Enfant, Gaston Déry écoutait longuement son grand-père parler d'écologie et de protection de l'environnement. " Depuis le début de ma carrière, j'ai toujours été très sensible à la protection de la planète. C'est ce qui a guidé toute ma vie ", souligne le vice-président Développement durable chez Roche, Groupe-conseil.
Sa définition de la notion de développement durable est simple. " Il faut faire du développement économique en minimisant notre empreinte écologique et en nous assurant que les gens sont heureux ", dit l'ingénieur forestier.
L'affaire de tous
Pas étonnant que Roche, qui a été la première firme de génie-conseil à se doter d'un secteur consacré au développement durable, ait fait appel à M. Déry pour intégrer ce concept à ses activités. Sa crédibilité dans le domaine est reconnue. Il s'est impliqué en faveur de plusieurs causes environnementales en plus de siéger à des comités de protection de la forêt québécoise.
Il a également été un de ceux qui a convaincu le Québec d'adopter les insecticides biologiques. Son projet de valorisation de l'Île-aux-Pommes (voir l'autre texte en page B21) a été récompensé par un Phénix de l'environnement en 2007.
L'ingénieur a aidé Roche à mettre au point des outils qui permettent aux ingénieurs de tenir compte des principes du développement durable en fonction de leur secteur d'activité. " Ces outils permettent d'incorporer les notions d'environnement, d'économie et de responsabilisé sociale dans son domaine d'activité. Le développement durable n'est pas quelque chose qu'on ajoute mais qu'on intègre à ce qu'on fait déjà ".
Trois questions essentielles
M. Déry constate que ces principes sont de plus en plus intégrés à la pratique quotidienne du génie. " Auparavant, ce n'était pas facile pour les ingénieurs d'inclure les notions de développement durable dans les projets, à cause du principe du plus bas soumissionnaire.
" Les questions de base auxquelles doit répondre tout ingénieur au début d'un projet ont changé. Il ne s'agit plus seulement de s'assurer qu'il est rentable, sécuritaire et légal. Il faut maintenant s'interroger en priorité sur son impact pour les générations futures, sa durabilité et son caractère novateur.
" Les ingénieurs sont au coeur du développement durable. Ils ont la compétence nécessaire pour évaluer les projets en fonction de cette approche. Ils ont un pouvoir d'influence. C'est un privilège, et avec tout privilège vient une responsabilité ", estime M. Déry.
Un ingénieur qui maîtrise bien ces concepts est en mesure d'expliquer à ses clients qu'ils peuvent réaliser des projets respectueux de l'environnement sans qu'il leur en coûte plus cher, en y intégrant des critères comme la durabilité et le cycle de vie.
Mieux informée, la clientèle est aujourd'hui plus facile à convaincre. Elle exige même de plus en plus que les projets respectent les principes du développement durable. " Les appels d'offres et les devis contiennent un nombre accru de clauses qui nous amènent à définir notre compréhension et notre approche en matière de développement durable. On nous demande aussi de préciser la façon dont nous allons concrétiser nos propositions pour assurer la conformité avec les politiques de développement durable du client ", dit-il.
Il reste encore du chemin à faire, mais M. Déry n'est plus seul à porter le flambeau. " La nouvelle génération d'ingénieurs est extraordinaire. Elle est brillante et elle a une nouvelle vision de sa profession grâce aux outils technologiques. En plus, elle veut améliorer le sort de la planète. Imaginez les retombées que cela peut avoir. "