Sylvain Côté et François Longpré, deux amateurs de cuisine avoués, ont réussi à transformer leur passion pour l'art culinaire en succès commercial.
" C'est à la base de notre projet ", dit Sylvain Côté, diplômé de l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec et titulaire d'un certificat en gestion d'entreprises de HEC Montréal. " Je n'applique pas ce que j'ai appris à l'école... C'est la passion et l'instinct qui ont pris le dessus sur toutes les notions de marketing et de rendement que j'ai étudiées ", précise celui qui a été longtemps consultant en informatique avant de se lancer dans l'aventure entrepreneuriale en 2002.
" On arrivait au début de la quarantaine et on avait le goût de faire autre chose ", explique François Longpré, qui a pour sa part délaissé son métier de comédien pour transformer son amour de la gastronomie en gagne-pain.
Un parcours planifié
Dès le lancement de l'entreprise, après avoir laissé mijoter le concept pendant deux ans et y avoir consacré toutes leurs économies, ils avaient déjà un plan d'affaires bien établi. Les Touilleurs, ce serait d'abord une boutique, à laquelle s'ajouterait une cuisine pour offrir des ateliers à la clientèle, puis une émission de télévision.
" Notre parcours était planifié dès le départ ", dit M. Côté. " Et on voulait en faire un lieu de partage et d'apprentissage ", ajoute M. Longpré, en précisant que la boutique new-yorkaise Dean & Deluca et la chaîne américaine Williams-Sonoma ont été des sources d'inspiration. Sans oublier le magasin Arthur Quentin, l'un des premiers commerces montréalais à offrir des articles de cuisine de qualité et qui existe encore 30 ans après sa fondation.
Les Touilleurs se veut aussi un commerce sans compromis. Vous n'y verrez pas de présentoirs commerciaux qui sont souvent imposés par les manufacturiers, ni d'emballages ou de publicités des grandes marques.
" L'objet prend toute la place ", note M. Côté. Un choix qui permet à l'équipe des Touilleurs de " mieux contrôler l'aspect visuel et de créer nos propres étalages ", ajoute M. Longpré.
Place au design
On ne passe pas devant Les Touilleurs sans y jeter un coup d'oeil. Ses immenses vitrines et son décor lumineux sont même une invitation à pousser la porte de cette boutique spécialisée en accessoires de cuisine qui a pignon sur la rue Laurier Ouest, dans le quartier montréalais du Mile End.
Dès qu'on y entre, on est plongé dans un espace blanc, spacieux, qui a de quoi séduire les foodies. On y découvre, posés sur des tables et buffets, une grande sélection de chaudrons, poêles, salières ou poivrières et autres accessoires de cuisine de renom, pour la plupart importés d'Europe. On y trouve aussi des articles de cuisine en bois et en céramique d'artisans québécois.
Il y a également des livres de cuisine, mais pas ceux à la mode, et une ardoise de grande taille qui, ce jour-là, affichait une recette du chef pâtisser Patrice Demers. Sans oublier le personnel qui se fera un plaisir d'engager la conversation afin de bien conseiller le client, dont il connaît souvent même le prénom. Le tout, agrémenté de musique et, selon l'heure, d'odeur de gâteaux fraîchement sortis du four.
" On a voulu créer un lieu distinct et convivial pour les amoureux de la cuisine. On souhaitait que les gens entrent comme s'ils étaient chez eux, pas comme dans un magasin ", dit M. Longpré.
Mission accomplie : en 2009, Les Touilleurs a obtenu le Global Innovator Award, consacrant le commerce comme l'un des cinq plus beaux concepts de boutiques de cuisine du monde. " Que notre entreprise ait été choisie parmi des dizaines de boutiques dans le monde nous rend très fiers ", assure M. Longpré. Les Touilleurs a aussi remporté le prix du Détaillant de l'année au Canada en 2004, de même que le Grand Prix du Jury de Commerce Design Montréal en 2003.
Le marketing du bouche à oreille
En très peu de temps, Les Touilleurs a réussi à se faire un nom. Et sans dépenser une fortune en marketing. " On n'a pas acheté souvent de pub ", admettent les entrepreneurs. Le passé de comédien de François Longpré a été un atout. Ses contacts et ses talents de communicateur lui ont permis de participer à des émissions de radio et de télé. Le bouche à oreille a fait le reste.
L'engouement pour les ateliers culinaires et une émission de télévision, en ondes sur ARTV depuis août 2010, a aussi grandement contribué à faire connaître l'adresse.