Les PME manufacturières qui se sont dotées d'une planification stratégique «performent nettement mieux» que celles qui n'en ont pas, selon la nouvelle édition du Baromètre industriel québécois de Sous-Traitance Industrielle Québec (STIQ). Un constat qui ne surprend pas Louis Veilleux, pdg de Métal Bernard et associé du Groupe Mundial, un regroupement de cinq entreprises de sous-traitance industrielle établies dans la région de Chaudière-Appalaches.
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«Un plan stratégique nous amène à déployer tous nos efforts vers la réalisation d'un grand objectif, souligne l'entrepreneur de Saint-Lambert-de-Lauzon. Cela apporte une croissance à l'entreprise et permet à l'entrepreneur de réaliser son rêve.»
Depuis sa création en 2004, Groupe Mundial avait fait l'exercice à quelques reprises, mais jamais aussi sérieusement qu'en 2013. «Notre vision n'était pas aussi claire et nous faisions un peu d'improvisation, se souvient M. Veilleux. Maintenant, nous avons un comité consultatif très fort, et les deux membres externes nous ont brassé la cage.»
S'en est suivi une série de rencontres en vue de déterminer les points forts, les faiblesses et les objectifs de chaque PME et de l'ensemble du Groupe.
«C'était important de faire un plan commun pour standardiser les pratiques et permettre plus de synergie entre les entreprises, qui ont des produits et des objectifs différents», dit Éric Champagne, directeur général de Beauce Caoutchouc et associé du Groupe Mundial depuis 2008. À l'été 2013, les cadres des cinq entreprises ont donc paraphé le nouveau plan stratégique. «Signer un contrat, c'est symbolique, mais c'est également significatif, indique M. Champagne. C'est un engagement à le réaliser.»
L'échéancier s'étend jusqu'en 2023, mais les trois premières années sont beaucoup plus détaillées que les suivantes. «Les marchés changent tellement rapidement, c'est difficile d'être précis sur les cibles opérationnelles à long terme, souligne l'entrepreneur. Pour la suite, ce sont surtout des objectifs de croissance.»
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Des retombées concrètes
Deux ans plus tard, l'impact de cette planification se fait sentir. «Nous avons atteint les objectifs de croissance que nous nous étions fixés, parce que chacune des étapes qui y menaient était détaillée», note M. Champagne.
«Le plan stratégique se retrouve sur le plancher chaque jour, coupé en petites bouchées faciles à avaler et pleines de goût, parce que la mobilisation est élevée», ajoute M. Veilleux. Selon les évaluations internes, le taux de mobilisation des 225 employés du Groupe atteint en moyenne 85 %, ce qui est 5 % au-dessus de l'objectif.
Un autre objectif du plan était de préparer la relève et l'expansion du Groupe Mundial. La structure d'actionnariat a été accrue pour passer de 3 à 16 associés, et deux nouvelles entreprises devraient se joindre au regroupement.
Grâce à cette planification stratégique, Beauce Caoutchouc a découvert le secteur minier. «C'est un marché dans lequel nous n'étions pas du tout présents en 2011, et en 2015, il va représenter près de 30 % de notre chiffre d'affaires», affirme le directeur général de la PME. Ce secteur a apporté son lot d'investissements en R-D, en plus de permettre le développement d'une nouvelle clientèle et de divers partenariats.
Chez Métal Bernard, la nouvelle planification s'est entre autres traduite par le partage des ressources humaines. «Nous aidons des fournisseurs et des clients en leur "prêtant" nos responsables du marketing et des embauches, précise Louis Veilleux. Et quand certains doivent faire des mises à pied temporaires, nous récupérons leurs employés dans nos équipes, et vice-versa.»
À constater l'influence positive d'une planification stratégique sur le Groupe Mundial, il est logique de penser que chaque PME en possède une. Mais la vérité est tout autre : 43 % des répondants au Baromètre industriel québécois n'ont pas réalisé de plan stratégique au cours des trois dernières années.
«Je ne peux pas lancer la première pierre, car je suis aussi passé par là, mais nous sommes tous trop occupés, note Louis Veilleux. Malheureusement, c'est probablement les dirigeants de PME qui manquent de temps qui ont le plus besoin d'un plan stratégique, parce que ça leur ferait comprendre à quelles choses importantes ils devraient le consacrer !»
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