Après le plongeon boursier de 2008 et la récupération spectaculaire de 2009 et 2010, votre portefeuille a peut-être perdu son équilibre. Il est sage de le remanier si les fluctuations des marchés ont fait dévier de 5 à 10 % de leur barème d'origine la part que devraient occuper différentes catégories de fonds dans votre portefeuille. Voici les suggestions de 10 experts.
Avec le S&P 500 et le S&P/TSX qui ont rebondi de 99 % et 86 % respectivement depuis bientôt trois ans, il y a de bonnes chances que certains portefeuilles soient déséquilibrés.
La part des actions et des actifs tangibles (denrées et immobilier) est peut-être passée de 60 à 70 % de votre portefeuille. Celui des fonds à revenus fixes de 40 à 30 %, donne en exemple John DeGoey, conseil financier principal, de Burgeonvest Bick Securities. Ainsi, la part des fonds d'actions en portefeuille a pu franchir vos balises établies en fonction de votre tolérance personnelle au risque.
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" Dans ce cas, il faut recalibrer en diminuant ses placements dans les fonds d'actions, pour redonner au portefeuille son plan de vol initial ", recommande M. DeGoey.
Ce conseil va à contre-courant de l'optimisme ambiant à l'égard des actions et du pessimisme généralisé que suscitent les obligations. Mais, " il est plus rentable à moyen terme pour l'investisseur de se plier à un rééquilibrage que de tenter de prévoir les perspectives des marchés ", dit Dan Hallett, directeur de HighView Financial Group.
Deux possibilités s'offrent à l'investisseur. Il peut transférer une partie de ses avoirs des fonds d'actions aux fonds d'obligations d'un même fournisseur de fonds ou investir le montant de sa nouvelle contribution dans les fonds à revenu fixe, dans les proportions définies par les balises du portefeuille, suggère Al Kellett, analyste en fonds chez Morningstar Canada.
Encaisser des gains dans les fonds sectoriels
Les investisseurs commettent souvent l'erreur de réinvestir dans les fonds qui se sont le plus appréciés récemment, soutient Fabien Major, conseiller en sécurité financière et fonds d'investissement, chez Major Gestion d'Actifs. Au contraire, leur réflexe devrait être d'élaguer les fonds qui ont le plus gagné et de déplacer leur capital vers ceux qui traînent de la patte, dit-il.
Il ne s'agit pas ici de tourner le dos aux fonds performants, car la conjoncture peut leur être encore favorable. Toutefois, il est toujours sage de profiter d'une période d'appréciation pour ramener leur poids à leur répartition d'origine. La reprise boursière a notamment donné beaucoup de tonus à certaines catégories de fonds sectoriels en 2010. Les fonds de ressources naturelles, de métaux précieux et de PME canadiennes ont grimpé de 20 à 57 %, l'an dernier.
Les fonds de revenus, les fonds de titres à rendement élevé ainsi que les fonds immobiliers ont aussi nettement surclassé le rendement de la Bourse en 2010, parce que les investisseurs s'y sont rués à la recherche de distributions régulières et de solutions de rechange aux maigres taux d'intérêt.
" Nous réduisons la proportion de ces fonds plus volatils pour qu'ils reprennent leur position de départ ", dit Michel Marcoux, président d'Avantages Services Financiers.
" Les fonds immobiliers sont intéressants si on est disposé à accepter que leur rendement futur se limitera surtout à la distribution ", ajoute M. Major.
" Je ne placerais pas d'argent frais dans les fonds immobiliers ", suggère pour sa part Dave Paterson, président de Paterson and Associates.
Diversifier à l'étranger
La Bourse canadienne et le huard brillent depuis presque 10 ans. Le moment est donc opportun d'investir davantage dans les fonds d'actions américaines, internationales ou mondiales, recommandent la plupart des conseillers. " Le Canada est déjà placé sur un piédestal. Cela m'indique que les rendements futurs ont de meilleures chances d'être supérieurs à l'étranger au cours des prochaines années ", dit Dan Hallett, de HighView Financial Group.
L'investisseur profite ainsi de la force de notre devise pour acheter des fonds étrangers à bon prix. De plus, celui-ci pare à la possibilité que l'avancée canadienne se renverse à l'avenir et remédie à la surconcentration de la Bourse canadienne, soutiennent tour à tour les experts.
D'ailleurs, les ressources naturelles comptent à elles seules pour la moitié de la valeur de l'indice S&P/TSX, précise Hélène Gagné, de PWL Capital.
" Plus que jamais, la diversification internationale est nécessaire. Un investisseur qui le désire peut se protéger des fluctuations des devises en divisant ses placements également dans des fonds qui neutralisent l'effet du change à l'aide de produits dérivés et des fonds qui ne le font pas ", ajoute Hélène Gagné, associée de PWL Capital.
Mieux vaut échelonner ses placements dans les marchés émergents
Les perspectives des marchés émergents et la meilleure stratégie à adopter ne font pas consensus parmi les conseillers.
Si leur forte appréciation des dernières années fait en sorte que leur poids dépasse 5 % d'un portefeuille prudent et 10 % d'un portefeuille audacieux, il est avisé d'encaisser une partie de ses gains, recommande M. Paterson, de Paterson and Associates.
Les marchés émergents offrent encore du potentiel à long terme en raison de leur croissance supérieure, de l'augmentation de leur niveau de vie et de leurs surplus commercial et budgétaire, fait valoir M. DeGoey, de Burgeonvest Bick Securities.
" Ces marchés ont moins baissé que bien d'autres en 2008. Ils ont également rebondi plus vite que les autres marchés après la crise. Cela m'indique que leur risque est comparable à celui des marchés développés, tout en offrant un potentiel de rendement supérieur ", dit-il. En revanche, les cours de ces Bourses ne se négocient plus à prix d'aubaine, note Mme Gagné, de PWL Capital. " Les investisseurs devraient donc étaler leurs achats sur plusieurs trimestres ", conseille-t-elle.
Les cinq meilleures catégories de fonds
31,5 % : Actions des ressources naturelles
14,3 % : Actions canadiennes
56,6 % : Actions des métaux précieux
26,1 % : Actions de PME canadiennes
13,2 % : Actions des marchés émergents
Les cinq catégories de fonds
0,1 % : Actions de la Grande Chine
2,5 % : Revenu fixe mondial
-5,2 % : Actions européennes
2,5 % : Revenu fixe canadien à court terme
2,7 % : Actions internationales
Source : Morningstar Canada, rendements de 2010