Pour permettre à des retraités au profil conservateur de profiter de leur vivant de sommes non enregistrées qu'ils souhaitent toutefois léguer à leur héritier, la rente assurée a sa raison d'être, soutient la planificatrice financière Catherine Felber.
« C'est un concept encore méconnu, ce qui est dommage, car c'est une combinaison super intéressante », indique celle qui est aussi directrice adjointe, développement des affaires, chez Sogemec Assurances, à Montréal.
La stratégie consiste à jumeler une rente viagère avec une assurance vie. La rente procure un revenu garanti pour le reste de la vie du retraité, lequel permet de payer la prime de l'assurance vie. Au décès du retraité, le capital assuré est remis aux héritiers, qui sont aussi les bénéficiaires de la police.
Pour illustrer la pertinence de cette stratégie, Catherine Felber explique le cas d'un couple de Québécois en bonne santé de 65 ans qui détient 250 000 $ dans un certificat de placement garanti (CPG). Leur taux marginal d'imposition est le plus élevé, soit 48,22 %. Si ce couple garde le CPG, dont le rendement annuel s'établit à 3 %, le revenu généré par cet investissement, net d'impôt, s'établit à quelque 3900 $ par an.
À l'opposé, ce duo achète plutôt une rente prescrite, c'est-à-dire qu'elle offre un traitement fiscal avantageux puisque le revenu généré est une combinaison de capital et d'intérêt. Ce type de rente offre l'avantage d'avoir une ponction fiscale nivelée durant la vie des retraités. Catherine Felber aime bien celle offerte par la Financière Sun Life.
« On le fait souvent avec une rente réversible, dit Catherine Felber. Je préfère ce genre de rente qui maintient le même montant versé au conjoint survivant. Je ne crois pas qu'un couple, quand il y en a un qui part, l'autre a beaucoup moins de dépenses. Souvent, par exemple, monsieur faisait beaucoup de travaux autour de la maison avant de mourir et madame abesoin d'argent embaucher quelqu'un pour les faire. »
Dans l'exemple, cette rente génère un revenu annuel brut de près de 13 500 $, payable jusqu'au décès du dernier membre du couple. Avec le revenu de la rente, la paire paie notamment les primes d'une assurance vie permanente dont le capital est versé au décès du dernier des membres du couple.
« Le coût de mortalité est plus intéressant sur une police d'assurance vie conjointe payable au second décès », dit la planificatrice.
Catherine Felber suggère la police d'assurance vie universelle Millénium, de Canada-Vie, dont le coût de mortalité est une temporaire 100 ans à primes nivelées. « En prenant une temporaire 100 ans, on a un coût nivelé la vie durant. On sait combien ça va coûter chaque mois pour le reste de notre vie pour être assuré pour 250 000 $. L'idée de jumeler les deux produits, c'est d'assurer un revenu stable, car les gens ont très peur des marchés et d'épuiser leur capital et veulent avoir une liquidité rentre de façon continue et veulent aussi connaître leurs sorties d'argents », précise la conseillère.
Après avoir payé la prime d'assurance, le revenu de la rente annuel, net d'impôt, s'établit à 7471 $, soit près du double du revenu disponible par rapport à l'utilisation d'un CPG.
Quelques nuances
Les suggestions d'assureur que fait la conseillère peuvent ne pas convenir à la situation d'un couple de clients. « Le conseiller doit s'assurer d'avoir le meilleur taux de rente au marché pour la rente viagère et pour la temporaire 100 ans », soutient Catherine Felber.
Bien que cette stratégie présente plusieurs avantages, il importe de ne pas tout miser dans celle-ci. « Comme tout bon produit, on ne met pas tous ses œufs dans le même panier. Je vais souvent conseiller à un maximum de 25 ou 30 % du portefeuille non enregistré », soutient Catherine Felber.
De plus, il importe de respecter l'ordre dans la démarche. « On doit s'assurer que les deux personnes sont assurables. Donc on doit d'abord procéder avec la demande d'assurance, avec les examens médicaux. La compagnie fait l'évaluation du dossier. Une fois qu'on est assuré et que le contrat d'assurance est mis en place, ce n'est qu'ensuite qu'on achète la rente », précise-t-elle.
De plus, pour multiplier les protections offertes par Assuris, une société à but non lucratif qui protège les assurés canadiens en cas de faillite de leur compagnie d'assurance vie, la conseillère préfère souscrire l'assurance vie et la rente auprès de deux assureurs différents.
En terminant, cette stratégie perd son avantage si l'argent est dans un REER, car l'ensemble du revenu généré de la rente est alors imposable, convient Catherine Felber.