Le ralentissement de l'industrie du meuble a fait mal aux fournisseurs qui travaillent dans l'ombre des grands fabricants. Certains ont disparu, d'autres s'accrochent et envisagent de se diversifier. C'est le cas de Nicobois.
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Depuis 1965, Nicobois fabrique des chaises et des composantes de chaises en bois pour Canadel, entre autres. La PME de Nicolet compte 33 employés.
Malgré son expertise, les dernières années n'ont pas été de tout repos. La crise immobilière aux États-Unis a freiné les exportations. Avant 2008, Nicobois tirait environ un quart de ses revenus des ventes aux États-Unis. Un pourcentage qui varie désormais de 5 à 10 %. Les ventes au Québec n'ont pas grimpé, au contraire. Depuis 2008, elles ont chuté d'au moins 50 %.
«Dans les années 1990, nous faisions des affaires aux États-Unis avec un dollar qui valait de 65 à 70 cents américains, rappelle le président Michel Bergeron. C'était presque indécent ! Puis, on s'est retrouvé avec une devise à parité avec la devise américaine, et là nos produits étaient toujours de 7 à 8 % trop chers. Cet aspect des choses s'améliore actuellement, grâce à un dollar canadien un peu plus faible.»
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Le problème, c'est qu'entre-temps, la crise a frappé les États-Unis, et bien des clients de Nicobois ont carrément disparu en raison de la chute des ventes de meubles.
Pour illustrer cet effondrement, Michel Bergeron cite l'exemple de Wood-Mode, le premier fabricant américain de portes d'armoire et de meubles des États-Unis. «Ils ont une usine de un million de pieds carrés, dit-il. Avant la crise, ils débitaient 57 millions de pieds de bois par an. Ils n'en débitent plus que 19 millions.»
Il est donc difficile de reconquérir des clients américains, et surtout, de bons clients. Nicobois expose tous les deux ans au salon d'Atlanta, mais son président constate que les clients ne sont plus ce qu'ils étaient.
Durant les belles années, un client comme Nichols & Stone affichait des revenus de 25 à 30 millions de dollars. Les clients de ce type se font rares. Le chiffre d'affaires de ceux qui visitent le kiosque de Nicobois à Atlanta plafonne à 5 M$, ce qui suppose des commandes plus restreintes.
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Innovation et efficacité
Dans un tel contexte, comment une entreprise comme Nicobois peut-elle s'accrocher et espérer recommencer à croître ?
Une partie de la réponse tient malheureusement au phénomène d'attrition du secteur. En mai 2014, Roméo Laflamme et fils, un fabricant de chaises de Saint-Benoît-Labre, en Beauce, cessait ses activités. Plusieurs clients de ce fabricant sont donc venus frapper à la porte de Fabrication Sedia, l'usine qui partage les locaux de Nicobois. D'un coup, les affaires de cette entreprise ont crû de 25 %. Il s'agit toutefois d'un événement ponctuel.
Pour vraiment tirer son épingle du jeu, il n'y a pas de secret. Il faut innover en créant de nouveaux produits et améliorer sa production pour devenir plus efficace. Nicobois a d'ailleurs racheté de Roméo Laflamme et fils deux fraiseuses à cinq axes, qui l'aideront à rationaliser sa production et à la rendre plus efficace.
«Ce qui coûte cher dans une usine comme la nôtre, c'est le temps que nous passons à modifier des réglages pour fabriquer des pièces différentes», explique Michel Bergeron. Ce temps n'est pas facturé.
«Nous avions une fraiseuse cinq axes que nous utilisions pour les pièces produites à haut et à petit volume. Une des nouvelles machines sera utilisée exclusivement pour les pièces que nous produisons à haut volume. Nous n'aurons plus de réglages à faire sur celle-là. Puis, nous aurons deux machines qui feront exclusivement du petit volume. Nous avons donc augmenté notre productivité.»
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Aller voir ailleurs
Malgré tous ces efforts, les temps sont difficiles pour les fabricants spécialisés dans les chaises. M. Bergeron admet que s'il ne pouvait compter sur les commandes de Canadel, son entreprise serait très fragilisée. Il collabore de près avec ce fabricant, qu'il visite toutes les deux semaines, pour anticiper ses besoins.
Mais il aimerait bien diversifier ses activités, de manière à rentabiliser sa capacité de production. Il explore actuellement la possibilité de racheter un fabricant de portes d'armoire, afin de rapatrier la production à Nicolet. «Le parc machine est imposant dans l'industrie du meuble au Québec et il est largement sous-utilisé, dit le président. Nous cherchons de nouveaux débouchés pour mettre nos capacités de production à l'oeuvre.»