REER 2012. En cette période des REER, vous en êtes à l'étape cruciale où il vous faut choisir des fonds communs. L'exercice peut être périlleux, car on compte pas moins de 2 584 familles de fonds au Canada, dont la plupart se déclinent en plusieurs versions. Au bout du compte, l'épargnant doit faire un choix parmi 5 500 fonds.
Voici six éléments à considérer pour choisir les fonds qui conviendront le mieux à votre profil d'investisseur.
1 La qualité du gestionnaire
" C'est le critère le plus important ", dit Miguel Yargeau, planificateur financier chez Brassard Goulet Yargeau. Car quand on achète un fonds, on engage un gestionnaire. Et comme chez tout bon employé, on recherche certaines qualités : talent, expérience, approche rationnelle, discipline, cohérence, résultats...
" En faisant ce choix, il faut distinguer le vrai du faux. Il ne faut pas confondre publicité et résultats ", souligne Éric Landry, directeur, ingénierie financière, à la Fédération des caisses Desjardins.
Tous les fonds font l'objet de rapports réguliers, publiés sur le site Internet des sociétés de fonds. " Ces rapports nous aident à évaluer un gestionnaire, puisqu'il y exprime ses idées et justifie ses décisions, même les mauvaises ", explique M. Yargeau.
Normalement, on ne renoncera pas à un gestionnaire parce qu'il a pris une mauvaise décision. Mais s'il se trompe continuellement ou qu'il ne respecte pas son mandat, on se tournera alors vers quelqu'un d'autre.
Le gestionnaire d'exception doit travailler pour une société reconnue. Comment évaluer les sociétés de fonds ? Il faut analyser leur réputation, leur structure, la qualité de leurs services, leurs produits-vedettes, en lisant les journaux, en parlant avec des amis, en comparant les firmes entres elles.
2 Le rendement à long terme du fonds
Les résultats passés ne sont pas garants des rendements futurs. En fait, les fonds ont tendance à évoluer en dents de scie. D'où l'importance d'évaluer les résultats sur plusieurs années, au minimum trois ans.
Les fonds doivent afficher des gains de façon régulière, sans déroger ni à leur mandat ni à leurs objectifs, et exposer les détenteurs de parts à un risque raisonnable. Pour un même degré de risque, on choisira le fonds le plus performant. " Il ne faut pas exiger le rendement à tout prix, insiste Éric Landry. L'épargnant doit chercher un rendement qui lui permettra de réaliser ses projets. Malheureusement, les gens sont souvent aveuglés par les rendements, et perdent de vue la notion de risque. "
3 Les frais de gestion
Chaque fonds se décline souvent en différentes séries, qui portent chacune une lettre comme A, F et I. " Différents ratios de frais de gestion (RFG) s'appliquent parfois à une même famille de fonds, dit M. Yargeau. Or, comme le rendement qu'obtient l'investisseur est le rendement du fonds moins le RFG, cela implique qu'un même fonds peut procurer différents rendements. "
Ainsi, le fonds qui exige les frais les moins élevés aura normalement une longueur d'avance sur les autres. D'où l'importance d'obtenir cette information avant d'acheter.
Il faut toutefois se souvenir que des frais plus élevés correspondent parfois à une qualité de service supérieure. Mais avant de payer davantage, il faut s'assurer que c'est bien le cas. " On voit parfois des fonds demander des frais de 2 % alors qu'ils se contentent de reproduire le rendement d'un indice ", dit David Poliquin, spécialiste en placements chez Brassard Goulet Yargeau.
Les ratios des frais de gestion des fonds communs d'actions canadiens oscillent entre 2 % et 2,5 %, selon Morningstar.
4 L'impact fiscal
Les fonds communs sont admissibles aux régimes enregistrés (REER, CELI, REEE, etc.), où ils bénéficient d'avantages fiscaux.
Préférablement, on doit placer dans ces régimes les fonds dont les revenus de placement sont les plus imposés. C'est le cas par exemple des fonds à rendement élevé, qui versent des intérêt élevés, ou encore les fonds étrangers, qui peuvent entraîner une taxation des dividendes étrangers.
À l'extérieur de ces régimes, M. Yargeau suggère d'acheter des fonds communs structurés en société d'investissement. " Ces fonds permettent de reporter l'impôt et de transformer des revenus d'intérêt, imposables à 100 %, en gains en capital, imposables à 50 % ", explique M. Yargeau.
5 La taille du fonds
La taille appropriée d'un fonds dépend du marché dans lequel il investit. Plus le marché sera liquide, plus la taille du fonds pourra être importante.
Par exemple, supposons une catégorie où les fonds ont en moyenne un actif sous gestion de 100 millions de dollars (M$). Si un fonds de cette catégorie créé il y a quatre ans détient un actif de 20 M$ seulement, il y a lieu de se questionner. " Normalement, on cherchera à éviter les fonds relativement petits dans une catégorie, surtout si leur actif stagne depuis quelques années ", dit Éric Landry. Pourquoi ? Parce qu'une taille importante procure des économies d'échelle. Un fonds qui a un actif élevé peut donc avoir accès à plus de ressources. Pour offrir la même chose, un fonds plus petit aura un RFG plus élevé.
Autre élément à considérer : les fortes variations d'actif sous gestion. " Si la taille d'un fonds s'accroît brusquement, on pourra se questionner quant à la capacité du gestionnaire de gérer cette croissance, dit M. Yargeau. Et si elle baisse rapidement, le fonds pourrait connaître des difficultés qu'on ignore. "
6 Le classement
Le rang quartile d'un fonds permet d'apprécier ses résultats par rapport à ceux des fonds de sa catégorie.
Les fonds sont répartis en une trentaine de catégories. Chaque catégorie est divisée en quatre parties égales : les quartiles. Si la catégorie de fonds réunit 100 fonds, chaque quartile en comprendra 25. Les fonds qui se classeront parmi les 25 meilleurs au chapitre du rendement sur une certaine période appartiendront donc au premier quartile; les 25 suivants, au deuxième quartile, et ainsi de suite.
Tout comme le rendement, il faut considérer le classement par rang quartile à long terme. " Le meilleur fonds au 31 mars 2009 ne sera pas nécessairement le meilleur au 31 mars 2010, note Miguel Yargeau. La cote sur 10 ans, cependant, est plus représentative, car il est plus difficile de faire varier une une moyenne sur plusieurs années. "
Ces classements ont le désavantage de ne pas tenir compte des facteurs qualitatifs. Ainsi, en 2007, des fonds qui évitaient les titres pétroliers se trouvaient au bas des classements. Cependant, le krach boursier de 2008 a démontré qu'ils avaient bien fait de se tenir loin de ces titres.
Il faut également prendre le temps d'analyser chaque fonds, et ne pas se fier seulement à la catégorie à laquelle il est rattaché, souligne M. Yargeau. Par exemple : le fonds CI Signature revenu élevé est classé dans la catégorie fonds équilibrés mondiaux neutres par Morningstar. Pourtant, il était composé à 27,8 % d'actions au 31 décembre dernier, par rapport à 50,5 % en moyenne pour sa catégorie.
(Texte d'origine 13 février 2011)