REER 2012. Neuf familles québécoises sur 10 ont un revenu inférieur à 100 000 $ par an. On comprend donc qu'après les couches du petit dernier et l'équipement de hockey du plus vieux, il en reste moins à investir dans le REER et le CELI. Mais lequel des deux choisir ? Voici trois critères qui doivent entrer en ligne de compte.
L'impôt actuel
Étienne est aux études. Son travail d'été lui procure 6 000 $ par an. Il a aussi un REEE qui contient 33 000 $ et dans lequel il peut piger. " Je lui ai recommandé de mettre l'accent sur le CELI, puisqu'il ne paie pas encore d'impôt ", dit Gaétan Veillette, planificateur financier chez Groupe Investors. Quand il entrera sur le marché du travail en 2014 et que ses revenus seront plus élevés, il pourra utiliser cette épargne pour contribuer au REER.
La logique est donc simple : plus le taux d'imposition est faible, plus il est avantageux de privilégier le CELI. Mais quel est le seuil critique ? François Têtu, vice-président et conseiller en placement chez Valeurs mobilières Desjardins, estime qu'il se situe autour de 40 000 $, car le taux d'imposition effectif est alors de 20 % (8 000 $ d'impôt). " Dès qu'une personne gagne ce revenu ou moins, le CELI est à considérer ", indique-t-il. Car le remboursement d'impôt à court terme du REER pourrait ne pas compenser la perte d'avantages fiscaux (prestations axées sur le revenu à la retraite) à long terme...
À l'inverse, les personnes qui touchent plus de 40 000 $ doivent opter pour le REER. " Les personnes du groupe tampon, c'est-à-dire celles qui gagnent entre 30 000 et 50 000 $, doivent cependant faire une analyse approfondie de leur fiscalité [crédits d'impôt, prestations, etc.] avant de choisir ", explique M. Têtu.
L'impôt futur
Solange, adjointe administrative dans la cinquantaine, s'est fait offrir un REER collectif par son employeur l'an dernier. " Je lui ai recommandé de ne pas prendre le REER et d'axer sa stratégie d'investissement sur le CELI, indique Charles E. Giguère, planificateur financier au Groupe Faire. Car, lorsqu'elle prendra sa retraite, elle fractionnera son revenu avec celui de son mari, qui gagne davantage. Conséquence : elle aura un taux d'imposition plus élevé que durant sa vie active. " Solange paiera plus d'impôt lors du décaissement de son REER qu'elle n'en aura récupéré lors des contributions au REER. Elle perdra donc au change...
À l'inverse, Rolland, enseignant, doit miser sur le REER. Ce quinquagénaire a pris sa retraite et reçoit une rente de 54 000 $ par an. Cependant, comme il aime exercer sa profession, il a accepté une tâche à temps plein cette année. Les 65 000 $ qu'il touchera s'ajouteront à ses revenus de pension, si bien qu'il sera imposé au taux maximal de 48,2 %. Dès qu'il cessera de travailler, son taux d'imposition tombera à 38,4 %. " Rolland, qui a 48 000 $ de cotisations au REER inutilisées, devrait même emprunter pour contribuer à son régime ", estime Gaétan Veillette.
Le revenu
Anne, une retraitée de 75 ans, retire de l'argent de son FERR depuis quatre ans. Ces retraits forcés ont augmenté ses revenus annuels à près de 65 000 $, ce qui est bien plus que ce dont elle a besoin pour vivre. Depuis 2009, elle place 5 000 $ par an dans son CELI, car elle n'est plus admissible au REER, son régime étant fermé aux nouvelles contributions. Toutefois, même si son régime était ouvert, elle ne pourrait pas y contribuer, car elle ne touche ni un revenu d'emploi ni un revenu d'entreprise, critère d'admissibilité au REER. Quant au CELI, il suffit d'avoir 18 ans ou plus pour pouvoir y contribuer.
39 %
Pourcentage de Canadiens âgés de 18 à 34 ans qui détiennent un REER. Il s'agit du plus faible résultat depuis près d'une décennie. Cette proportion s'établissait à 44 % en 2009, indique un sondage mené par RBC.
(Texte d'origine 5 février 2011)