Stephen Authier, le pdg d'ASDR, une PME de Malartic qui offre des services en environnement, en génie, et fabrique des équipements spécialisés dans les domaines minier, forestier et industriel, prévoit embaucher de 40 à 50 personnes en 2015 : des soudeurs, des machinistes, des ingénieurs, des techniciens en traitement des eaux, des chimistes qui s'ajouteront aux 150 employés déjà en place.
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Connaissant les difficultés de recrutement en Abitibi-Témiscamingue, l'entreprise est également en train d'analyser la situation de l'emploi dans toutes les régions du Québec afin de cibler celles qui ont le taux de chômage le plus important. «On a déjà prévu d'aller chercher du côté du Lac-Saint-Jean où il n'y pas beaucoup de travail ces temps-ci», explique Stephen Authier.
Il faut dire qu'à Malartic, qui compte 3 300 habitants, «le bassin de main-d'oeuvre est petit» et certains experts sont carrément absents, comme les agronomes ou les techniciens en traitement des eaux. De plus, «on arrive à faire venir des jeunes, mais au bout de quelques années d'expérience, ils veulent retourner dans les grands centres urbains», déplore Stephen Authier. Il assure néanmoins avoir un bon taux de rétention, avec un roulement inférieur à 5 %.
Cliquez ici pour consulter le dossier PME: Forces d'attractionUn enjeu stratégique
La main-d'oeuvre est un enjeu stratégique pour ASDR, qui a connu une croissance de 48 % en 2013 et est passée de 90 à 150 employés en deux ans. L'augmentation de l'activité a été telle que l'entreprise, qui compte trois divisions - ASDR Fabrication, Ingénierie et Environnement - y a même mis un frein en 2014, le temps «d'affermir nos bases et structurer nos processus», explique l'entrepreneur, qui prévoit de recommencer à chercher de nouveaux marchés dès 2015, d'où les prévisions d'embauche.
Cette croissance est due à l'acquisition, en 2012, de Terratube, une entreprise de Québec de 12 personnes, spécialisée dans le traitement des eaux pour des municipalités. Elle est aussi liée à l'élargissement de sa gamme de services, notamment un service d'installation et de gestion des équipements dans la section fabrication et un service d'électricité dans la division ingénierie .
L'entreprise a décroché plusieurs gros contrats, entre autres la construction souterraine du projet Éléonore de Goldcorp, ou encore la gestion et le traitement de l'eau industriel du projet Renard de la mine de diamants Stornoway.
En 2015, ASDR devrait renouer avec une croissance forte estimée à 25 %, grâce à la poursuite de l'élargissement de ses activités. «Nous ne sommes pas arrivés à maturité, nous sommes encore dans une phase de croissance rapide.» Dans ce contexte, le recrutement de la main-d'oeuvre est un défi important dans des secteurs qui sont cycliques, ce qui impose une difficulté supplémentaire.
Cliquez ici pour consulter le dossier PME: Forces d'attractionAvantages sociaux
Pour s'assurer de retenir ses troupes, le pdg ne lésine pas sur les moyens. Il remet régulièrement en cause sa stratégie de façon à l'améliorer. Une stratégie mise en place dès 2007, soit un an après l'achat du premier maillon de l'entreprise, alors que le boom minier battait son plein et que les employeurs locaux s'arrachaient la main-d'oeuvre. «Nous sommes une entreprise de services, donc nous ne pouvions pas concurrencer les grosses minières lors des pics d'activité. On a dû trouver autre chose», résume Stephen Authier.
L'entreprise a ainsi mis en place une gamme complète de mesures, qui comprend des avantages sociaux, un club social, des rabais dans différents magasins, une fête à Noël, un dîner offert aux employés toutes les deux semaines, des abonnements aux théâtres de la région, des billets de hockey. De plus, les dirigeants veillent à rester accessibles et attentionnés. Pour s'assurer que sa stratégie est toujours bonne et adaptée à son personnel, ASDR fait affaire avec un consultant en ressources humaines qui rencontre les employés régulièrement.
«En région, on est obligés d'en faire plus que si on était dans un grand centre urbain. Par exemple, on paie notre personnel plus cher d'environ 8 $ à 10 $ de l'heure qu'à Montréal à expérience égale», dit le pdg. L'entreprise compte également certains employés qui vivent en ville, mais viennent travailler sept jours et retournent chez eux sept jours.
Miser sur la formation
ASDR forme actuellement six soudeurs en interne. Ceux-ci pourront décrocher un titre professionnel à l'issue de leur formation, puisque ce sont des formateurs agréés qui assurent la formation, à la suite d'une entente entre l'entreprise et un établissement de la région (en partenariat avec le Centre local d'emploi). Ils se déplacent pour venir donner les cours et cela, deux fois par semaine ! «On manquait beaucoup de soudeurs. On paie donc nos journaliers intéressés par le métier pendant la formation. Le fait qu'ils obtiennent un diplôme est important, car cela prouve qu'on investit en eux et ça leur donne un sentiment d'appartenance fort», souligne Stephen Authier, qui prévoit déjà organiser une deuxième formation sur le même modèle, mais en usinage cette fois.
Pour les expertises plus pointues notamment en génie, ASDR a assuré ses arrières en entrant dans le capital à hauteur de 20 % de la firme de génie DWB, qui emploie une cinquantaine de personnes à Montréal et Saint-Sauveur. «Ainsi, on peut avoir des ingénieurs sans devoir les faire venir à Malartic», se réjouit Stephen Authier.
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