Il ne se passe pas une journée sans que j'entende un retraité se plaindre des bas taux d'intérêt. C'est pourtant le moment de faire contre mauvaise fortune bon coeur.
La baisse des taux complique le budget de tous ceux qui vivent essentiellement de leurs revenus de placement, et ils sont plus nombreux chaque année. Fini le temps où un million de dollars en placements garantis générait 100 000 $ en intérêts ; aujourd'hui, ce capital produit à peine 25 000 $. Pour vivre de ses intérêts, il faut être soit multimillionnaire, soit adepte de la simplicité volontaire. Si la situation est autre, mieux vaut considérer le rendement total de son portefeuille.
Afin d'améliorer le revenu sur vos obligations, avez-vous pris le risque d'allonger vos échéances ou de réduire la qualité de crédit ? Avez-vous fait le plein de fonds de dividendes et de titres à revenu élevé (fiducies de placement immobilier, actions à dividendes élevés (les anciens trust units), obligations à rendement élevé (les junk bonds) ? Le revenu courant de votre portefeuille s'en est certes trouvé amélioré, mais il ne représente qu'une dimension de votre rendement.
Les marchés boursiers ont bondi depuis mars 2009, et si vous n'avez pas encore encaissé de bénéfices, vous pourriez le regretter. Pas que je veuille m'improviser prophète de malheur, mais il est normal que les Bourses traversent une phase de correction de temps en temps. En focalisant sur les revenus courants de vos titres, vous ignorez la seconde dimension de votre rendement total, soit la plus-value.Depuis le début de la reprise boursière, les actions ont dégagé des rendements nettement supérieurs aux titres à revenu : l'heure est à la prise de bénéfices. Si vous n'avez pas rééquilibré périodiquement votre portefeuille, il est probablement surpondéré en actions. Si vous avez décaissé à même vos titres à revenu fixe, il l'est davantage. C'est le temps de gérer le risque et de revenir plus près de la répartition d'actifs que vous ciblez.
À défaut de pouvoir sécuriser des bénéfices à même vos comptes enregistrés (REER, FERR...), vous devrez déclencher des gains en capital dans votre compte comptant. Les pertes en capital se faisant plus rares maintenant1, vous pourriez être tenté de ne rien faire pour éviter d'avoir à payer de l'impôt. Personnellement, je préfère envoyer une partie de mon gain à l'impôt plutôt que de conserver la totalité d'une perte en capital (une autre dimension du rendement total).
Que faire avec les liquidités résultant du rééquilibrage ?
> Vous êtez en phase d'accumulation ? Allez vers la catégorie d'actifs dans laquelle vous êtes sous-pondéré ; vraisemblablement, les titres à revenu fixe. Mais attention : optez pour la qualité et des échéances courtes. Plus que le revenu courant qu'ils génèrent, ces titres mettront un frein à la baisse de votre portefeuille en période de repli.
> Vous êtes en phase de décaissement ? Placez vos gains dans un compte à intérêt élevé duquel vous puiserez vos retraits en 2015. Si le montant est trop élevé, vous avez deux choix : aller vers des titres à revenu fixe ou avoir un plus gros compte à intérêt élevé... jusqu'à ce que les occasions reviennent.
Hélène Gagné, F.Adm.A., est gestionnaire de portefeuille chez Gestion privée PEAK (une division de Valeurs mobilières PEAK) Pl. Fin. et conseillère en sécurité financière chez Gagné, Morin & Associés M.T.L.