Point de vue. Les politiques gouvernementales du Québec laissent beaucoup à désirer. À titre de contribuable québécois, je suis furieux. Les impôts et les taxes que nous payons, dont les taxes municipales de Montréal, sont parmi les plus élevés du monde.
Et qu'obtenons-nous en retour ? Des routes en piètre état, un trafic de drogue florissant, des hôpitaux délabrés, des universités sans argent pour embaucher les meilleurs cerveaux et des hausses constantes d'impôts et de taxes.
Comment pouvons-nous espérer soutenir la concurrence du reste du Canada, et encore moins celle de la Chine et des autres pays, quand notre main-d'oeuvre compte 25 % de fonctionnaires, quand notre taux de syndicalisation est peut-être le plus élevé en Amérique du Nord, quand les syndicats de la construction et les fonctionnaires de Montréal et de Québec se voient accorder des monopoles.
Si j'étais indépendantiste, je serais également furieux. L'achat de votes, les déficits budgétaires et l'endettement excessif de l'État rendent constamment ce projet impossible, à moins d'aspirer à devenir un pays du tiers-monde. Les libéraux comme les péquistes sont engagés dans l'achat des votes les plus néfastes qui soient, tant auprès des mères au foyer, des étudiants que d'autres citoyens qui ne paient aucun impôt sur le revenu (plus de 40 %).
Qui ne voudrait pas étudier au Québec quand il n'en coûte qu'environ 2 400 $ par an ? À moins d'avoir réussi de justesse, quel diplômé ne souhaiterait pas quitter le Québec, où la rémunération est très faible et les impôts, confiscatoires ?
L'état du réseau routier montréalais m'enrage. Montréal est la locomotive du Québec. Or, ses rues sont probablement les plus défoncées du Québec, voire du Canada. Les taxes foncières y sont sans doute les plus élevées de la province, particulièrement dans les banlieues où vivent les contribuables les plus imposés. Les fonctionnaires municipaux sont vraisemblablement les mieux payés.
Nous avons aussi un maire qui, à l'instar de George W. Bush, est un diplômé de mon alma mater, l'université Harvard. On aurait pu s'attendre à mieux de leur part ! Mais ce qui me fait encore plus rager, c'est l'apathie de la population montréalaise qui, résignée, en est venue à trouver la situation actuelle " normale ". Ne devrions-nous pas aspirer à mieux ? Le plus désolant, c'est qu'il ne semble y avoir aucune amélioration en vue.
Ni les libéraux ni le Parti québécois ne méritent nos votes. Or, nous n'avons pas d'autre choix. Je ne suis pas le seul à déplorer une situation où l'objectif premier des deux partis est de se faire élire et réélire. Pas étonnant que les véritables chefs soient si peu nombreux à se présenter et que certains des meilleurs jeunes cerveaux préfèrent quitter la province. Ayant fait carrière ici et appris à aimer le Québec, les objectifs qui motivent la classe politique québécoise m'attristent.
Stephen A. Jarislowsky est président du conseil de Jarislowsky Fraser. Vous pourrez lire son commentaire sur lesaffaires.com une fois par mois.