Épargner pour la retraite tout en étant entrepreneur n'est pas une mince affaire. C'est du moins l'avis de Romain Gagnon, fondateur et dirigeant du Groupe DynaVision, expert-conseil en développement technologique, et copropriétaire de la boulangerie organique La Fournée Inewa. " Épargner pour la retraite, c'est loin d'être évident. Nos financiers et nos partenaires s'attendent à ce que nous investissions beaucoup d'argent dans notre entreprise, qui devrait normalement rapporter davantage que la Bourse. "
Cette année, le quadragénaire a placé pour la première fois de l'argent dans un REER - un montant de 50 000 $ - après avoir cédé une partie de ses parts dans DynaVision à Grande Armée Conseil. " Je compte surtout sur la vente de mes entreprises pour financer ma retraite. Et comme leur valeur dépend des résultats, je veille à ce que les affaires aillent bien ", explique-t-il.
Le scénario est classique. " Étant aux commandes d'une entreprise qu'il a bâtie, l'entrepreneur a confiance," indique Daniel Gladu, planificateur financier à la Banque de Montréal. Aussi, il ne sent pas le besoin de placer de l'argent pour investir dans un REER, un CELI ou des actifs immobiliers. Résultat : lorsqu'il arrive à la retraite, son actif le plus important est généralement la valeur de son entreprise.
Mais contrairement à un salarié, le financement de la retraite de l'entrepreneur repose sur ses épaules. Il doit donc avoir une stratégie de sortie. " Cette stratégie vous permettra de maximiser les retombées fiscales, d'assurer que les redevances futures vous seront versées et de vous conformer aux aspects légaux ", dit Gaétan Veillette, planificateur financier chez Groupe Investors.
Réduire les risques
Par ailleurs, le fait d'avoir tous vos oeufs dans le même panier comporte des risques élevés. Un moyen facile de diversifier ses actifs est d'investir dans un REER, un CELI ou un autre instrument de placement. " En autant de ne pas détenir les actions de votre entreprise ", précise M. Gladu.Achetez plutôt les actions d'entreprises avec lesquelles vous n'avez aucun lien, des obligations, des certificats de dépôt, etc. Et assurez-vous que ces placements correspondent à votre profil d'investisseur. " Comme vous prenez de grands risques avec votre entreprise, il est souvent sensé de sécuriser votre épargne en achetant des titres à revenu fixe ", souligne M. Gladu.
Si l'épargne-retraite est au coeur de cette diversification, assurez-vous de sélectionner le bon instrument. Prenez le temps de choisir entre un régime de retraite individuel (RRI), un REER ou un CELI. " Ce choix est complexe, rappelle M. Gladu. Il faudra souvent faire appel aux services d'un actuaire et faire de nombreux calculs pour déterminer quelle est la meilleure solution. Chose certaine, une entreprise dont les activités sont très cycliques devrait éviter de mettre en place un régime de retraite individuel (RRI), qui l'obligera à contribuer lors des périodes creuses. "
Enfin, pour protéger vos biens personnels d'une possible défaillance de votre entreprise, vous pourriez trouver judicieux de vous éloigner de la propriété véritable. " Pour ce faire, vous pouvez créer une fiducie familiale ou une compagnie de gestion qui détiendra les parts à votre place, dit M. Gladu. Vous conserverez le contrôle de votre entreprise, mais indirectement. "
L'assurance : l'alliée du patron
Par ailleurs, avoir une protection d'assurance appropriée à ses besoins est essentiel à la prospérité de son entreprise. " Il existe trois grandes familles de risques : les dommages que pourrait subir votre entreprise en cas de sinistre, les dommages qu'elle pourrait causer aux autres, et, enfin, les malchances (par exemple : maladie, invalidité, décès) qui pourraient frapper le personnel clé ", précise M. Veillette.
Pour dormir sur vos deux oreilles, prenez soin d'acheter les assurances indispensables et d'avoir une protection adéquate.
Employez aussi des stratégies pour maximiser les retombées financières. " Par exemple, dans le cas de l'assurance vie, vous pourriez opter pour un scénario où chaque actionnaire souscrit personnellement à une assurance sur chacun de ses homologues, souligne M. Veillette. Au décès d'un actionnaire, les autres bénéficieront ainsi, en franchise d'impôt, de la prestation versée par l'assurance. "