Les entreprises québécoises ont accumulé dans leur bas de laine plus de 110 milliards de dollars en liquidités, soit plus du quart du produit intérieur (PIB) de la province, selon une étude de l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS) publiée en janvier 2015.
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Cette manne place la province parmi les territoires où l'épargne des entreprises est la plus élevée, notamment le Japon (44 % du PIB) et la Corée du Sud (34 %). Conséquence directe : les dividendes versés aux actionnaires sont ainsi passés de 3 à 7 % du PIB canadien depuis le milieu des années 1990.
Ces liquidités prennent des formes multiples : dispositifs bancaires, capital de risque, investissements dans d'autres entreprises. Comment faire fructifier cet argent ? Différentes solutions existent pour l'utiliser : investissements, acquisitions, versement de dividendes aux actionnaires.
Plusieurs entreprises choisissent de le placer. En effet, ce serait une erreur de le garder dans un compte qui ne verse pas d'intérêts. Dans ce cas, les comptes d'épargne s'avèrent une formule sûre. En cas de besoin, l'entreprise peut transférer en tout temps des fonds de son compte d'épargne vers son compte commercial. L'inconvénient : les taux de rendement sont relativement faibles, de l'ordre de 1 à 2 % maximum.
Fabien Major, conseiller en sécurité financière chez Major Gestion Privée, note que de nombreuses entreprises ont tendance à placer leurs surplus de trésorerie dans des certificats de dépôt à des taux moins élevés (de 0,7 à 0,8 %) que le taux d'un bon compte d'épargne. «Or, il ne faut pas se fier à la générosité du banquier. Il ne faut pas hésiter à comparer les taux entre les banques, y compris des banques virtuelles», conseille-t-il.
Garder les fonds disponibles
Les institutions bancaires proposent des certificats de placement garanti (CPG) flexibles d'une durée de 12 ou 24 mois, dont on peut retirer des sommes après 30 jours en cas de besoin. «Cette formule permet d'obtenir un taux d'intérêt plus élevé et d'avoir quand même accès à l'argent après 30 jours afin de faire face aux événements qui peuvent survenir dans une entreprise», dit Mario FIorino, vice-président des services aux entreprises à la BMO.
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Les valeurs mobilières et les actions cotées en Bourse présentent un niveau de risque plus important. «Ce n'est que lorsque vous avez un excédent, c'est-à-dire des liquidités dont vous n'aurez pas besoin dans les 12 à 24 mois, que vous pouvez commencer à utiliser des instruments diversifiés», estime M. Major. Les rendements, un peu plus élevés, ne dépasseront toutefois pas le seuil de 2 à 4 % par an.
Charles Douville, vice-président de la Banque HSBC au Québec, remarque que les sociétés qui ont une faible tolérance au risque ont plutôt tendance à se tourner vers les fonds de placement composés d'instruments financiers munis de prêts hypothécaires.
«Les sociétés qui, au contraire, peuvent déterminer qu'elles n'auront pas besoin de leurs liquidités à moyen terme, peuvent aller vers des dépôts à terme (rachetables en tout temps) ou des certificats de placement garanti (non rachetables), qui ont des échéances de quatre à cinq ans et qui affichent une rentabilité de 2 à 3 %», précise-t-il.
Regarder à l'étranger
Si vous détenez des liquidités importantes, il peut aussi s'avérer intéressant de créer une société de gestion (holding). En constituant une entité légale distincte afin de placer vos excédents, «cette structure pourra vous permettre de réaliser et de diversifier les placements, en servant en quelque sorte de fonds de pension à l'entrepreneur. C'est quelque chose à analyser avec votre fiscaliste», ajoute M. Major.
Les entrepreneurs peuvent également être intéressés par l'achat d'obligations étrangères, qui offrent des taux plus élevés pouvant aller de 5 à 6 % : «Mais ajouter des obligations internationales augmente les risques en raison du taux change. Pour cela, assurez-vous de vous doter d'une protection contre les effets des devises», rappelle M. Major, qui ajoute qu'il est possible d'acheter des fonds de placement ou des fonds négociés en Bourse assortis de contrats à terme sur la fluctuation de devises, qui permettent de bénéficier d'une couverture.
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Gestion des liquidités
Série 1 de 4. Des conseils d'experts pour ne pas laisser dormir son bas de laine, mais s'en servir plutôt comme d'un levier en vue de croître et de prospérer.