Après avoir atteint un sommet au Québec en 2010, l'investissement public dans les infrastructures collectives devrait fléchir à partir de l'an prochain. Les engagements annoncés par le gouvernement du Québec pour cette année sont de l'ordre de 9 milliards de dollars (G$) et diminueront progressivement à 7,5 G$ d'ici 2014.
D'ici la fin de mars 2011, au moins quatre programmes (Fonds chantiers Canada Québec, Fonds de stimulation de l'infrastructure, Programme d'infrastructure de loisir, Programme de renouvellement des conduites) auxquels le gouvernement fédéral contribuait viendront à échéance. Le ministre des Finances, Jim Flaherty, n'a pas caché le mois dernier son intention de ne pas renouveler les financements, ni de repousser les échéances.
La Fédération des municipalités du Québec et l'Union des municipalités du Québec plaident en faveur d'un prolongement de ces programmes afin de laisser plus de temps aux villes pour compléter leurs travaux et avoir droit à l'aide financière du fédéral.
Dans les bureaux d'ingénieurs, c'est la course contre la montre. " Les gens se dépêchent pour finir les travaux de renouvellement des conduites cette année, souligne Michel Lalonde, président de Génius conseil, un bureau de Montréal qui compte une quarantaine d'ingénieurs. Le programme a tardé à démarrer. "
" Tout faire en fonction d'une date butoir n'est guère réaliste et ne rend pas service à la société, déplore Johanne Desrochers, pdg de l'Association des ingénieurs conseils du Québec. Il est essentiel de prendre le temps de planifier les interventions et de réaliser des projets de qualité. Il serait préférable qu'il y ait un peu de souplesse. "
" Les gouvernements n'ont pas le choix "
Martin Choinière, vice-président, Grand Montréal, du groupe Roche, s'attend à ce que l'investissement public diminue mais demeure tout de même élevé. " Nous venons de connaître une période de pointe, mais nous ne retomberons pas dans un creux comme celui des années 1990 ", dit-il.En fait, soutient-il, les trois paliers de gouvernement n'ont pas le choix : " Ils doivent maintenir l'investissement à un niveau appréciable pour préserver les actifs. "
Des projets majeurs sont en cours ou sont prévus dans la région de Montréal : le prolongement de l'autoroute 30, la réfection des échangeurs Turcot et Dorval ainsi que du pont Champlain, auxquels s'ajoutent des projets importants dans le réseau de transport public, dont le métro et le train de banlieue.
" Je pense que l'investissement sera au rendez-vous dans le transport collectif. Le contexte a changé, fait valoir M. Choinière. Il y a des enjeux environnementaux et des enjeux d'intégration urbaine; il faut adapter notre pratique à ces réalités. "
Un fléchissement marqué de l'investissement aurait des répercussions importantes sur l'effectif professionnel. " Notre société a fait beaucoup d'efforts pour atteindre son rythme de croisière, dit M. Choinière. Les bureaux d'ingénieurs ont adapté leur offre de services et constitué de solides équipes. Il faut maintenir ces équipes, sinon nous risquons de perdre notre savoir-faire."
Baisse de l'âge moyen des infrastructures
Les milliards de dollars investis dans les routes et autoroutes, les ponts viaducs et les réseaux municipaux ont fait passer l'âge moyen des infrastructures au Canada de 17,5 ans en 2000 à 16,3 ans en 2007, selon une étude de Statistique Canada.
Toutefois, le Québec ne rattrape pas encore son retard sur le reste du Canada : l'âge moyen de ses infrastructures est passé de 18,6 ans en 2000 à 17,2 ans sept ans plus tard.
Les investissement massifs du Québec dans le réseau routier depuis 2001 ont fait baisser leur âge moyen à 15,2 ans, l'un des plus jeunes au Canada. Par contre, les ponts et viaducs du Québec étaient, à 31 ans en moyenne, les plus vieux du Canada.