Le travail sur un CA vous intéresse, mais vous ne savez pas par où commencer, ni même si vous êtes fait pour ça ? Difficile se faire une idée alors que les réunions des comités sont menées à huit clos... Plusieurs administrateurs ont accepté de parler de leur expérience et de leurs motivations.
« D’après les études qui ont été faites sur le sujet, la première motivation des administrateurs n’est pas la rémunération, car il y a toujours moyen de se faire plus d’argent ailleurs», souligne Michel Magnan, professeur et titulaire de la chaire de gouvernance d’entreprise Stephen A. Jarislowsky de l’École de gestion John-Molson de l’Université Concordia.
En fonction du secteur, les administrateurs de société perçoivent en effet des revenus très disparates. «Chez une PME ayant des moyens limités, nous payons 10 à 12 000 dollars par année et le chiffre peut monter jusqu’à 35 000 dollars par année pour des entreprises un peu plus grandes. C’est encore bien loin de 150 000 dollars que l’on peut voir chez de grandes sociétés comme Bombardier», souligne Anne-Marie Poitras, vice-présidente de la gouvernance des PME et des fonds sous gestion chez Desjardins Capital de risque.
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Apporter une contribution
« En général, ce qui motive les administrateurs, c’est plutôt la possibilité d’apporter une contribution significative à l’entreprise et de redonner à la société, moyennant une rémunération ou pas. Car parfois, celle-ci est assez basse est devient donc plus une compensation financière », résume Bruno Déry, président et chef de la direction du Collège des administrateurs de sociétés (CAS) Université Laval. Président de la PME Plastube, José Mathieu est administrateur de trois autres PME manufacturières : Alta Précision, NSE-Automatech et Composites VCI. Il a commencé à s’intéresser à la question il y a une dizaine d’années : « J’avais été nommé PDG et président du conseil d’une entreprise où les choses se passaient de manière difficile. Je suis donc allé me former au collège des administrateurs de société pour comprendre comment cela devait se passer », résume-t-il. Fort d’une expertise dans le domaine de la fabrication et de la mécanique, il a voulu aider les PME manufacturières dans leur développement. « Au Québec et au Canada, nos entreprises ont beaucoup de difficultés avec la mondialisation. Je voulais aider ces entreprises à faire face à la concurrence mondiale », souligne-t-il. Pour lui, le rôle d’un PDG et d’un administrateur est très différent : « Alors que le PDG a souvent le nez dans ses affaires et doit veiller à l’exécution de ses plans, les administrateurs ont plutôt un rôle de conseil et voient les arbres autour de la forêt», souligne José Mathieu.
L’endroit où se prennent les décisions
Pour certains, cette envie d’aider les autres et de participer à des regroupements se présente tôt :
« J’ai été administrateur puis secrétaire et même président de plusieurs coop’ étudiantes depuis l’âge de 16 ans. Par la suite, des occasions se sont présentées lorsque des entreprises m’ont demandé de siéger à leur CA », se souvient Réjean Dancause, président et directeur général du Groupe Dancause et Associés et administrateur de plusieurs PME. « Je suis d’une nature curieuse. J’aime tout savoir et être aux endroits où se prennent les décisions de haut niveau ». Sa meilleure expérience reste celle d’un CA qui était composé d’expertises très diversifiées. « C’était le CA de haut vol d’une entreprise qui oeuvrait dans le domaine de la fabrication de cercueils et qui avait comme membres le PDG de l’entreprise, un représentant de la relève, un professeur de l’université, un représentant d’un fond de solidarité et moi-même, ayant déjà occupé des mandats de planification stratégique », explique-t-il. La recette du succès selon lui ? « Nous nous réunissions tous les 3 mois et avions des échanges réguliers entre les réunions afin de nous concentrer essentiellement sur les questions de stratégie de développement d’entreprise et de gestion financière de haut niveau », résume-t-il.
Les débuts au sein d’un ordre professionnel
Les débuts au sein d’un ordre professionnel
Si certains commencent leur engagement au sein des coopératives étudiantes ou du monde des OBNL, d’autres comme Michel Verrault, président du Cefrio, ont démarré en siégeant sur un ordre professionnel. « J’avais envie de m’impliquer et de pouvoir redonner à mon ordre professionnel, l’ordre des CMA du Québec, dans les années 2000. C’est pourquoi j’ai accepté quand le président de l’ordre m’a appelé pour me proposer le poste et me demander d’envoyer mon CV. J’ai ensuite voulu aller chercher d’autres compétences en m’impliquant dans le réseau éducatif à travers le Cégep du Vieux Montréal», résume-t-il. Pour être le plus efficace possible, ce dernier n’a pas hésité à se documenter sur le secteur d’activité des organisations où il siégeait. «Je me suis préparé sur les volets économiques ou en me renseignant sur la concurrence par exemple. Car parfois, les gens viennent au CA sans lire les documents préparatoires, et cela paraît !», affirme-t-il. Avant de prendre la présidence du Cefrio, Michel Verreault a fait un mandat à la tête de l’ordre des CMA. « Quand j’étais à la présidence et que nous préparions déjà la fusion des 3 ordres professionnels, il fallait bien que je mettre un samedi ainsi que deux soirs par semaine pour m’assurer de remplir mon rôle convenablement. Et tout cela s’ajoutait à mon emploi chez Desjardins à l’époque !», se souvient-il.
Comment démarrer ?
Avant de vous lancer, il est donc important de faire d’abord un point sur vos motivations : qu’est-ce qui vous attire ? Et surtout, quelle expérience pourriez-vous apporter à une entreprise, et dans quel secteur ? Pour les jeunes qui souhaitent faire leur place, l’idéal est de commencer à siéger sur des conseils d’OBNL ou de jeunes chambres de commerce afin d’apprendre et de rencontrer d’autres administrateurs. « Il faut aussi suivre ce qui se passe sur Linkedin et ne pas hésiter à faire savoir à votre réseau que vous aimeriez devenir administrateur », conseille Jacques Grisé, expert et auteur d’un blog sur la gouvernance. Lorsqu’une entreprise vous intéresse, n’hésitez pas à vous documenter et à contacter le président du comité de gouvernance pour lui proposer votre candidature. C’est ainsi que vous rencontrerez des gens qui vous emmèneront à siéger sur d’autres conseils, de plus en plus importants. « Gérer des réunions vous amènera à acquérir une certaine expérience », ajoute Michel Magnan.
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