Pour plusieurs, la voiture autonome, capable de franchir de longues distances sans l'intervention d'un humain derrière le volant, est la clé de l'avenir. Ces véhicules totalement robotisés pourraient, selon les affirmations de certains constructeurs comme Nissan ou Audi, éliminer totalement les accidents mortels sur les routes et améliorer les ventes de véhicules. Une interprétation mise en doute par le professeur Michael Sivak, de l'Institut de recherche sur les transports de l'université du Michigan.
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Ainsi, selon le professeur Sivak et ses collègues, l'arrivée de voitures autonomes sur le marché pourrait contribuer à faire diminuer les ventes de véhicules neufs de 43 % par année. Cette donnée se fonde entre autres sur les habitudes de circulation actuelles des familles aux États-Unis, telles que fournies par le National Household Travel Survey, un sondage mené annuellement par la Federal Highway Administration.
«Cette conclusion tient cependant compte de plusieurs facteurs importants, notamment la capacité de la voiture autonome à revenir d'elle-même à la maison, ce qui correspond au niveau 4 de l'actuel développement, et de l'obligation d'avoir encore un permis de conduire pour tous les usagers», a expliqué le professeur Sivak par courriel.
Concrètement, une voiture de niveau 4 pourrait, après avoir conduit monsieur au bureau, revenir chercher madame à la maison pour la transporter à son tour vers son lieu de travail, ou encore accompagner les enfants à l'école. Il faut pour cela que les horaires le permettent, et la réglementation aussi. Cela aurait pour effet de diminuer le nombre de véhicules requis pour un ménage, mais aussi d'augmenter le kilométrage annuel par voiture.
Des données préliminaires
En fonction de cette prémisse, et de la mise au point d'une technologie adaptée, comme le prévoient Volvo et Ericsson pour 2040 par exemple, la vente de voitures connaîtrait une forte baisse. «Ce ne sont là que des données préliminaires cependant, car d'autres facteurs peuvent jouer un rôle. Par exemple, si la voiture est utilisée pour conduire plusieurs passagers selon des horaires différents, elle accumulera plus d'usure et nécessitera donc un remplacement plus hâtif. Un véhicule a actuellement une durée de vie moyenne de 11,6 années. Cependant, en tenant compte de l'utilisation supplémentaire, elle devrait être remplacée au bout de 6,5 ans, ce qui maintiendrait des ventes élevées», précise M. Sivak dans son étude.
Autre détail, si les «conducteurs» ne sont plus tenus d'avoir un permis de conduire, on pourrait multiplier le nombre d'usagers par deux, ce qui nécessiterait encore une fois un nombre de véhicules plus grand par résidence. «Une stratégie de covoiturage pourrait aussi influencer ces résultats», conclut l'étude.
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Et la sécurité ?
Une seconde étude du même groupe a jeté un autre regard sur les voitures autonomes, notamment au sujet de la sécurité. Ainsi, selon le groupe de recherche de M. Sivak, les voitures autonomes ne pourront jamais garantir totalement l'élimination de tous les décès.
«La prétention d'un bilan zéro fatalité est irréaliste, et selon les données, une voiture autonome n'atteindra jamais la qualité de conduite d'un conducteur expérimenté», précise M. Sivak.
Pour en arriver à cette conclusion, l'Institut de recherche a utilisé les statistiques d'accidents survenus au cours des dernières années aux États-Unis. Ainsi, selon l'étude, 80 % des accidents ayant impliqué un piéton ont été causés par le piéton ; de 1 à 4 % des accidents sont provoqués par des défaillances mécaniques ; la distance de freinage nécessaire à un véhicule pour une vitesse donnée ne variera que de quelques millisecondes selon la qualité des capteurs ; et les capteurs sont actuellement incapables d'opérer dans certaines conditions particulières, de brouillard, de neige ou de pluie.
«Tous ces éléments devront faire l'objet d'une programmation spécifique, mais ne remplaceront jamais le jugement. La réaction de l'environnement, comme un piéton ou un conducteur ivre, est imprévisible, et la programmation informatisée ne pourra jamais être complète pour tenir compte des réactions improvisées», conclut l'étude de Michael Sivak.
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