Ce n'est pas parce qu'un produit est vert que l'entreprise l'est aussi. AEF Global a beau vendre des biopesticides et des fertilisants naturels, cela ne l'a pas empêchée de questionner ses pratiques. De cette réflexion est né un plan d'action, il y a un peu plus d'un an.
L'entreprise, créée en 1997, se spécialise dans les produits écologiques. En 2002, deux employés, Yannick Bidon, maintenant président-directeur général, et Érik Tremblay, directeur de la production, ont repris les rênes de la PME. " Nous faisons des produits écologiques, mais nous nous sommes aperçus qu'il y avait encore matière à amélioration, explique M. Bidon. Nous avons donc décidé de structurer notre démarche. "
Tout remettre en cause
La PME s'est d'abord entourée de professionnels. Ainsi, le Centre interuniversitaire de recherche sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG) l'a aidée à étudier les conséquences de ses fertilisants sur l'environnement.
" Nous avons pris conscience que la démarche était beaucoup plus complexe que d'offrir simplement un produit vert ou qui semble l'être ", remarque le pdg de l'entreprise de Lévis. Certains produits utilisés par l'entreprise venaient d'Amérique du Sud et d'Asie. " Le transport avait un impact négatif. De plus, on connaissait rarement les conditions dans lesquelles les produits étaient récoltés. "
Ce constat a conduit les entrepreneurs à décider d'acheter localement. " Nous nous sommes associés à des pêcheries de la Gaspésie et du Nouveau-Brunswick pour valoriser les déchets de l'industrie de la pêche ", indique M. Bidon. AEF Global vend maintenant des fertilisants composés de farine d'arêtes de poissons ou de crustacés du Québec.
" Adopter les principes de l'écoconception est une démarche assez complexe ", reconnaît M. Bidon. " On analyse tout de nos produits, du bouchon à la bouteille, en passant par l'étiquette et les ingrédients. "
La PME a reçu l'aide du Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) pour la création d'un écologo qui accompagne désormais leurs produits. Le pdg croit qu'il est particulièrement important de travailler avec des consultants externes afin de valider sa démarche. " Cela nous apporte une crédibilité supplémentaire dans la mesure où, dans le domaine du jardinage, tout le monde a tendance à vouloir s'afficher vert. "
Lors d'une formation sur le développement durable, M. Bidon a rencontré Léandre Saindon, directeur de projets en écoefficacité pour Québec International. Cette agence de développement économique régionale propose entre autres des stratégies de gestion écoefficaces. Avec l'aide de M. Saindon, AEF Global travaille maintenant à la mise sur pied d'un premier rapport, question de faire le point.
" Une fois le rapport terminé, d'ici quelques semaines, nous aurons un bilan de ce qui a été fait et nous pourrons définir un plan d'action. " Le comité vert, mis sur pied il y a quelques mois, participe à l'élaboration de ce plan. Il est composé de cinq personnes , soit la moitié des effectifs de l'entreprise, qui compte 10 employés.
Des retombées tangibles
Jusqu'à présent, le plan vert a soudé l'équipe autour d'un projet " rassembleur et positif ", selon M. Bidon. Il croit aussi que ce virage assurera la pérennité d'AEF Global. En effet, le Québec possède une politique d'achat responsable. Bien qu'elle soit encore à l'état embryonnaire, cette politique fera en sorte que tous les achats du gouvernement tiendront compte du facteur de développement durable. " Les entreprises qui favoriseront cet aspect seront avantagées si elles veulent faire des affaires avec le gouvernement ", espère le pdg.
Le fait d'acheter localement n'a pas entraîné une augmentation importante des coûts d'approvisionnement, note M. Bidon. " On n'achetait pas de gros volumes, alors on ne les faisait pas venir par conteneur, ce qui était plus cher, explique-t-il. Parfois, le produit est un peu plus coûteux ici qu'à l'étranger, mais on économise sur les frais de transport. "
La réussite d'un plan vert repose sur deux éléments, selon l'entrepreneur : savoir s'entourer et avancer progressivement. " Un plan vert, ça paraît compliqué, mais il existe beaucoup de formations et d'organismes pour nous aider ", signale-t-il. Et, pour se rendre à bon port, mieux vaut commencer par un aspect simple et l'étendre progressivement aux autres services que de vouloir tout changer d'un seul coup.