« Le schéma industriel de notre clientèle a changé », explique Pierre Ayotte, président du Groupe DCM, qui exporte plus de 80% de ses produits et services. « Il y a eu une dislocation de la chaîne d’approvisionnement des grands maîtres d’œuvre en aéronautique, qui ont redistribué leurs partenariats un peu partout sur la planète, y compris dans des marchés qui ont un avantage compétitif sur le Québec quant au coût de la main-d’œuvre. »
En 2014, la valeur totale des exportations internationales provenant du secteur manufacturier québécois a atteint 70 milliards de dollars, soit 92,6 % du total provincial. Selon Industrie Canada, le sous-secteur le plus lucratif, la fabrication de produits aérospatiaux et de leurs pièces comptait à elle seule pour 13,6 % des exportations.
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« Pour compétitionner à l’international, il faut se démarquer en rehaussant son offre de services et en se concentrant sur les produits qui ont une très haute valeur ajoutée », poursuit le dirigeant de ce groupe formé des entreprises familiales DCM Aéronautique, qui conçoit de l’outillage d’entretien au sol à Boisbriand, et Aerospace Welding (AWI), qui répare et fabrique des composants d’appareils à Blainville.
Le groupe a choisi de développer chez AWI de nouvelles solutions de réparation de pièces et de structures qu’il fait approuver par Transports Canada. Des outils adaptés – eux aussi certifiés par le ministère – sont ensuite conçus et fabriqués chez DCM Aéronautique, puis vendus aux clients en même temps que les procédures de réparation.
Le carnet de commandes du Groupe comprend les donneurs d’ordres Airbus, Boeing, Bombardier Aéronautique et Embraer, ainsi que de nombreuses compagnies aériennes sur les cinq continents.
Augmenter constamment son offre de service
« Notre objectif est de passer de 20 à 100 millions de dollars de chiffre d’affaires en cinq ans », déclare Pierre Ayotte. Celui qui a pris les rênes du groupe il y a un an admet cependant qu’« il y a encore beaucoup à faire pour être plus compétitif à l’échelle internationale ».
« Nous devons augmenter notre offre de service de manière à être perçus par nos clients comme un intégrateur », renchérit le directeur financier du Groupe DCM, Ghislain Lefebvre. Selon lui, cette bonification passe d’abord par une intégration verticale dans le domaine de la soudure et du cintrage de tuyaux, afin de pouvoir fabriquer des pièces neuves. Même chose pour les rails de volet (flap tracks) utilisés lors du décollage et de l’atterrissage des avions. « Nous avons commencé à en fabriquer, parce qu’il nous est possible de les usiner chez DCM et d’en faire le traitement technique chez AWI », précise le directeur financier.
La PME s’intéresse également à la fabrication additive, réalisée par superposition de couches de matériau. « Nous allons annoncer une grande stratégie de partenariat avec une compagnie d’envergure mondiale pour la fabrication additive au Salon international de l’aéronautique et de l’espace, Le Bourget, en juin, révèle M. Ayotte. Je ne peux pas dévoiler les détails, mais nous allons pouvoir réparer des pièces avec une nouvelle technologie. »
S’associer au Québec pour se démarquer à l’étranger
Le Groupe DCM estime également que des partenariats locaux sont essentiels à l’amélioration de sa compétitivité. « Il faut travailler sur la régionalisation, combiner le savoir-faire et les investissements de plusieurs entreprises au Québec pour offrir un service plus complet à l’international », assure son président.
« Il faut arrêter de regarder l’entrepreneur de l’autre côté de la rue comme un compétiteur, martèle Pierre Ayotte. Ce n’est plus lui que je dois craindre, parce qu’aujourd’hui, mes compétiteurs sont en Asie, au Mexique et ailleurs. Je dois donc trouver une manière de m’associer avec mon voisin pour rehausser ma proposition de valeur. »
C’est pourquoi la PME accorde autant d’importance à l’initiative MACH d’Aéro Montréal, dont l’objectif est « d’optimiser la performance » de la chaîne d’approvisionnement aérospatiale québécoise. « Nous avons été parrainés par Bombardier Aéronautique ; en plus de nous avoir permis de travailler sur notre amélioration continue, ça a fait de nous un fournisseur important pour eux », détaille Ghislain Lefebvre. Cette année, Groupe DCM parraine à son tour l’un de ses fournisseurs, Innovatech Précision.
En 2013, Groupe DCM a aussi tiré avantage du programme Passeport PME, développé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et Québec International. « Notre participation nous a permis de prendre part à différentes foires internationales et de nous faire connaître par de gros clients », résume M. Lefebvre.
D’ailleurs, selon le directeur financier, la prochaine étape sera de réfléchir aux façons de se rapprocher de certains d’entre eux. « De nos jours, la proximité a une très grande importance : quand tu es près de ton client pour lui fournir un service, ça te donne une plus-value à ses yeux. »