Depuis deux ans, la division Thermoplast de l'entreprise Profilés de portes et fenêtres Royal réduit, récupère et recycle à fond, tout cela grâce à la mise en place d'un plan vert ambitieux. Les résultats sont impressionnants : recyclage complet des résidus de PVC, réduction de 88 % de la consommation d'eau, du tiers de l'utilisation du gaz naturel et de 10 % de l'électricité.
L'efficacité des mesures s'explique notamment par la participation de l'ensemble des 150 employés dans le processus. " En janvier 2009, nous avons mis en place un comité vert formé de six membres provenant de tous les services de l'entreprise, affirme André Touchette, président régional de Profilés de portes et fenêtres Royal. Nous avons cerné les grands enjeux sur lesquels il fallait intervenir pour améliorer notre bilan environnemental. Nous avons ensuite travaillé par projet. Chaque membre du comité était responsable d'un projet. "
Sur le plan de l'engagement, de petits gestes parlent d'eux-mêmes. " Depuis leur participation au sein du comité, deux des membres ont changé de voiture pour des modèles plus écoénergétiques, relate M. Touchette. Pour l'un des deux, cela a dû être un choix plus difficile, puisqu'il s'agit d'un adepte de voitures sportives. " Cette démarche s'inscrit dans la continuité des actions de l'entreprise, selon le président. " Nous concevons déjà des produits éconergétiques et durables, dit-il. Il était donc normal pour nous de poursuivre selon cette logique environnementale. À terme, toutes les entreprises devront entreprendre une telle démarche. "
Dresser un bilan carbone
Thermoplast s'est engagée à l'automne 2009 dans une démarche d'écoconception, chapeautée par l'Institut de développement de produits (IDP). Cette approche consiste à réfléchir aux façons de réduire l'empreinte environnementale d'un produit pour chaque étape de son cycle de vie, de la fabrication à l'élimination. C'est possible en utilisant, par exemple, moins de matières premières et moins d'énergie à l'étape de la fabrication.
" Les membres de l'équipe de Thermoplast ont suivi deux ateliers d'une demi-journée à l'IDP. Ensuite, nous leur avons offert du soutien pour les aider à analyser le cycle de vie de leurs produits et à évaluer les avantages et les inconvénients à chacune des étapes ", dit Bertrand Derome, conseiller en développement durable et développement de produits à IDP. Cette démarche a mené l'entreprise à établir le bilan carbone de ses produits de PVC à toutes les phases de la production.
Aux yeux de M. Touchette, l'écoconception répond à une tendance de plus en plus présente et favorable à l'achat de produits verts. " Les consommateurs veulent s'assurer que les produits de PVC qu'ils se procurent sont sains pour l'environnement ", dit-il.
Moins d'incidents en santé-sécurité du travail
Deux ans après le début de la démarche, les résultats sont probants. " Nous recyclons entièrement nos résidus de PVC provenant des extrudeuses qui servent à mouler les profilés ", affirme M. Touchette. Ces résidus sont ensuite transformés en fines granules et réintroduits dans le processus de fabrication.L'entreprise a réduit de plus du tiers sa consommation de gaz naturel pour chauffer le bâtiment en réutilisant, entre autres, la chaleur produite par les extrudeuses.
La réduction de l'utilisation de l'eau a eu des effets positifs sur la santé-sécurité. " La réduction du recours à l'eau a aussi réduit les fuites : les planchers sont devenus moins glissants et donc plus sécuritaires pour les travailleurs ", mentionne-t-il. En deux ans, les incidents ont diminué des trois quarts dans l'usine.
Enfin, la consommation d'électricité a été réduite de près de 10 % en remplaçant les compresseurs qui servent à sécher les pièces de PVC après leur refroidissement à l'eau par des souffleurs d'air, un appareil qui consomme moins d'énergie.
La démarche se poursuit
Thermoplast vise par ailleurs à obtenir une attestation de niveau 3 - Performance, le niveau le plus élevé du programme Ici on recycle de Recyc-Québec en 2011. La démarche de l'entreprise se veut proactive à cet égard. " Nous travaillons dès aujourd'hui à nous conformer à la prochaine loi sur le développement durable qui spécifie que, d'ici 5 ans, 70 % des résidus postfabrication devront être recyclés ", dit M. Touchette.
Pour le début 2012, il souhaite que tous les fabricants de portes et fenêtres qui font affaire avec l'entreprise récupèrent leurs résidus de PVC. Ces matières seront transformées en granules chez un recycleur et acheminées chez Thermoplast qui les utilisera dans ses profilés. Un groupe de clients participe déjà à ce programme en partenariat avec Robert Transport, et un autre groupe s'ajoutera en 2011. " Certains de nos clients ont été plus difficiles à convaincre, car cette récupération exige qu'ils fassent le tri de leurs retailles ", signale M. Touchette.
Ce tri est nécessaire afin d'exclure tous les résidus qui pourraient devenir des contaminants lors de la mise en granules, comme les morceaux comportant des coupe-froid. Enfin, un bilan environnemental sera produit concernant les quatre usines au Québec pour l'année 2010.
Toutes ces mesures sont profitables sur plusieurs plans. " Cela nous permet d'attirer et de fidéliser notre main-d'oeuvre et de réaliser des économies importantes pour ce qui est des matières premières et de notre utilisation de l'énergie ", dit M. Touchette.
UNE APPROCHE CRÉDIBLE
Grâce à son plan vert, Thermoplast veut se positionner comme un chef de file dans le secteur de la fabrication de portes et de fenêtres, selon Bertrand Derome, conseiller en développement durable et développement de produits à l'Institut de développement de produits (IDP), une organisation de Montréal.
Il croit que Thermoplast est bien placée pour atteindre ses objectifs. " Parce qu'elle compte une équipe de développement de produits, cette PME est en mesure de bien saisir les enjeux qui entourent l'écoconception et de tester, si nécessaire, les modifications apportées au produit. "
Autre point positif, poursuit M. Derome, la PME a mis dans le coup tous ses services dès le lancement de sa démarche d'écoconception. " Tout le monde travaille à l'atteinte des mêmes objectifs. "
Enfin, l'entreprise ne veut surtout pas se faire taxer de maquillage vert. " Pour y parvenir, elle tente d'obtenir des certifications crédibles pour ses produits, dit-il. Tous sont déjà certifiés Energy Star, mais, comme cette certification ne concerne que la performance énergétique, Thermoplast mène aussi des démarches pour obtenir d'autres certifications, par exemple LEED pour son bâtiment. "
Quelques chiffres
38 000: Nombre de gallons d'eau que Thermoplast consomme en moins chaque jour. La PME utilise notamment moins d'eau pour refroidir les pièces de PVC après l'extrusion. " Cela a pu se faire grâce à l'ajout d'un filtre qui a enlève les lubrifiants dans l'eau. On peut réutiliser la même eau plus de 1 000 fois ", souligne André Touchette, président régional de Profilés de portes et fenêtres Royal.
4.5% des produits sont cette année " exempts de péchés verts ", alors qu'ils n'étaient que 2 % l'an dernier, selon les conclusions de l'édition 2010 de l'étude The Sins of Greenwashing, qui vient d'être rendue publique par Terrachoice, entreprise spécialisée dans le marketing " vert " et gestionnaire du programme environnemental EcoLogo.