Les investisseurs se ruent vers les titres des services publics, sans égard au prix qu'ils paient, car ils sont éblouis par leurs dividendes croissants, au moment où les obligations offrent des rendements anémiques.
Par exemple, le fournisseur d'électricité Emera a augmenté son dividende deux fois, de 18,5 % au total, depuis le début de l'année. Son dividende atteint maintenant 1,30 $ par an et procure un rendement de 4,3 %.
Or, cet engouement pour les dividendes des fournisseurs d'énergie et d'électricité soulève leur cours boursier à des niveaux qui rendent leurs titres moins sécuritaires que les petits investisseurs ne l'estiment.
" Cette course folle pour le rendement repose sur un faux sentiment de sécurité. L'investisseur doit se demander s'il est prêt à perdre l'équivalent de deux ans de dividendes si le titre d'Enbridge chute de 10 %, par exemple ", met en garde Jacques Chartrand, président de Gestion de portefeuille Selexia.
" Au cours de ma carrière, je n'ai pas souvent vu Enbridge se négocier à un ratio de 20 fois son bénéfice. L'entreprise est solide, tout comme son dividende. Toutefois, au cours actuel, le titre pourrait baisser au moindre accident de parcours de l'entreprise ou si les taux remontaient ", ajoute M. Chartrand,
Au cours actuel, l'action reflète déjà pleinement la croissance de 10 % des bénéfices prévue entre 2010 et 2014, juge Patrick Lacroix, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins.
" Le titre d'Enbridge commence à être cher, mais il conservera sa valeur tant que les taux resteront bas, parce que la croissance de ses bénéfices est prévisible ", affirme Steve Belisle, d'Investissements Standard Life.
D'autres analystes restent optimistes. Enbridge augmentera son dividende plus rapidement que ses bénéfices entre 2010 et 2012, estime Robert Kwan, de RBC Valeurs mobilières. L'entreprise fera passer de 64 à 70 % la part de ses bénéfices qu'elle distribue à ses actionnaires, prévoit-il.
Enbridge augmentera son dividende de 15 % en 2011, prévoit Patrick Kenny, analyste chez Banque Nationale Financière, qui fait passer son cours cible de 60,50 à 62 $.
Par contre, le fournisseur d'électricité et de gaz naturel Fortis ne fait plus partie des titres favoris de M. Kenny. Sa croissance ralentit et, par conséquent, le rythme auquel il pourra augmenter ses dividendes, souligne-t-il.