REER 2012. J'ai un portefeuille REER de 97 000 $ et un CRI (compte de retraite immobilisé) de 135 000 $. Mes revenus sont insuffisants pour me permettre d'économiser davantage. Je gagne 40 000 $ par année et cela suffit tout juste à couvrir mes dépenses. Mon conseiller m'a suggéré de retirer de l'argent de mon REER afin de payer moins d'impôt à la retraite. Pour ce faire, il me propose d'emprunter 50 000 $, d'investir l'argent dans des fonds de placement à l'extérieur du REER et d'effectuer des retraits dans mon REER pour rembourser mon prêt. Ainsi, les intérêts sur celui-ci seront déductibles d'impôt et à ma retraite, l'argent que je retirerai de mes fonds de placement ne sera pas imposable.
J'hésite à faire cette transaction. D'autant plus que cette année, j'ai dû retirer 5 000 $ de mes REER pour payer des dépenses imprévues. Qu'en pensez-vous ?
- Yves
Bien que j'ignore votre âge et dans combien d'années vous comptez prendre votre retraite, je ne vois pas beaucoup d'avantages à réaliser cette transaction. Voici pourquoi.
Premièrement, n'oubliez pas que vous devrez rembourser capital et intérêts sur votre prêt. Supposons que vous empruntez 50 000 $ à un taux de 5 % et que vous remboursez ce prêt en 10 ans. La première année, vous rembourserez donc 5 000 $ plus des intérêts d'environ 2 500 $, soit 7 500 $.
Or, comme vous êtes imposé à la source sur tout retrait de votre REER, vous devrez retirer plus de 7 500 $ pour être en mesure de rembourser votre emprunt. Notez aussi qu'afin de payer le moins de retenues à la source possible, vous avez avantage à retirer moins de 5 000 $ à la fois. Ainsi, vous paierez une retenue d'impôts de 10 % au fédéral (soit 500 $ dans votre cas), alors qu'au Québec, la retenue est la moitié de celle au fédéral, plus une retenue de 16 %. Pour un retrait de 5 000 $, cela équivaut donc à une retenue de 1 050 $ au provincial (la moitié de 500 $ + 16 % de 5 000 $). Il vous restera donc 3 450 $ par retrait de 5 000 $. Vous devrez donc retirer plus de 10 000 $ pendant l'année pour pouvoir rembourser votre prêt.
En outre, les retraits s'ajouteront à vos revenus de l'année, et gonfleront votre revenu imposable. Or, si vous êtes soumis à un taux d'imposition plus élevé, votre facture d'impôts augmentera de façon appréciable. De plus, sachez que les intérêts payés sur le prêt ne seront que partiellement déductibles. Au Québec, les frais financiers que vous pouvez déduire ne peuvent pas dépasser vos revenus de placement. Ce n'est pas le cas au fédéral, qui vous permettra, au taux marginal d'impôt de 12,5 %, d'épargner 312,50 $ si vous payez 2 500 $ d'intérêts par année.
Je ne vois donc pas un grand avantage fiscal, compte tenu des coûts liés à cette transaction. Il est vrai qu'en retirant immédiatement l'argent du REER, vous pourrez faire ce que vous voulez avec ce capital sans que cela ait une incidence sur le plan fiscal (outre les gains en capital). Mais en quoi cela vous aide-t-il actuellement ?
Comme vos revenus sont à peine suffisants pour couvrir vos dépenses, votre priorité devrait être de tenter d'augmenter vos entrées de fonds ou de diminuer vos dépenses, ou un mélange des deux. Ce que le projet de votre conseiller ne considère pas du tout !
En fait, son projet est sensé surtout si vous croyez que votre taux d'imposition sera plus élevé à la retraite que maintenant. Si ce n'est pas le cas, vous avez peu à gagner à retirer immédiatement de l'argent de votre REER.
(Texte d'origine 21 août 2010)