains spectaculaires, les titres à petite capitalisation canadiens se négocient à un multiple de leur valeur comptable, similaire à celui des grandes sociétés, indique Scott Carscallen, gestionnaire du Fonds Mackenzie Saxon petite capitalisation.
" Les investisseurs doivent modérer leurs attentes. Ces titres ne performeront pas mieux que la Bourse dans son ensemble ", ajoute-t-il.
" Les titres des PME canadiennes en Bourse commencent à être chers par rapport aux plus grandes sociétés, reconnaît aussi Nicolas Chevalier, gestionnaire chez Pembroke Management.
En revanche, la croissance de leurs bénéfices est encore nettement supérieure à celle des plus grandes sociétés.
Les titres à faible capitalisation ont été " massacrés " lors de la crise de 2008. Ils ont rattrapé le terrain perdu ensuite. " Tant que le robinet des capitaux restera ouvert, ces titres peuvent encore bien performer ", fait valoir Christian Godin, gestionnaire de Montrusco Bolton.
Ces titres procureront de bons rendements tant et aussi longtemps que les entreprises pourront financer, auprès des banques et des investisseurs, les projets qui alimentent leur croissance supérieure, dit-il.
Une concentration risquée
Au Canada, les investisseurs ne réalisent pas à quel point l'indice de référence des titres à faible capitalisation de BMO est risqué en raison d'une forte concentration dans les ressources, explique Ted Chisholm, gestionnaire du Fonds Trimark petites sociétés canadiennes.
Près de 60 % des titres de l'indice sont des producteurs d'or et de ressources, par rapport à 40 % en 2004, précise Valérie Cecchini, gestionnaire chez Investissements Standard Life. " Les étrangers sont friands de nos ressources. Leurs capitaux pourraient se retirer aussi vite qu'ils sont entrés ", dit-elle.
Hors des ressources, il y a toujours des occasions. Il faut être plus sélectifs, disent les gestionnaires. Entre autres, il faut éviter les société endettées, car elles souffriront davantage lorsque les taux remonteront, dit M. Chisholm.
Les taux ne représentent pas une menace pour les PME pour au moins deux ans, croit Mme Cecchini. Entretemps, la hausse des revenus de ces entreprises améliorera leurs marges. Le retour des fusions et acquisitions constitue aussi une manne pour les investisseurs.
Cette gestionnaire préfère les secteurs de technologie et de consommation tandis que son collègue, M. Scarscallen, prévoit que la reprise économique entraînera davantage la rentabilité des PME des secteurs industriel et financier.