SIM, de Shawinigan, offre des services de formation en santé et sécurité, mais surtout une suite logicielle permettant aux donneurs d'ouvrage de gérer la qualification de leurs sous-traitants et fournisseurs. Un outil utilisé désormais partout dans le monde.
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D'abord spécialisée dans les services de formation offerts aux entreprises, SIM a vu le jour en 1972. Elle appartenait alors au Collège Shawinigan. L'entreprise a été partiellement privatisée en 1999, après avoir été déficitaire pendant quelques années. Son chiffre d'affaires avoisine les 10 millions de dollars. L'an passé, elle a connu une croissance de 7%. Cette année, elle prévoit au minimum 25 % de croissance, en grande partie grâce à l'exportation hors Québec. Elle compte aujourd'hui une centaine d'employés.
Le succès de SIM est venu en grande partie d'une décision prise au début des années 2000 par l'actuelle pdg, Chantal Trépanier. Constatant que les formations se multipliaient, elle a décidé de définir les meilleurs éléments de chacune et de standardiser le tout. Une solution gagnant-gagnant pour les donneurs d'ouvrage comme pour les sous-traitants. Les premiers ont vu leurs coûts de formation diminuer. Les seconds ont augmenté leur attrait pour les donneurs d'ouvrage. Puisque la formation des travailleurs des sous-traitants était reconnue par un grand nombre de donneurs d'ouvrage, il leur était plus facile de se qualifier.
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Voyager avec ses clients
Cette standardisation a mené à la création de ce qui est devenu le produit phare de SIM, le logiciel de gestion de la sous-traitance Cognibox. «Les donneurs d'ordres et les sous-traitants souhaitaient travailler à partir de notre base de données plutôt que d'avoir des fichiers Excel chacun de leur côté, explique Chantal Trépanier. En raison de cela, Cognibox est devenu notre produit principal, représentant la majorité de notre chiffre d'affaires, avec nos formations en santé et sécurité.»
Les clients ont apprécié. Tellement, en fait, qu'ils ont souhaité utiliser Cognibox dans des projets à l'international ou l'ont recommandé à des divisions de leur entreprise dans d'autres pays. Un mouvement institué par Alcoa, se souvient la pdg. «Le premier client pour notre logiciel Cognibox a été Alcoa, raconte-t-elle. À l'époque, l'entreprise construisait une usine en Islande et voulait y utiliser notre logiciel. C'était notre première exportation, et elle présentait d'immenses défis.»
Il a d'abord fallu adapter les cours aux normes islandaises. En outre, des différences culturelles banales ont exigé d'importantes modifications à la base de données. En effet, les Islandais classent leurs noms par ordre alphabétique de prénom plutôt que de nom de famille. Du coup, l'outil de recherche de la base de données ne pouvait fonctionner correctement. Il a aussi fallu tout traduire en islandais. Cependant, les traducteurs vers l'islandais ne courent pas les rues, surtout pas celles de Shawinigan !
Mais le jeu en valait la chandelle, puisque Rio Tinto, autre client de SIM, était aussi sur place et a aimé pouvoir utiliser Cognibox. Les expériences similaires se sont poursuivies, par exemple avec Glencorp, qui a utilisé le logiciel dans l'une de ses mines de la Nouvelle-Calédonie.
Depuis, les opérations d'exportation connaissent une croissance importante. «La proportion de notre chiffre d'affaires provenant de l'extérieur du Canada est actuellement de 7 %, et elle augmente de mois en mois», précise la pdg. Cette dernière n'est pas peu fière du fait que les opérations sont menées de Shawinigan. «C'est important pour nous que nos exportations et nos activités en général profitent à la région», poursuit-elle. Elle y tient, malgré quelques embûches liées surtout au recrutement de programmeurs et de travailleurs bilingues au service à la clientèle.
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Savoir où l'on met les pieds
Autre obstacle à l'exportation, la difficulté de bénéficier de conseils pertinents sur des éléments complexes comme l'impact de certaines politiques publiques protectionnistes américaines sur les entreprises qui y exportent, ou encore la fiscalité. «Dans certains États, la compagnie de téléphone locale bloque notre numéro 1-800, bien que l'on paie un numéro couvrant les États-Unis, note-t-elle. Il a fallu prendre un numéro 1-800 américain.»
Par ailleurs, la pression est de plus en plus forte pour que les compagnies étrangères faisant du commerce aux États-Unis y aient un bureau. Tentée, Chantal Trépanier admet être passée près de faire une erreur coûteuse, en raison de l'impact fiscal que cette décision aurait eu sur son entreprise. Quant à déchiffrer les complexes règles fiscales brésiliennes... «Après quatre ans, même avec l'aide de fiscalistes, la façon dont il faut gérer ses exportations là-bas quand on veut tout faire dans les règles et ne pas avoir de mauvaises surprises n'est pas claire», dit-elle.
Cela ne semble pas trop ralentir SIM, qui compte aujourd'hui des clients partout dans le monde, notamment aux Émirats arabes unis, au Maroc, en Hongrie et en Côte d'Ivoire.
SIM
Formation en santé sécurité
Lieu: Shawinigan
Fondation: 1972
Nombre d'employés: 100
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Conseils d'expert
Catherine Gervais, Directrice générale chez Carrefour Québec International
Défi : réussir à se positionner et à être concurrentiel
1 Implanter une culture de l'innovation
Une entreprise doit offrir des produits innovants qui se démarqueront sur les marchés extérieurs. Il doit y avoir une culture de l'innovation bien implantée dans l'organisation. Non seulement pour développer des produits qui se distinguent, mais aussi parce que les chances sont fortes que vos produits soient copiés. Il faut donc toujours avoir une longueur d'avance et renouveler son offre. Cette évolution vient souvent d'une bonne écoute des remarques des clients, qui permettent d'ajuster les produits en fonction de leurs demandes.
2 Dépasser le premier choc culturel
Il faut diversifier les marchés d'exportation, mais quand on sort de l'Amérique du Nord, les différences culturelles peuvent être grandes. Il faut prendre le temps de visiter le pays plusieurs fois, d'en découvrir la culture. Cela permet de développer des outils de communication, des cartes d'affaires ou du matériel de marketing plus adaptés. Par exemple, en Russie, les clients aiment voir beaucoup d'images. Dans d'autres cultures, les négociations commencent par des discussions où on prend des nouvelles de la famille, des amis et où on apprend à se connaître, avant d'en arriver à discuter d'affaires. Cela peut surprendre. Avoir l'appui de résidants de l'endroit peut aider à ne pas buter sur ces subtilités.
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