Du distributeur d'essence à l'épicerie, les consommateurs font les frais de la flambée du prix du pétrole. Mais investir dans les entreprises qui en profitent le plus lorsque le prix du baril grimpe peut aider à atténuer les coups que subit le portefeuille.
Suncor Energy est l'un des premiers noms venant à l'esprit de Lanny Pendill, un analyste du secteur de l'énergie de la firme Edward Jones, à St. Louis, dans le Missouri.
Suncor, la plus grande société en énergie au Canada et un joueur dominant dans l'exploitation des sables bitumineux, est active depuis longtemps au nord de Fort McMurray, en Alberta. L'entreprise possède également plusieurs autres propriétés de sables bitumineux qu'elle a obtenues lors de sa fusion avec Petro-Canada, en 2009.
"La fusion est maintenant complétée, a expliqué M. Pendill. Les économies de coûts se sont établies bien au-dessus des premières estimations, et maintenant, c'est le retour aux sources".
L'analyste a ajouté que le déroulement des activités de l'entreprise s'était grandement amélioré depuis la fusion.
M. Pendill apprécie aussi Nexen Inc., d'une part parce que son indice est lié au pétrole à 85 pour cent, mais aussi parce que des inquiétudes à court terme ont réduit le prix de ses actions, la transformant en opportunité d'achat.
La production est décevante dans le projet de sables bitumineux de Nexen à Long Lake, et les pourparlers visant à étendre un contrat de production au Yémen ont été perturbés par les soulèvements populaires dans ce pays.
"C'est lié près de 15 pour cent des flux monétaires de Nexen", a dit M. Pendill.
"En observant le prix des actions de Nexen, on constate que le marché n'écope pas du tout pour le Yémen ni pour Long Lake."
John Stephenson, gestionnaire de portefeuilles chez First Asset Funds, conseille plutôt Canadian Natural Resources, une autre compagnie pétrolière qui a récemment vécu des problèmes liés à ses activités.
Un incendie a touché son projet Horizon en janvier. L'événement a interrompu la production pendant des mois et s'est transformé en facture de 400 millions $ pour l'enterprise. Mais M. Stephenson estime que l'entreprise devrait émerger de ces difficultés sans problème majeur.
"Je crois vraiment qu'il s'agit d'une opportunité pour les investisseurs", a-t-il indiqué.
John Stephenson fait aussi ressortir du lot Canadian Oil Sands (TSX:COS), dont l'actif le plus important est une participation de 37 pour cent dans les sables bitumineux de Syncrude Canada, le plus grand projet du genre sur la planète. Il profite donc largement des prix élevés de l'essence.
L'entreprise a réduit ses dividendes aux investisseurs de 60 à 20 cents après avoir changé de forme, d'un fonds de revenu à une corporation, au début de l'année 2011. Elle a depuis réussi à verser des diviendes de 30 cents par action.
Lanny Pendill affirme que les entreprises les plus généreuses en terme de dividendes se trouvent à l'extérieur du Canada. ConocoPhillips (NYSE:COP), Chevron (NYSE:CVX) et Royal Dutch Shell (NYSE:RDS) sont citées par l'analyste.
"Vous pouvez bénéficier d'une hausse de la valeur de l'action et le chèque de dividende à chaque trois mois peut vous aider à annuler les impacts de la hausse du coût de l'essence", a-t-il dit.
Joanne Hruska, d'Aston Hill Financial, soutient qu'une autre façon de profiter du coût élevé de l'essence est d'investir dans les entreprises qui fournissent des services aux pétrolières, notamment le forage. Elle conseille des géants du secteur, comme Precision Drilling (TSX:PD) et d'autres entreprises plus petites comme Iroc Energy Services (TSXV:ISC).
"Plusieurs des entreprises de notre portefeuille ont vu leurs revenus exploser", a-t-elle affirmé, soulignant que les firmes qui ne font que du forage sont plus vulnérables à des changements du prix des commodités que les entreprises qui offrent une gamme de services plus large.
Les investisseurs sont plus pessimistes en ce qui concerne les firmes spécialisées dans le gaz naturel, puisque l'offre stable dont profite l'Amérique du Nord fait baisser le prix de la ressource.
Toutefois, les compagnies exploitant des régions riches en liquides de gaz naturel, qui atteignent un prix plus près de celui du brut que de celui du gaz naturel, vont bien. Mme Hruska appécie notamment Angle Energy (TSX:NGL).
Joanne Hruska estime que les prix de l'essence resteront élevés pendant encore un moment. Sa firme prévoyait que le coût du baril se situerait entre 80 $ US et 100 $ US au cours de l'année, mais l'instabilité dans les pays producteurs, comme la Libye, l'a poussé beaucoup plus loin.
"Nous sommes confiant de voir le prix de l'essence demeurer relativement élevé."