Chronique. Il ne reste que quelques semaines avant la fin de 2010. C'est le moment propice pour réviser le contenu de votre portefeuille, ne serait-ce que pour des raisons fiscales.
En effet, les investisseurs ont jusqu'au 31 décembre pour enregistrer des pertes de façon à pouvoir réduire leurs gains imposables. La date ultime pour que le règlement d'une vente se fasse en 2010 est le 24 décembre au Canada et le 28 décembre aux États-Unis.
Ne faites pas l'erreur de vendre vos titres champions
La première étape consiste à réviser vos transactions de l'année, en particulier les ventes faites dans des comptes imposables. Le problème des gains imposables ne se pose pas pour les placements dans des comptes comme le régime enregistré d'épargne-retraite (REER) et le compte d'épargne libre d'impôt (CELI).
Calculez le total de vos gains et pertes depuis le début de l'année. Si vous avez fait des gains importants, je vous recommande fortement de passer votre portefeuille au peigne fin afin de repérer des titres perdants. Soyez sans pitié pour ces derniers !
De nombreux épargnants font l'erreur de conserver année après année les titres qui ne rapportent rien, alors qu'ils s'empressent de vendre leurs titres gagnants. C'est compréhensible, car vendre à profit procure une belle sensation. Cela confirme vos talents d'investisseur et flatte l'ego.
Par contre, à long terme, ce n'est pas la meilleure stratégie pour s'enrichir. Mes pires erreurs en Bourse ont été de vendre des titres dont la valeur avait doublé, voire triplé. Certains de ces gagnants ont continué de s'apprécier, certains décuplant, et même plus.
La réussite boursière vient d'une poignée de titres. Souvent, sur 10 titres en portefeuille, 6 ne rapporteront rien et 2 ou 3 seront des fiascos. C'est dire que seulement 1 ou 2 titres seront des gagnants. Or, si vous vendez ces champions trop tôt, vous vous privez d'une importante source d'enrichissement.
Évidemment, vendre à perte est douloureux, car cela correspond à un aveu d'échec. Il est normal de trouver toutes sortes de raisons pour garder vos perdants.
La pire raison est la fameuse : " Je vendrai mes actions lorsqu'elles remonteront au prix que je les ai payées. " Malheureusement, vos actions ne savent pas à quel prix vous les avez achetées ! En fait, si c'est votre seule raison pour conserver un titre, j'ai suffisamment d'expérience pour vous recommander - que dis-je ! - vous supplier de vendre ce titre.
J'ai appris cette leçon lors de l'exercice automnal de révision du portefeuille. Il y a quelques années, alors que je cherchais un ou deux titres à vendre pour enregistrer des pertes en capital, j'ai vendu mes actions de Semi-Tech, un conglomérat de Toronto dont les activités étaient mondiales.
J'ai vendu mes actions avec tant de regrets que je me suis dit qu'après 30 jours (période d'attente nécessaire en vertu des règles fiscales pour que la perte soit admissible), je m'empresserais de les racheter. Chose que je n'ai jamais fait, car le titre a poursuivi sa chute jusqu'à disparaître.
J'ai donc épargné de l'argent de deux façons : la perte réalisée a servi à réduire mon gain imposable (50 % des gains en capital sont imposables), et j'ai conservé un certain capital que j'aurais totalement perdu si j'avais gardé mes actions.
Je le répète : soyez sans pitié pour vos perdants. Un titre qui a stagné ou qui a perdu au moins 30 % de sa valeur depuis deux ou trois ans a peu de chance de se transformer en grand gagnant, bien au contraire.
Examen en profondeur
Pendant que vous calculez vos gains et vos pertes, je vous recommande de profiter de l'occasion pour réviser en profondeur votre portefeuille, y compris vos comptes REER.
Commencez par analyser votre répartition d'actif globale, soit le pourcentage de votre portefeuille consacré à chaque catégorie d'actif (actions, obligations, encaisse). Est-ce la répartition a beaucoup changé entre le début de l'année et le 30 septembre ? Est-ce qu'elle correspond encore à votre stratégie et à vos objectifs ? Si ce n'est plus le cas, agissez immédiatement pour corriger la situation et rétablir la répartition qui vous convient.
Sur le plan boursier, vos titres vous procurent-ils la diversification que vous recherchez ? Avez-vous trop d'argent investi dans certains secteurs ? Par exemple, si 80 % de votre portefeuille d'actions est concentré dans deux secteurs, le niveau de risque est alors très élevé.
Enfin, analysez vos titres un par un, en vous demandant pour chacun s'il répond encore aux raisons pour lesquelles vous l'avez acheté et s'il offre un bon potentiel à long terme.
Faites le même exercice pour vos placements dans les fonds communs et les fonds négociés en Bourse. Et n'oubliez pas : soyez sans pitié pour les perdants !