Pour le fabricant de vêtements de plein air Chlorophylle, la protection de l'environnement, ça coule de source. Et cela, depuis sa fondation en 1980. De la réduction des matières premières à l'usage rationnel de son parc de véhicules, les gestes posés par l'entreprise sont concrets et efficaces, loin du maquillage vert. Petite histoire de la démarche verte d'une PME pleine de bonnes intentions.
La méthode Chlorophylle consiste à ne pas s'encombrer de paperasses, à passer à l'action et à viser à obtenir des résultats concrets rapidement, selon Marc Fournier, directeur de la logistique et responsable de l'environnement de Chlorophylle.
En matière d'environnement, la PME de Saguenay ne part pas de zéro. " Nous posons des gestes verts depuis notre fondation. Par exemple, depuis le début des années 1990, on réutilise 95 % des boîtes en carton provenant de l'approvisionnement asiatique en matériel de plein air [pour rester concurrentielle, Chlorophylle fait confectionner ses vêtements en Chine].
Nos achats de boîtes ont ainsi diminué de 8 000 à 1 000 $ par année. On a aussi été les premiers, en 1993, à concevoir des vêtements de laine polaire à partir de bouteilles de plastique recyclées. On a toutefois commencé à structurer un peu plus notre démarche en 2008", relate M. Fournier.
Un écoconseiller à la rescousse
Cette année-là, Chlorophylle a amorcé une réflexion avec l'expert écoconseiller Jean-Robert Wells, de la Chaire de recherche en Éco-Conseil de l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).Grâce à cet expert, M. Fournier a examiné ce que l'entreprise pouvait faire pour pousser plus loin sa démarche verte. M. Wells a soumis quelques suggestions : adhésion au programme ICI ON RECYCLE de Recyc-Québec, adoption d'un plan d'efficacité énergétique pour le bâtiment principal, etc. Il y avait aussi la possibilité de participer au projet Carbone Boréal que la Chaire en Éco-Conseil venait tout juste de créer.
Ce projet compense les émissions de gaz à effet de serre (GES) d'une entreprise par la plantation d'arbres en forêt boréale. Enthousiaste, l'entreprise y a toute de suite adhéré. M. Fournier avoue d'ailleurs avoir la confiance totale de la direction dans la mise en place de projets verts.
" Dès qu'un projet s'inscrit dans les objectifs verts de l'entreprise, je reçois rapidement l'aval de la direction et on va de l'avant ", dit M. Fournier qui est à l'emploi de Chlorophylle depuis 23 ans. C'est ainsi qu'en 2009, dans le cadre de Carbone Boréal, M. Fournier a calculé la quantité de kilomètres parcourus par les sept véhicules de l'entreprise (dont deux sont hybrides).
Il a par la suite déterminé la quantité de gaz carbonique émis par chacun de ces véhicules, en fonction de leur consommation respective d'essence. Enfin, il a déterminé combien d'arbres devraient être plantés pour absorber les émissions de gaz carbonique (CO2). En résumé, sept arbres captent une tonne de CO2 et il en coûte 28 $ à l'entreprise pour compenser cette tonne.
La réduction avant tout
Parmi les autres mesures mises de l'avant par Chlorophylle, le directeur de la logistique et responsable de l'environnement mentionne la réduction de matières premières. "Pour l'ameublement de nos boutiques, nous avons fait appel à un ébéniste de la région qui a fabriqué un mobilier à partir de bois de grange récupéré ", dit-il.
Devant des géants du plein air comme North Face, Columbia et Patagonia, les gestes verts posés par Chlorophylle exigent beaucoup d'efforts. " Une grande partie de ma tâche se concentre sur la logistique, et j'aimerais en faire plus pour l'environnement, avoue M. Fournier. Mais, comme pour la plupart des PME, les ressources et le temps manquent, et il faut d'abord assurer la rentabilité de l'entreprise. "
Chlorophylle, innovateur dans son secteur
Achat local, usage rationnel de ses véhicules, réduction, réemploi et recyclage... Selon Jean-Robert Wells, expert écoconseiller à la Chaire en Éco-Conseil de l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) et conseiller de l'entreprise, Chlorophylle est proactive en environnement.
" Elle tient compte des quatre pôles du développement durable [social, économique, environnemental et équité intergénérationnelle et intragénérationnelle] dans la mise en oeuvre de ses actions environnementales, et elle est très innovatrice dans son secteur d'activité, dit-il. Chlorophylle est d'ailleurs reconnue pour ses actions dans le domaine. "
Chlorophylle est toutefois à l'image de bien des PME québécoises, selon M. Wells. " Par manque de ressources, elle n'a pas de conseiller en environnement à temps plein. Elle ne peut donc pas entreprendre une démarche en développement durable aussi structurée qu'elle le souhaiterait et compiler des données [par exemple, sur la réduction de l'usage du papier] selon un rapport de durabilité ", dit-il. Chlorophylle fait toutefois connaître ses actions par l'intermédiaire de son site Internet qui est sa vitrine.
Selon M. Wells, il faut voir le cheminement de Chlorophylle comme un processus d'amélioration continue.
Les principaux bénéfices retirés d'un plan de développement durable
> Accès au financement et l'obtention de capital
> Réduction des coûts d'opération et d'exploitation des ressources
> Consolidation et le développement de marché
> Attraction et la rétention de la main d'oeuvre
> Maximisation de la productivité
> Innovation et l'apprentissage
> Fidélisation de la clientèle
> Amélioration de la gestion des risques
Source : Guide pratique du développement durable pour les entreprises du Québec, Conseil patronal de l'environnement du Québec