Les congés de maternité et les absences plus fréquentes du travail pour des raisons familiales peuvent réduire l’épargne que les femmes pourront faire durant les années clés de leur période active.
En moyenne, les femmes auraient 10 ans de moins en rémunération, si on considère qu'elles sont à 80% du salaire moyen de l'homme et qu'elles doivent s'absenter plus souvent pour des raisons familiales, explique Angela Iermieri, planificatrice financière chez Desjardins.
Les conseillers devraient donc pousser leurs clientes à planifier plus tôt pour la retraite afin de contrebalancer leur présence irrégulière sur le marché du travail. Elles vivent aussi plus longtemps que les hommes, ce qui augmente leurs besoins en termes d'épargne retraite.
« Lorsqu'on les rencontre en début de carrière, il est important de leur parler de ces choses-là et d'agir. Je dirais que les femmes sont conscientes qu'elles vivront plus longtemps que leur conjoint, mais qu'elles ne prennent pas encore de mesure en conséquence », souligne Maryse Fillion, directrice régionale principale pour l'est du Québec, planification financière chez TD Waterhouse.
De plus, le fonds d'urgence prend une importance toute particulière pour les clientes qui pourraient avoir besoin, lors de leur absence du marché du travail, de montants supplémentaires.
Face aux clientes qui disent compter uniquement sur l'aide de leur conjoint pour compenser leur baisse de salaire durant cette période, Maryse Fillion privilégie une approche particulière : « Je leur dis qu'elles pourront sûrement compter sur son aide, mais qu'elles auront beaucoup de temps de libre durant leur congé de maternité et qu'elles ne voudront sûrement pas se priver ».
À bas les clichés
De plus, les temps changent et maintenant qu'elles forment une grande partie des travailleurs actifs, les clientes démontrent un plus grand désir de prendre en charge leurs finances personnelles.
« Depuis 10 ans, ça change définitivement, indique Sylvie Lauzon, planificatrice financière chez RBC Gestion du patrimoine. Même si on aime généralement inclure la famille et le conjoint, on voit des femmes vouloir avoir une planification financière personnelle pour elles-mêmes, peut-être par soucis d'indépendance financière. »
Peut-on donc remiser au placard le mythe de la nouvelle divorcée qui se retrouve complètement démunie devant l'administration de ses finances personnelles qu'elle doit assurer pour la première fois de sa vie?
« Tout dépend de leur cycle de vie, nous voyons encore des divorcées qui se retrouvent en situation difficile. C'est habituellement des baby-boomers avancées et, encore là, ça varie selon leur éducation. On voit beaucoup moins ce genre de chose avec les plus jeunes clientes », souligne Sylvie Lauzon.
Par contre, les femmes auraient généralement bel et bien une tolérance au risque plus faible que celle des hommes. Toutefois, plus elles sont éduquées financièrement parlant, plus leur profil de tolérance change, soutient Maryse Fillion qui ajoute qu'elles n'hésitent maintenant plus à explorer de nouvelles façons de faire leurs placements.
« On voit de plus en plus de femmes faire du courtage en ligne et on note une très importante augmentation d'ouvertures de comptes par des femmes. Elles sont plus éduquées, ont plus d'argent à investir et veulent se prendre en charge », dit-elle.
Leçons pour les conseillers
Pour s'assurer la fidélité de ses clientes, le conseiller doit faire attention à quelques détails important. Ainsi, le premier facteur d'insatisfaction des femmes envers leurs conseillers serait la difficulté à le rejoindre, selon Maryse Fillion : « Elles ont des enfants et travaillent, elles n'ont pas beaucoup de temps. Vous devez donc être facile à joindre ».
Le conseiller a tout à gagner à être efficace auprès de sa clientèle féminine puisque les femmes sont très portées à référer les gens avec lesquelles elles traitent et dont elles sont satisfaites : « Si je n'aime pas mon coiffeur, je vais demander à mon amie chez qui elle va et elle va me recommander le sien, ajoute Maryse Fillion. C'est la même chose pour un conseiller financier. Demandez-leur de ne pas hésiter à vous référer. »
Finalement, le conseiller doit être très à l'écoute de sa cliente et prendre le temps nécessaire pour nouer une relation solide avec elle. Un suivi plus fréquent est à recommander, tout comme une approche plus pédagogique, selon Angela Iermieri : « Elles font des recherches mais elles ont besoin d'être éduquées, épaulées et guidées sur les finances en général et non pas juste sur un produit en particulier. À l'opposé, les hommes vont préférer faire ces recherches par eux-mêmes. »
Et les conseillères ont-elles une longueur d'avance sur leurs collègues masculins? « Nous avons un certain avantage parce que nous avons vécu le congé de maternité. Nous pouvons leur dire ce que nous avons fait lorsque nous étions à leur place et leur suggérer des options pour améliorer la situation. Ce n'est pas nécessairement que les femmes aiment mieux faire affaire avec une conseillère, mais c'est un outil de plus pour nous! »