Intelligence nordique - Série 5/5 : Les Affaires vous fait découvrir cinq villes du nord de l'Europe qui se démarquent en matière d'utilisation des technologies. Le Québec, tout aussi nordique, pourrait s'en inspirer.
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Il faisait nuit lorsque j'ai pénétré dans l'enceinte d'un bâtiment désaffecté en banlieue de Riga, en Lettonie. Baptisé Boevika, «femme bolchévique» en letton, le lieu était une manufacture de textile durant l'ère soviétique. Si j'avais été le protagoniste d'un film d'horreur de série B, mon coeur se serait sans doute emballé en montant une à une ses marches bétonnées. Heureusement pour moi, je n'étais qu'un journaliste prenant part à la nuit blanche du festival d'art contemporain Survival Kit qui, lancé en 2009, se déroule dans des bâtiments désertés de Riga.
«Je pense que les Estoniens sont plus technos, alors que nous sommes plus artistiques ; nous sommes reconnus pour nos groupes de musique, nos danseurs et nos chanteurs», avance Artrs Mednis, directeur général d'Inspired Digital, une agence de pub numérique établie au coeur de Riga. Si une telle assertion est difficile à prouver, elle semblait évidente lors de la nuit blanche du festival, qui mêle notamment théâtre en russe et en letton, expositions de photos ainsi que courts-métrages.
Le côté artistique de Riga, qui est cette année la capitale européenne de la culture, ne date pas d'hier. Tenu pour la première fois à Riga en 1873, le Festival national letton du chant et de la danse est unique en cela qu'il réunit sur scène des milliers de personnes chantant en choeur. Même sa start-up la plus connue, Infogr.am, a une dimension artistique. En effet, l'outil en ligne permet de convertir des chiffres en infographies au design léché.
En sortant de l'ancienne manufacture de textile ce soir-là, des représentants de Lattelecom distribuaient du thé. La société de télécommunications, un commanditaire du festival, avait aussi déployé un réseau Wi-Fi gratuit sur place.
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Wi-Fi et très haut débit
Après quelques jours à Riga, on s'habitue à se connecter aux nombreux réseaux Wi-Fi gratuits. Plutôt que de chercher un café Internet, il est plus facile d'ouvrir son téléphone et d'afficher les réseaux Wi-Fi disponibles ; si aucun d'entre eux n'est ouvert, il suffit généralement de faire quelques pas dans n'importe quelle direction pour tomber sur un réseau ouvert et gratuit.
Si de nombreux commerces de Riga exploitent leurs propres réseaux Wi-Fi ouverts, ceux de Lattelecom, une société contrôlée à 51 % par le gouvernement letton, sont omniprésents. Seulement à Riga, Lattelecom exploite plus de 1 000 points d'accès Wi-Fi gratuits. La société les a établis dans des commerces comme dans des cafés, des cinémas et des centres commerciaux, mais également dans des lieux publics, tels les parcs et les places publiques.
L'initiative n'a rien coûté à la ville ; elle est entièrement financée par la publicité : «Les gens n'ont qu'à ouvrir leur navigateur, écouter 30 secondes de publicité, puis ils peuvent se connecter au Wi-Fi durant 30 minutes, avec une vitesse de téléchargement qui leur permet de regarder des vidéos sur YouTube», explique Juris Gulbis, pdg de Lattelecom.
Ancien monopole de la téléphonie en Lettonie, Lattelecom a profité de la déconfiture du marché de la construction en 2008 pour bâtir à prix raisonnable un réseau de fibres optiques qui couvre aujourd'hui 60 % des adresses du pays. Les forfaits offerts par Lattelecom rappellent ceux de Google Fiber qui, même s'ils sont seulement disponibles dans une poignée de villes américaines, font l'envie du monde entier.
La majorité des Lettons peuvent ainsi obtenir une vitesse de 1 Gb/s, soit 200 fois la vitesse d'une connexion haute vitesse de base au Canada (5 Mb/s). Le forfait qui permet d'accéder à cette vitesse, qui vient avec la téléphonie et la télé IP, s'élève à 71,90 euros (environ 103 $ CA) par mois. Une simple connexion de 100 Mb/s, par ailleurs, ne coûte que 14,90 euros par mois.
«Si les prix des télécommunications sont aussi bas en Lettonie, c'est qu'il s'agit d'un marché extrêmement compétitif, explique Juris Gulbis, de Lattelecom. Il doit y avoir 600 opérateurs enregistrés en Lettonie, et plusieurs d'entre eux ne respectent pas forcément les règles, ce qui permet à certains d'offrir le câble pour aussi peu que 6 ou 7 euros par mois.»
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Services en ligne
Les résidents de Riga étant très branchés, il est tout naturel pour la Ville d'offrir la plupart de ses services en ligne. Qu'il s'agisse de payer ses taxes foncières, obtenir un permis pour faire des feux d'artifice ou inscrire ses enfants à l'école, les résidents de Riga se tournent vers le portail Web de la Ville.
«C'est pratique pour les citoyens, mais la quantité de paperasse dont on fait l'économie permet à la Ville d'économiser beaucoup d'argent», dit Inete Ielite, membre du conseil d'administration de la Riga Energy Agency.
Les résidents de la ville sont aussi connectés entre eux par l'intermédiaire d'un réseau social unique établi à Riga, qui bat à plate couture Facebook en Lettonie. À l'image du caractère communautaire des festivals de Riga, l'interface de Draugiem.lv favorise les interactions en dehors de son cercle d'amis immédiat. Pour plusieurs urbanistes, il s'agit là d'une caractéristique des villes les plus innovatrices qui, contrairement aux banlieues, favorisent les interactions fortuites entre leurs résidents.
> 4 000: Lattelecom, l’ancien monopole de la téléphonie, exploite aujourd’hui quelque 4 000 points d’accès Wi-Fi gratuits en Lettonie, un pays comptant à peine plus d’habitants que Montréal.
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