Nathalie Rodrigue dirige l’Ordre professionnel des technologistes médicaux du Québec, mais c’est pour son engagement à titre de présidente de la Coalition priorité cancer qu’elle est lauréate des prix des femmes d’affaires du Québec du Réseau des femmes d’affaires du Québec (RFAQ) dans la catégorie Bénévole fortement engagée. Les deux fonctions ne sont toutefois pas si éloignées l’une de l’autre. « En tant que technologiste, on reçoit un tube de sang pour analyse, mais cela ne se résume pas à ça, c’est un patient avant tout. Et quand on observe des cellules cancéreuses, c’est toujours un choc », confie-t-elle.
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C’est d’ailleurs en tant qu’organisme membre que l’ordre professionnel que Nathalie Rodrigue dirige depuis 2007 s’est engagé auprès de la Coalition Priorité Cancer. « 85 % des diagnostics et des suivis thérapeutiques effectués par les médecins sont basés sur les analyses de labo effectuées par les technologistes médicaux. »
Comme plusieurs personnes qui s’engagent dans la lutte contre le cancer, elle est aussi touchée personnellement par la maladie, puisque plusieurs membres de son entourage en ont été atteints. « Quand on a un proche atteint du cancer, on observe des situations qui n’ont ni queue ni tête dans le réseau de soins de santé », dit-elle, citant l’exemple d’un proche décédé des suites d’un cancer des os diagnostiqué trop tard, parce que son médecin pensait qu’il s’agissait d’arthrite. « Les médecins ne sont pas tous sensibilisés de la même façon », déplore-t-elle.
Alors que les fondations pour la recherche sur le cancer se font concurrence auprès des donateurs, la Coalition Priorité Cancer se donne un tout autre mandat : prendre la défense des patients. « Nous travaillons pour une meilleure accessibilité aux soins, pour des diagnostics rapides, pour de meilleurs soins de proximité, pour le droit de se déplacer pour recevoir des soins, et aussi pour les proches aidants », résume Nathalie Rodrigue, laissant tomber une statistique troublante : « 30 % des proches aidants meurent avant le proche qu’ils aident ». La qualité des soins était une priorité pour elle, bien avant qu’elle prenne la direction d’un organisme de défense des patients. « C’est ce souci du bien-être des patients qui m’a attirée à l’ordre professionnel plutôt que vers d’autres types d’organisations. Les gens qui se demandent “pourquoi j’en ferais plus ?”, ça ne m’intéresse pas », dit-elle.
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Si son engagement public semble naturel aujourd’hui, il n’en a pas toujours été ainsi. L’engagement public de Nathalie Rodrigue a commencé quand elle devenue présidente du Conseil multidisciplinaire du CHUQ, un peu par hasard. « Une collègue est venue me chercher au milieu de la nuit. Le Conseil avait besoin d’une présidente, et quelqu’un a pensé à moi. J’ai dit oui ! Quand je suis arrivée à la première réunion, je ne savais même pas comment fonctionnait un ordre du jour ! », explique celle qui a vite appris et qui a rapidement pris goût à faire changer les choses.
Même quand ça ne fait pas l’affaire de tout le monde. « Il y a deux écoles de pensée, croit-elle, l’une avec des gens qui veulent que ça fonctionne, et l’autre avec ceux qui ne veulent pas changer leurs habitudes ». Devinez à laquelle de ces deux écoles Nathalie Rodrigue appartient?
La personnalité qui l’inspire
Malala Yousafzai, militante des droits des femmes pakistanaises, et David Suzuki : « Ce sont des gens qui vont de l’avant contre vents et marées, même si c’est difficile et même s’ils ont des opposants. Ils m’inspirent beaucoup, car ils visent grand. Il faut se comparer avec les meilleurs. Est-ce qu’on peut être dans le peloton de tête et se contenter de ne pas être les pires ? »
Son plus grand défi
« En 2009, quand le gouvernement a annoncé la reprise des analyses pour les marqueurs du cancer du sein, ça a généré la panique chez des femmes qui avaient passé des tests. Le ministère disait qu’il rappellerait seulement les femmes qui avaient eu des résultats négatifs, mais nous avons insisté pour que toutes les femmes soient rappelées, pour éviter qu’elles restent dans le doute. J’ai dû donner 80 entrevues en un mois à cette époque-là ».
Le projet qui l’allume
« Le 3 novembre, nous présentons un symposium sur les cancers rares, parrainé par l’astronaute Steve MacLean. Et dans les prochains jours, nous interviendrons auprès du gouvernement au sujet du projet de loi 10, qui modifie l’organisation et la gouvernance du réseau de la santé. Nous voulons convaincre le ministre responsable de créer un comité national de patients pour assurer que les réformes proposées tiennent en compte l’intérêt du patient ».
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