L'offre d'achat amicale lancée à la fin d'octobre par la Bourse de Singapour (SGX) sur la Bourse d'Australie (ASX) a relancé les spéculations sur d'éventuelles fusions de places boursières. Résultat, le sentiment du marché vis-à-vis du Groupe TMX est devenu plus positif. Il s'agit d'un des rares marchés d'importance encore "orphelins". Qui plus est, Groupe TMX est la première Bourse de ressources naturelles du monde.
Pour Richard Morin, gestionnaire de portefeuille chez Landry Morin et ex- dirigeant de la Bourse de Montréal, Groupe TMX est une cible de choix : "Les acquéreurs les plus probables sont NYSE Euronext et Nasdaq OMX, car ces marchés sont déjà intégrés au nôtre", croit-il.
Une étude de la Banque Royale montre que, depuis le début de 2010, le marché américain compte pour 83 % des volumes négociés de Research In Motion. Ce pourcentage est de 86 % pour PotashCorp et de 70 % pour Agnico-Eagle.
Autre argument : la Bourse canadienne pourrait s'allier à un autre joueur pour faire face à la concurrence grandissante. Depuis 2008, Groupe TMX a vu deux nouveaux concurrents entrer sur son marché, Alpha Trading Systems, fondé par les banques canadiennes, et Chi-X.
"Ces marchés comptent présentement pour près de 20 % des volumes négociés, dit M. Morin. Comme le volume d'affaires a augmenté, le Groupe TMX n'a pas encore été trop touché par cette concurrence. Mais ce ne sera pas toujours le cas."
Face à la concurrence, Groupe TMX a investi dans la technologie et diminué ses frais au cours des derniers 12 à 18 mois, dit Shubha Khan, analyste de la Banque Nationale Financière. Cependant, comme la technologie est son principal coût et les frais, ses principaux revenus, sa marge de manoeuvre rétrécit.
"Une autre avenue serait d'accroître les économies d'échelle en fusionnant avec une autre Bourse", estime M. Morin.
L'enjeu de la régulation
Par contre, il n'est pas si évident qu'une fusion puisse se réaliser. "Aucune entité ne peut détenir plus de 10 % du capital de Groupe TMX sans obtenir l'autorisation des autorités de réglementation du Québec et de l'Ontario", indique Carolyn Quick, porte-parole du Groupe TMX.
Et même si les régulateurs donnaient le feu vert, le gouvernement canadien pourrait bloquer cette acquisition, comme il l'a fait récemment avec PotashCorp.
Ces barrières ne sont peut-être pas aussi insurmontables qu'elles le semblent. "La plupart des pays cherchent à contrôler leur Bourse, dit Richard Morin. Malgré tout, on a assisté à plusieurs acquisitions de places boursières ces dernières années."
"Je pense qu'on s'en va vers ça, au Canada, ajoute-t-il. Et un gouvernement qui l'empêcherait serait mal avisé."
Évaluation relevée
L'offre de la Bourse de Singapour sur la Bourse d'Australie, une transaction de 8,4 milliards de dollars américains, s'est réalisée à un bon prix, estime M. Khan de la Banque Nationale Financière. "En se basant sur le consensus du bénéfice par action, cette offre représente un multiple d'environ 23 fois les bénéfices attendus en 2011, ajoute-t-il. Les acquisitions majeures précédentes ont été réalisées selon un multiple de 30."
Cette annonce a poussé les analystes du secteur à augmenter le multiple utilisé dans la prévision du cours cible du Groupe TMX (Tor., X), qui exploite la Bourse de croissance TSX et la Bourse de Montréal, en plus de la Bourse de Toronto. John Reucassel, analyste chez BMO Marchés des capitaux, utilise maintenant un multiple de 13, pour un cours cible de 38 $. Shubha Khan, pour sa part, vise 40 $ l'action.