L'automatisation grandissante de notre économie offre de nombreuses occasions d'investissement. Des experts vous suggèrent des titres qui pourraient profiter de cette vague.
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Les deux premières révolutions industrielles ont créé des gagnants et des perdants. Les entreprises qui ne sont pas adaptées ont sombré, et parfois, des industries entières ont subi le même sort. C'est le cas de l'industrie de la chasse à la baleine. L'activité économique, qui était la cinquième en importance aux États-Unis en 1846, est partie en fumée à la fin du 19e siècle. La cause ? Les consommateurs préféraient les ampoules de l'Edison Illuminating Company (l'ancêtre de General Electric) à leurs vieilles lampes à l'huile de baleine.
Pour les investisseurs qui saisissaient l'ampleur de la révolution technologique en cours, dont faisait partie John Pierpont Morgan (JP Morgan), l'occasion était alors immense. Or, selon les chercheurs Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee, dont les conclusions sont présentées en page 14, l'automatisation aura des retombées majeures plus importantes encore sur l'économie que la seconde révolution industrielle. Il n'est donc pas étonnant que des investisseurs veuillent surfer sur cette vague en misant sur les entreprises inscrites en Bourse au coeur de cette révolution.
«Il y a de nombreux débats au sujet des conséquences de l'automatisation sur le marché du travail, et je pense que c'est une discussion importante pour la société, relève Travis Briggs, pdg de ROBO-STOX. Par contre, du point de vue de l'investisseur, cela représente une occasion de placement, car personne ne remet en question où s'en va le train de l'automatisation.»
Fondée en 2013, ROBO-STOX compile un indice composé de 78 sociétés inscrites en Bourse jouant un rôle clé dans l'automatisation de l'économie. L'indice, que reproduit déjà le fonds négocié en Bourse (FNB) ROBO-STOX Global Robotix and Automation Index (Nasdaq, ROBO), permet ainsi aux investisseurs d'exposer leur portefeuille à la révolution technologique décrite dans The Second Machine Age, le livre d'Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee.
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Pas qu'une affaire de robots
L'indice de ROBO-STOX ne se limite pas aux fabricants comme iRobot (Nasdaq, IRBT, 32,44 $ US), connu pour ses robots aspirateurs, ou Rockwell Automation (NY, ROK, 115,82 $ US), qui se spécialise dans les robots industriels.
On y retrouve en effet des sociétés aussi diverses que John Deere (NY, DE, 81,98 $ US), dont certains tracteurs ne sont ni plus ni moins que des robots agricoles, et 3D Systems (NY, DDD, 52,85 $ US), un fabricant d'imprimantes 3D. «Nous croyons que la robotique industrielle n'est qu'une composante de l'automatisation, qui est un concept beaucoup plus large», dit Travis Briggs.
L'indice de ROBO-STOX exclut toutefois plusieurs entreprises prometteuses en matière d'automatisation, comme Google, Amazon et Tesla. Travis Briggs reconnaît que certaines d'entre elles pourraient jouer un rôle majeur dans ce créneau, mais fait valoir que cet aspect de leurs activités a un effet encore minime sur leur performance financière.
L'ancien gestionnaire de portefeuille est plus pessimiste à l'égard des entreprises n'ayant pas investi dans le domaine au cours des dernières années. «À terme, les géants industriels qui n'ont pas réalisé d'investissements substantiels en automatisation ne pourront pas rester concurrentiels.»
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Quatre sociétés à surveiller
Le géant de la recherche Internet Google (Nasdaq, GOOG, 583,10 $ US) figure parmi les sociétés les plus innovantes dans les domaines clés de la robotique et de l'intelligence artificielle. L'assistant virtuel conçu par la société, Google Now, peut déjà effectuer de nombreuses tâches pour les utilisateurs de téléphones Android. L'entreprise est un chef de file dans le créneau des voitures sans conducteur et acquiert des sociétés de robotiques comme d'autres achètent des chaussures. Seulement en 2013, Google a mis la main sur huit entreprises dans ce secteur.
Mark Lin, gestionnaire du Renaissance Global Science & Technology Fund à la CIBC, considère que Google est un excellent investissement à long terme.
Le gestionnaire de portefeuille aime surtout le titre en raison de sa triple position dominante dans les créneaux de la recherche, de la vidéo (YouTube) et des systèmes d'exploitation mobiles (Android). Il aime aussi le pari de l'entreprise sur les voitures autonomes . «Ça ouvre la porte à un marché gigantesque puisque, avec des voitures sans conducteur, tous ceux qui n'ont pas de permis peuvent devenir clients.»
Mark Lin soutient que la structure du capital de Google constitue un avantage à long terme pour la société.
«Google étant sous le contrôle de ses fondateurs, on peut prévoir que son pdg, Larry Page, qui est dans la quarantaine, restera en place presque pour toujours. Il peut donc investir dans des technologies qui ne généreront pas de revenus à court terme, comme la robotique et les voitures sans conducteur, s'il pense qu'elles seront importantes dans le futur.»
Valeur boursière : 392 G$ US
Revenus prévus (exercice en cours) : 53 G$ US
Bénéfice par action (BPA) (exercice en cours) : 26,41 $ US
Croissance du BPA par rapport à l'exercice précédent : + 34 %
Ratio cours/bénéfice prévu : 21,8
Source : Bloomberg, 12-09-2014
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iRobot
Malgré son nom qui n'est pas sans rappeler le titre d'un recueil de nouvelles de l'auteur de science-fiction, Isaac Asimov, iRobot (Nasdaq, IRBT) est avant tout un fabricant d'aspirateurs. Dans les faits, près de 90 % de ses revenus sont issus de la vente de robots domestiques, dont le plus populaire est le robot aspirateur Roomba. Le reste de ses revenus provient essentiellement de sa gamme de robots militaires, dont les ventes ont diminué en raison des réductions budgétaires du gouvernement fédéral américain. L'analyste de Morningstar, Adam Fleck, considère que la croissance des revenus de l'entreprise viendra de ses robots domestiques dans un avenir prévisible. «iRobot détient une grande part du marché en croissance des robots domestiques, et nous aimons les innovations apportées au dernier modèle de Roomba.» En outre, la société sous-traite la fabrication de ses produits, ce qui lui permet de se concentrer sur la conception et l'ingénierie, dit l'analyste.
iRobot tente par ailleurs de percer le marché des entreprises avec iRobot Ava 500, un robot doté d'un écran de vidéoconférence qui peut se déplacer automatiquement d'une salle de réunion à l'autre. L'appareil, qui se détaille 69 500 $ US, ne génère toutefois pas encore des revenus significatifs, soutient Adam Fleck. «On est encore dans la phase d'adoption, mais il y a beaucoup d'optimisme à l'égard du potentiel de ce produit. Ça explique pourquoi le titre d'iRobot est un peu surévalué en ce moment.» L'analyste juge le titre légèrement surévalué (32,44 $ US) par rapport à sa juste valeur de 31 $ US.
Valeur boursière : 918 M$ US
Revenus prévus (exercice en cours) : 557 M$ US
Bénéfice par action (exercice en cours) : 1,15 $ US
Croissance du BPA par rapport à l'exercice précédent : + 54,1 %
Ratio cours/bénéfice prévu : 26,9
Source : Bloomberg, 12-09-2014
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Dassault Systèmes
La société française Dassault (OTC, DASTY) commercialise des logiciels de design 3D qui jouent un rôle clé dans l'accélération du cycle d'innovation et dans la montée de l'impression 3D. Ses logiciels, dont SolidWorks et CATIA, sont utilisés pour concevoir des produits aussi divers que des moteurs d'avion et des écouteurs. Ses produits sont déjà populaires auprès des entreprises manufacturières, mais ils pourraient voir leur marché s'élargir grâce à l'explosion de l'impression 3D, qui permet pratiquement à quiconque de fabriquer des produits.
Son logiciel SIMULIA permet de tester des produits virtuellement, avant même d'avoir fabriqué un prototype. «Les logiciels de Dassault sont l'un des facteurs qui permetten aux fabricants d'introduire autant de nouveaux modèles de téléphone intelligent en aussi peu de temps», dit Mark Lin, gestionnaire du Renaissance Global Science & Technology Fund à la CIBC.
Les trois analystes qui suivent le titre sont partagés. Un en suggère l'achat, un autre de le conserver, tandis que le troisième recommande de vendre celui-ci. La cible moyenne est de 78 $ US.
Valeur boursière : 17,2 G$ US
Revenus prévus (exercice en cours) : 2,3 G€
Bénéfice par action (exercice en cours) : 1,80 €
Croissance du BPA par rapport à l'exercice précédent : + 30,8 %
Ratio cours/bénéfice prévu : 29,0
Source : Bloomberg, 12-09-2014
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Nuance Communications
Surtout connue pour son logiciel de reconnaissance vocale destiné aux consommateurs Dragon NaturallySpeaking, Nuance Communications (Nasdaq, NUAN, 16,22 $ US) possède un morceau crucial du puzzle de l'automatisation.
La société du Massachusetts vend sa technologie sous licence à de nombreuses entreprises voulant intégrer la reconnaissance vocale à leurs produits.
L'entreprise, qui possède aussi un bureau à Montréal, offre notamment un logiciel de réponses automatisées pour les centres d'appels et des logiciels de prises de notes vocales pour le secteur de la santé.
John F. Bright, analyste chez Avondale Partners, recommande l'achat du titre. «Si on considère les nouvelles interfaces [de communication personne-machine], la voix est l'une des plus importantes, et Nuance est le leader de la reconnaissance vocale», explique-t-il. Selon lui, si les revenus de Nuance ont fait du surplace lors des derniers trimestres, c'est en raison du changement de sa stratégie de prix. «Dans le créneau des entreprises et de la santé, Nuance facturait d'importants montants à l'avance, mais elle se tourne maintenant vers le modèle de l'abonnement». Le cours cible de l'analyste s'élève à 25 $.
Valeur boursière : 5 G$ US
Revenus prévus (exercice en cours) : 2 G$ US
Bénéfice par action (exercice en cours) : 1,07 $ US
Croissance du BPA par rapport à l'exercice précédent : - 23,1 %
Ratio cours/bénéfice prévu : 14,9
Source : Bloomberg, 12-09-2014
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