Le génie répond à un vaste éventail de champs d'intérêt et de motivations chez les femmes. Des ingénieures expliquent pourquoi elles ont opté pour cette discipline.
La relève
Ève et Alice Nantel ont eu le coup de foudre pour le génie lors de camps d'été à l'École polytechnique. La visite de laboratoires, l'observation de maquettes avec ponts et eau et les montages en robotique ont été " une véritable révélation ", disent-elles.
Aujourd'hui, ces soeurs travaillent toutes deux pour la firme BPR-CSO, spécialisée en hydrologie urbaine. Elles s'intéressent aux égouts sanitaires qui, lors de fortes pluies, débordent et se mélangent aux eaux pluviales.
Ève Nantel n'est pas encore ingénieure. Tout en travaillant chez BPR-CSO, elle suit les cours qui lui permettront d'obtenir son permis. Et dire qu'au secondaire, on avait déconseillé à ses parents de l'inciter à faire des études en sciences car ses résultats scolaires n'étaient pas mirobolants.
Sa soeur Alice, âgée de 28 ans, ingénieure en hydrologie, dit apprécier le côté concret de l'ingénierie. " La plupart de mes amies sont avocates. Elles s'occupent de problèmes. Moi, je réalise des projets ", explique-t-elle.
L'experte
Pendant près de 40 ans, Francine Constantineau a exercé la profession d'ingénieur. Enfant, elle côtoyait les ingénieurs de la ville de Mercier, quand son père y était maire. Déjà, elle aimait les sciences et les mathématiques et elle souhaitait être autonome financièrement. Sa voie était toute tracée.Ses études en génie industriel l'ont menée à " optimiser " des projets : faire mieux à moindre coût. En 1986, elle crée la firme de conseil Valorex, dont les revenus atteindront le million de dollars.
À la retraite depuis quelques mois, Mme Constantineau a adoré travailler en équipe avec des ingénieurs d'autres secteurs. " Sur le plan humain, c'était très intéressant. Quand les résultats étaient publiés, c'était plaisant. "
La scientifique
Sophie Duchesne, 37 ans, professeure-chercheure à l'Institut national de la recherche scientifique, à Québec, a eu le déclic pour le génie au secondaire, lorsqu'elle suivait un cours en sciences et technologies. Après des études en génie civil, elle s'est intéressée à la gestion des réseaux d'aqueduc et d'égout, à l'alimentation en eau potable et à la collecte des eaux usées.
Sa motivation ? " Changer les choses et contribuer à rendre plus efficaces et moins coûteuses certaines méthodes de gestion. J'aime sentir que je peux améliorer la qualité de vie des gens. " Une préoccupation particulièrement présente chez les ingénieures, signale-t-elle.
La gestionnaire
Au départ, la présidente de l'Ordre des ingénieurs du Québec, Maud Cohen, se destinait à la médecine. La dissection d'animaux, dans un cours de biologie, l'en a dissuadée.
C'est un événement tragique, soit le drame de l'École polytechnique, qui a attiré son attention sur l'éventail des possibilités en génie pour les femmes. Elle se décide alors de s'inscrire en génie industriel. Pendant les 12 années suivantes, Mme Cohen a travaillé dans le secteur pharmaceutique en gestion de projets d'automatisation, puis en gestion de projets internationaux. Elle est entrée au service de la firme CGI en 2008, où elle dirige une équipe d'une trentaine de personnes.
" On dit souvent que le génie mène à tout, mais les gens ne le réalisent pas. Chaque ingénieur possède un parcours unique. La carrière se bâtit en fonction des intérêts de chacun ", souligne-t-elle.
Mme Cohen prévoit que le vieillissement de la population procurera des possibilités exceptionnelles aux ingénieurs : en génie chimique, dans la fabrication de médicaments, tout comme en génie mécanique, dans la fabrication d'orthèses, de prothèses et d'appareils médicaux.
Les grands enjeux environnementaux comme la gestion des transports, l'énergie, le développement durable et l'eau fourniront aussi leur lot de défis aux ingénieurs.