L'atmosphère est au beau fixe chez Ford du Canada, qui vient de remporter pour une 5e année consécutive le titre du constructeur ayant vendu le plus de véhicules au pays, soit près de 292 000 en 2014. C'est une augmentation de 3 % par rapport à 2013. Mais le parcours n'a pas été de tout repos. Pendant que General Motors et Chrysler se plaçaient sous la protection de la loi sur les faillites des États-Unis en 2009, Ford avait commencé trois ans plus tôt son grand ménage et la mise sur pied de sa stratégie «One Ford».
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Ce plan d'affaires, mis de l'avant par le nouveau président de Ford, Alan Mullaly, a été accompagné de coupures massives au sein de l'entreprise. À l'échelle planétaire, plus de 120 000 personnes ont perdu leur emploi (57 000 en Amérique du Nord). Depuis 2006, Ford a fermé 28 usines dans le monde, dont 17 en Amérique y compris celle de St. Thomas, en Ontario, et l'usine de Windsor Casting. Plus de 3 600 personnes ont été mises à pied dans ces deux usines.
«Neuf ans plus tard, Ford a fait la preuve que cette stratégie était la bonne. C'est pour cela que le risque va continuer de faire partie de notre avenir», souligne Dianne Craig, pdg de Ford du Canada. «L'an dernier, nous avons investi 1 milliard de dollars dans notre usine d'Oakville, qui deviendra le seul endroit de la planète à construire le Ford Edge distribué dans 80 pays», illustre-t-elle. Plus de 163 000 véhicules du modèle ont été construits sur ce site de production en 2014.
Promouvoir les nouveautés au Québec
Dianne Craig, qui a remplacé le 1er novembre 2011 l'ancien président de Ford du Canada, David Mondragon, s'exprime avec assurance. Originaire de Buffalo, dans l'État de New York, elle travaille chez Ford depuis 1986. Avant de prendre la direction de Ford du Canada, elle était responsable du marketing des ventes et du service de 520 concessionnaires Ford et Mercury en Caroline (du Nord et du Sud), Géorgie, Alabama et Floride. Elle travaille en étroite collaboration avec le nouveau directeur général pour le Québec de Ford Canada, Pierre Trudelle.
Au Québec, Ford a terminé premier au total des ventes de véhicules en 2014, en en vendant 47 370, tout juste devant Chrysler (43 110 véhicules). «Nous avons plusieurs défis à relever pour améliorer les performances de Ford dans la province, précise Pierre Trudelle. D'abord, continuer de mettre de l'avant plusieurs nouveaux produits comme les petits VUS, très populaires, mais également promouvoir la vente de petites voitures en zone urbaine, qui ont peine à trouver preneur.»
Le constructeur entend également continuer de travailler l'expérience client chez ses 79 concessionnaires au Québec pour relever le taux de satisfaction. Il poursuivra par ailleurs ses partenariats avec des organisations d'envergure, comme le Canadien de Montréal, le Festival Western de St-Tite et le Festival d'été de Québec. «C'est une manière de bien implanter Ford dans des projets locaux et de mieux identifier le produit aux Québécois», estime le directeur.
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Remettre Lincoln sur la carte
Ford avait annoncé que 2012 serait l'année de Lincoln. Force est de constater que, trois ans plus tard, les résultats se font encore attendre. Lincoln avait vendu plus de 8 000 véhicules en 2011 au Canada et à peine 6 000 en 2014. «La route a été longue, admet Dianne Craig, mais nous sommes encore convaincus que Lincoln peut retrouver sa popularité d'antan.» Elle en veut pour preuve certains signes encourageants, comme le succès de la nouvelle MKC, qui s'est vendue à 1 849 exemplaires dans les sept derniers mois de 2014.
«De plus, 95 % de nos concessionnaires Lincoln au Canada ont renouvelé leur licence d'exploitation, fait-elle valoir, ce qui prouve la confiance de nos concessionnaires vis-à-vis des produits Lincoln. La division compte également sur la nouvelle MKS, présentée au Salon de l'auto de Detroit, pour faire augmenter les ventes.
Au Québec, les ventes de Lincoln ont augmenté de 22 % en 2014, précise Pierre Trudelle. «Nous avons engagé près de 200 personnes au service de design chez Lincoln pour refaire l'image de la marque et lui trouver un style distinctif.»
Pour ce faire, Pierre Trudelle bénéficie de l'expérience de ses huit années passées chez Lincoln-Mercury aux États-Unis, où Lincoln occupait une place de choix dans la catégorie des véhicules de luxe. «À cette époque, nous étions des leaders dans ce segment. Nous travaillons fort pour le redevenir.»
Partager le coût des infrastructures
Toutefois, l'avenir de l'automobile au Canada est soumis à plusieurs contraintes. «Il faudra que le gouvernement fédéral et ontarien ainsi que les travailleurs membres du syndicat Unifor s'assoient à une table avec les constructeurs automobiles pour redéfinir une nouvelle stratégie automobile», estime Dianne Craig.
«Notre avenir dans l'automobile au Canada est étroitement lié au partage des coûts de nouvelles usines avec les gouvernements», souligne-t-elle.
Certains États américains fournissent la moitié du financement pour la création de nouvelles infrastructures de construction automobile. D'autres octroient des congés de taxes de 10 ans sur des terrains qu'ils ont donnés à un constructeur pour y aménager une usine. Une nouvelle réalité qui augmente les difficultés du Canada à rester concurrentiel dans cette industrie.
22 %: Augmentation des ventes de Lincoln au Québec en 2014.
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