Le Québec comporte trop de sites miniers orphelins qui n'ont pas été réhabilités. Mais il existe des cas où les minières font sérieusement leurs devoirs, telle la mine Troilus, localisée à 175 kilomètres au nord-est de Chibougamau.
Cette ancienne mine d'or et de cuivre, appartenant au géant canadien Inmet Mining (Tor., IMN, 47,94 $ US), a été fermée définitivement le 30 juin 2010.
Mais dès 2007, la campagne de réhabilitation a débuté. Il fallait s'y prendre à l'avance. Le site minier Troilus, en exploitation depuis 1996, est immense : plus de 800 hectares à réaménager.
"Il y avait une réelle volonté de la part d'Inmet de faire en sorte que le site retrouve sa vocation première, en appliquant les techniques de restauration connues et en innovant au besoin", dit le coordonnateur à l'environnement, Hugues Laplante, en faisant visiter le site minier.
"Toute entreprise minière peut le faire, c'est une question d'attitude, de volonté et de travail, ajoute M. Laplante. Une exploitation minière a des impacts environnementaux importants. Les problèmes sont nombreux et complexes. Il faut vouloir trouver une solution à chaque problème, fournir des efforts, consacrer les ressources financières adéquates et ne pas lâcher tant que la solution n'a pas été trouvée."
800 hectares perturbés
Troilus aurait pu se limiter à répondre aux exigences de la Loi sur les mines et se contenter de reboiser. Mais elle a fait plus : elle a entrepris de réhabiliter et de replanter progressivement les 800 hectares perturbés par les opérations minières.
Une fois les travaux de décontamination des sols et de réhabilitation du couvert végétal terminés, le site pourra être remis à la famille du regretté Sam Awashish, ancien leader de la communauté crie, maître de trappe et détenteur des droits ancestraux de chasse et de pêche sur ce territoire.
Droits ancestraux
La famille Awashish a fait connaître sa volonté d'utiliser le site minier restauré en vue d'y exploiter une pourvoirie. Selon George Awashish, qui exploite déjà une pourvoirie sur les bords du lac Mistissini, le site Troilus s'y prêterait très bien.
Déjà, un an après la fermeture et quatre ans après le début des travaux d'ensemencement, les outardes sont revenues, et en nombre. Elles y trouvent nourriture abondante et gîtes naturels lors des périodes migratoires. De plus, les accès routiers, conservés tels quels à la demande des leaders cris, favoriseront la fréquentation du site par les futurs chasseurs.
De nouvelles collines
Plus de 200 millions de tonnes de roc extraites des fosses, présentement en phase d'ennoiement naturel, ont été excavées et empilées sur trois haldes si gigantesques qu'elles ressemblent aux collines environnantes. On a répandu des milliers de tonnes de moraines sur les piles de roc stérile (non traitées parce que non porteuses de minerai de valeur) et on les a ensemencées. Quant aux 80 millions de tonnes de roches traitées, elles sont allées dans le parc à résidus miniers. Ce parc, qui a été confiné grâce à des digues étanches, doit également être réaménagé et replanté. Ces travaux d'envergure se poursuivront en 2012.
Les employés de la mine ont été mis à contribution : ils ont participé aux opérations de restauration progressive de 2007 à 2010 et, à la suite de la fermeture des installations minières, ont démantelé les équipements. Cela a permis de prolonger leur période de travail tout en mettant à contribution l'expertise acquise pendant les 15 ans d'exploitation et d'entretien des équipements.
Le défi de l'eau
Le plus gros défi sur le site de Troilus : contrôler la qualité de l'eau qui se retrouve dans le parc à résidus miniers et l'intégrité des cours qu'elle emprunte. Avec l'aide de la firme Golder et Associés, Inmet bâtira des canaux et un déversoir pour le drainage, affinera et consolidera les pentes et les talus, et contrôlera l'érosion et la stabilité des ouvrages d'endiguement. Une usine de pompage et de traitement des eaux, en service depuis les débuts du projet minier, continuera de traiter l'eau qui se retrouve dans le parc à résidus, aussi longtemps que dureront les travaux de restauration et que les normes requises par le ministère de l'Environnement ne seront pas atteintes. Puis, elle sera démantelée. "Cela prendra peut-être de deux à trois ans. Nous devons procéder à une surveillance postfermeture pendant cinq ans, une fois les travaux de restauration terminés", précise Hughes Laplante.
Un exemple à suivre
Selon la mairesse de Chibougamau, Manon Cyr, les opérations de restauration à Troilus sont un modèle à suivre.
"Malheureusement, tout près de Chibougamau, certains sites miniers fermés ne peuvent pas en attester autant", dit-elle, donnant l'exemple de la mine Copper Rand de Ressources Campbell, qui a fait faillite et qui fait maintenant l'objet de poursuites judiciaires.
Quels sont les coûts de cette restauration exemplaire ? "Passablement élevés, deux fois plus que ce qu'on planifiait. On parle d'une dizaine de millions de dollars", révèle le coordonnateur à l'environnement, Hughes Laplante.
M. Laplante est fier du travail accompli, même s'il reste beaucoup à faire : "J'ai eu l'occasion de travailler avec ma fille diplômée en biologie et avec un jeune stagiaire. Je les ai souvent eu sur le dos pour améliorer les choses à Troilus. Leur génération ne laissera pas les erreurs du passé se reproduire."
"Il y avait une réelle volonté de la part d'Inmet de faire en sorte que le site retrouve sa vocation première."
- Hughes Laplante, coordonnateur à l'environnement, Inmet Mining
Trois bons élèves
Autres exemples de réhabilitation de sites miniers :
Mine Solbec, en Estrie
Mine Lovicourt, à Val-d'Or
Mine Joutel, en Abitibi
Source : Minealliance