Le lent démarrage de la stratégie québécoise en matière d'efficacité énergétique inquiète le Réseau des ingénieurs du Québec. Pour la période 2007-2010, le Québec n'aura pas atteint 10 %des cibles que le gouvernement avait fixées jusqu'en 2015.
" Nous traînons ", dit François P. Granger, président du Réseau, qui relance l'idée d'instituer un fonds national de l'efficacité énergétique.
" Le temps pour une initiative de ce genre est arrivé ", croit M. Granger, alors que l'opinion publique se focalise sur la mise en valeur du gaz de schiste. " Commençons par atteindre nos cibles d'efficacité énergétique. "
Le fonds national consentirait des prêts aux grands consommateurs d'énergie que sont les entreprises industrielles (40 % de la consommation d'énergie) et s'autofinancerait à long terme à partir des économies d'énergie réalisées.
L'objectif de cette initiative : accélérer le virage des entreprises industrielles vers l'efficacité en ce qui a trait à la consommation de l'énergie, en leur facilitant l'accès à un fonds d'investissement.
Près de 56 % des économies d'énergie attendues à la suite du Premier plan d'ensemble en efficacité énergétique et nouvelles technologies dressé par l'Agence de l'efficacité énergétique sont liées à des gains d'efficacité pour ce qui est des procédés industriels des équipements et des bâtiments." Les industries pourraient investir davantage et ainsi exploiter leur plein potentiel en efficacité énergétique ", dit M. Granger.
Des ingénieurs sensibilisés au développement durable
Le fonds accélérera non seulement les initiatives d'efficacité énergétique dans les entreprises, mais il sera un élément clé dans le développement d'une filière québécoise de l'efficacité énergétique, largement ouverte aux générations montantes d'ingénieurs formés et élevés dans la culture du développement durable.
Le Québec a déjà, croit M. Granger, un bassin d'ingénieurs pour ce faire. " Les nouvelles générations d'ingénieurs veulent de plus en plus travailler dans les technologies et les énergies vertes. On se retrouve avec des cohortes issues des universités, pour lesquelles il est inimaginable de travailler sans tenir compte du développement durable. "
Un fonds de 7 millions chez Cascades
Le modèle et le montage financier d'un fonds national reste à définir, mais il pourrait s'inspirer des expériences faites ailleurs dans le monde, par exemple en Thaïlande, en Alberta, au Missouri ou même au Québec, chez Cascades. En 2004, la papetière a mis en place un fonds d'investissement en énergie avec un budget de 1,4 million de dollars (M$). Au fil des projets et des économies réalisées dans les usines du groupe, le fonds dispose de près de 7 M$ et a financé 26 projets.
La réussite d'un fonds autofinancé repose sur quelques conditions essentielles : une dotation en capital suffisante au démarrage et dans les premières années d'activité qui pourrait venir du fonds vert du Québec, des prêts à taux avantageux et selon des conditions de remboursement et de crédit d'impôt liées au rendement des projets et surtout, d'une solide gouvernance.