Permettre aux employés les plus âgés de s'adonner au sport ou au bénévolat, de prendre soin d'eux, de s'occuper d'un parent malade ou des petits-enfants... C'est ce que la Banque Royale avait en tête en créant, il y a sept ans, son programme de retraite progressive.
Ce régime s'ajoutait à un éventail d'outils mis en place trois ans auparavant (télétravail, partage d'emploi, achat de vacances supplémentaires et congés sabbatiques), afin de donner plus de souplesse au personnel.
Malgré sa bonne volonté, la Banque Royale a accouché d'une souris, car le programme est très restrictif.
Pour y participer, l'employé doit compter au minimum 10 ans de service continu, travailler à temps plein au moment de faire sa demande et être âgé d'au moins 55 ans à la fin de la période de retraite progressive.
" Il doit aussi accepter de prendre sa retraite à la fin de cette période, la date étant déterminée d'avance selon des critères précis ", note Raymond Chouinard, porte-parole de l'institution.
En fait, la période de retraite progressive ne peut être inférieure à trois mois. Sa durée ne peut pas dépasser un mois par année de services. Ainsi, un employé qui a 30 années de service et qui fait une demande de retraite progressive à 61 ans prendra sa retraite au plus tard à 63 ans et demi. (61 ans + 30 mois).
Approbation officielle
Même en remplissant toutes ces conditions, l'employé doit encore obtenir l'approbation du service des ressources humaines. " À ce stade, on évaluera s'il est possible de remplacer l'employé, si du personnel suppléant avec des compétences équivalentes peut être trouvé ", explique M. Chouinard." La retraite progressive est donc accessible à une majorité d'employés, mais pas à tous ", nuance-t-il. Car la réduction des heures travaillées ne doit pas avoir de conséquences négatives sur les résultats de l'institution. Or, à cause de la nature de leurs tâches, plusieurs employés ne peuvent être remplacés.
Résultat : " La retraite progressive demeure le choix d'un très petit nombre d'employés, admet M. Chouinard. En raison du vieillissement des baby-boomers, elle devrait être plus populaire dans l'avenir. "
Répercussions pour l'employé
En plus des obstacles pour l'obtenir, la retraite progressive comporte des inconvénients. Avant d'entreprendre des démarches, l'employé devra donc bien évaluer cette décision.
En optant pour la retraite progressive, il perdra la possibilité de recevoir une indemnité de cessation d'emploi. De plus, les heures travaillées en moins réduiront d'autant son salaire et sa prime au rendement.
" Par contre, si l'employé a 60 ans ou plus et baisse son salaire de 20 %, il pourra demander une rente anticipée à la Régie des rentes du Québec ", dit M. Chouinard.
Et puis, les programmes d'épargne et de retraite offerts par la Banque Royale, qui y contribue à hauteur de 50 %, ne seront pas modifiés par la retraite progressive. L'employé pourra continuer de cotiser au même niveau qu'il le faisait auparavant, dit le porte-parole de l'institution financière. Les autres avantages sociaux, comme l'assurance maladie et les vacances, sont inchangés.
Conséquences pour l'employeur
La mise en place du programme de retraite progressive n'est pas sans alourdir la gestion du personnel de la Banque Royale. Il faut évaluer les dossiers, trouver des remplaçants, etc. Mais en dépit de cette charge accrue, Raymond Chouinard estime que les retombées sont positives.
" Dans certains cas, la retraite progressive permettra d'embaucher un remplaçant à temps partiel et de le préparer peu à peu à prendre la relève, précise-t-il. Elle permettra aussi de garder plus longtemps des employés qui, autrement, auraient pris leur retraite. Enfin, le programme semble avoir des conséquences sur la motivation et la fidélisation des employés. "
Autant d'éléments qui ont des répercussions positives sur la productivité de l'institution financière.