La Grand conseil des Cris a décidé de rompre le silence en rendant public vendredi matin le rapport du comité d’examen des impacts sociaux et environnementaux (COMEX) remis au sous-ministre québécois de l’Environnement à l’été 2011.
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Ce rapport provincial n’a jamais été publié. Mais après que le président et chef de la direction de Strateco, Guy Hébert, a affirmé à LesAffaires.com jeudi que ce rapport était «unanimement favorable» à l’exploration souterraine de l’uranium près de la communauté crie de Mistissini, le Grand conseil a voulu rectifier les faits, preuve à l’appui.
«M. Hébert a déformé les faits» a déclaré le Grand chef du Grand conseil des Cris, Matthew Coon Come à LesAffaires.com.
Le rapport dit que le COMEX a «de sérieuses réserves» face au projet Matoush. Il recommande unanimement au gouvernement du Québec de donner le feu vert à l’exploration souterraine mais à deux conditions:
1. «d’obtenir le consentement des Cris, à travers le conseil de bande de Mistissini relativement à l’acceptation sociale du projet»
2. «d’obtenir une entente écrite à cet effet avec le Conseil de bande ou tout autre organisme désigné par le Conseil de bande».
Le COMEX est le pendant du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) sur le territoire conventionné de la Baie-James. Il est chargé d’étudier non seulement l’impact environnemental, mais aussi social d’un projet. Des cris siègent au COMEX.
Moratoire permanent
Le Grand conseil des Cris a décrété an août dernier un moratoire permanent sur l’uranium sur le territoire de la Baie-James.
M. Coon Come se réjouit que Québec ait décidé de procéder à un examen générique du dossier de l’uranium.
«Nous croyons que les Québécois, une fois bien informés sur les risques de l’uranium, en arriveront à la même conclusion que nous et déclareront un moratoire permanent sur l’exploration, l’exploitation et l’entreposage de l’uranium, tout comme l’ont fait d’ailleurs la Colombie-Britannique et la Nouvelle-Ecosse».
Les déchets d’uranium demeurent toxiques et radioactifs pendant des milliards d’années. «Nous sommes déterminés à empêcher qu’il y en ait sur notre territoire», a-t-il ajouté.
Les «mensonges» de Guy Hébert
Ayant lui aussi pris connaissance du rapport, le président de la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine, Ugo Lapointe, a accusé M. Hébert d’avoir «menti» et a ajouté que «ce n’est pas la première fois».
Dans un avis de convocation aux investisseurs européens daté du 23 décembre 2010 pour une présentation financière à Londres, que la Coalition a transmis aux AFFAIRES, Strateco a affirmé avoir l’approbation des parties concernées, alors que les Cris de Mistissini venaient de désapprouver le projet.
Mercredi, la Commission canadienne de sûreté nucléaire du Canada a accordé une licence à la minière Ressources Strateco pour bâtir une rampe lui permettant de faire de l’exploration souterraine avancée d’uranium sur le site.
Mais Strateco a aussi besoin d’un certificat d’autorisation du ministère de l’Environnement du Québec. Le gouvernement libéral ne le lui a pas donné, et le nouveau gouvernement péquiste ne le fera vraisemblablement pas non plus: le lendemain de la publication du rapport de la CCSN, il a annoncé la tenue d’une commission indépendante du BAPE pour étudier la question de façon générique.