Les trois quarts du chiffre d'affaires de Canadel découlent de ses exportations aux États-Unis. Les difficultés qu'ont traversé ce marché l'ont donc frappée de plein fouet. Ce spécialiste du mobilier de salle à manger a réussi toutefois à renouer avec la croissance. Comment ? En misant sur la «personnalisation de masse».
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Un épisode avait fait germer l'idée chez les dirigeants. Lors d'une réception de chefs d'État donnée par le président George W. Bush, le père de celui-ci, Georges H. Bush avait demandé qu'on invite des personnes qui étaient en fonction lorsqu'il était lui-même président des États-Unis. On mandate alors Canadel pour la fabrication d'une table de dimensions particulières.
Le pdg Michel Deveault se souvient aussi d'un joueur de basketball de la NBA qui, en raison de sa grande taille, voulait une table de dimensions appropriées. «On s'est dit qu'il y avait peut-être un filon à exploiter», explique-t-il.
Il souligne que le mobilier de cuisine et de salle à manger se prête bien au sur-mesure. Ils se trouvent dans les pièces où les gens reçoivent leurs invités. Leur apparence revêt donc une grande importance pour les acheteurs, qui souhaitent se procurer des meubles les plus personnalisés possible. Or, les grandes usines chinoises n'excellent pas dans ce domaine, car elles préfèrent produire de grands volumes, et elles sont éloignées des utilisateurs.
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Pour tous les goûts
Une simple visite sur le site de Canadel permet de constater jusqu'où on a poussé l'offre.
Le client peut choisir la forme d'une table, ses dimensions, ses pattes ou sa base, sa couleur, etc. Même chose pour le tissu d'une chaise : il pourra choisir d'y ajouter où d'en retirer les bras, décider du fini, etc. Les meubles quittent toujours l'usine moins de quatre semaines après la réception de la commande.
Cette nouvelle approche de personnalisation de masse fait croire à M. Deveault que son entreprise, qui emploie près de 700 personnes, est bien positionnée pour profiter de la reprise américaine. Actuellement, en 2014, l'entreprise affiche une croissance de ses ventes de 10 %.
Cependant, la situation n'a pas toujours été rose au cours des dernières années pour le fabricant de Louiseville, fondé en 1982. Plus que l'arrivée massive des importations chinoises sur le marché américain, ce sont la hausse du dollar canadien et surtout la crise immobilière de 2007-2008 qui lui ont nui. De 2007 à 2011, le chiffre d'affaires de Canadel a chuté de moitié.
Canadel s'est donc concentrée sur la productivité, afin de ne pas avoir à trop augmenter ses prix au cas où le dollar canadien retrouverait de la vigueur. Cet effort l'a protégée lors de la hausse du dollar canadien, mais pas entièrement au cours de la crise de l'immobilier de 2007-2008. À cela s'ajoute la concurrence asiatique, qui touche Canadel, accusant toutefois un délai salutaire qui lui permet de voir venir.
L'entreprise se spécialise dans le mobilier de cuisine et de salle à manger, une catégorie de meubles à laquelle les importations d'Asie n'ont pas fait concurrence au départ. «Nous avons eu le temps de voir comment elle avait touché les fabricants de mobilier de chambre à coucher ou de salon, et donc de nous préparer», souligne le pdg de Canadel.