Le «Plan Nord» n’a pas encore été dévoilé, que déjà le Chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), Ghislain Picard, annonce le boycott de son annonce.
Dans un communiqué de presse, M. Picard annonce qu’en guise de protestation, il ne participera pas au dévoilement du « Plan Nord », prévu aujourd'hui à 14 heures à Lévis.
« Je refuse de participer à un processus qui ne répond pas encore adéquatement aux attentes de toutes les Premières Nations concernées », explique-t-il.
M. Picard déplore ce qu’il qualifie «d'absence de consultation véritable avec certaines Premières Nations» concernées, apparemment laissées de côté dans ce processus.
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« Comment le gouvernement peut-il lancer le Plan Nord sans avoir tenté d'obtenir le consentement de toutes les Premières Nations concernées? Le processus est incomplet et très décevant », affirme-t-il, soutenu entre autres par les cinq communautés formant l'Alliance stratégique Innue. L'Alliance représentent quelque 9 500 Innus, soit environ 70 % de la population globale des communautés innues au Québec
« Le gouvernement ne nous a pas consultés, alors qu'il en a l'obligation. On ne lui signera certainement pas un chèque en blanc pour exploiter nos territoires », déclare Raphaël Picard, chef de la communauté innue, Pessamit.
Déclaration de l'ONU
L'APNQL soutient qu'en vertu de la Constitution canadienne et des jugements de la Cour suprême du Canada, le gouvernement du Québec a l'obligation de consulter et d'accommoder toutes les Premières Nations concernées par le Plan Nord. Il doit aussi respecter les obligations prévues par la Déclaration de l'ONU sur les droits des peuples autochtones, à laquelle le Canada a récemment adhéré.
De façon particulière, l'article 32 de la Déclaration stipule que « les États consultent les peuples autochtones concernés et coopèrent avec eux de bonne foi par l'intermédiaire de leurs propres institutions représentatives, en vue d'obtenir leur consentement, donné librement et en connaissance de cause, avant l'approbation de tout projet ayant des incidences sur leurs terres ou territoires et autres ressources, notamment en ce qui concerne la mise en valeur, l'utilisation ou l'exploitation des ressources minérales, hydriques ou autres ».
« Autrement dit, précise Ghislain Picard, on ne consulte pas les Premières Nations comme on consulte une chambre de commerce ou une municipalité.
Jean Charest attaqué
Le Chef Picard affirme que Jean Charest n'a toujours pas rempli les engagements pris lors de son élection en 2003 concernant la prise en compte des droits fonciers des Premières Nations non signataires de traités.
« En 2003, lors de la signature d'une Entente politique mutuelle, Jean Charest promettait de discuter des questions touchant le territoire et le développement des ressources. En 2006, lors du Forum socioéconomique des Premières Nations, il réitérait son engagement à établir des relations respectueuses de nos droits sur le territoire. Or, le premier ministre n'a jamais donné suite à ses promesses et continue à nier nos droits ancestraux. Comment le croire aujourd'hui, lorsqu'il promet à nouveau de tenir compte des Premières Nations dans le déploiement du Plan Nord? », questionne le Chef Picard.
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