Ipads, téléphones mobiles, jeux sérieux... Ces outils technos engendrent de nouvelles pratiques qui pourraient bientôt changer le visage de la formation continue.
Après le e-learning, la prochaine révolution à venir sera-t-elle celle du mobile learning ? C'est en tous cas ce que prédit Nathalie Doré, conseillère en stratégies d'apprentissage à IC Formation, après avoir assisté à la dernière conférence de La Société canadienne pour la formation et le perfectionnement (CSTD).
«Beaucoup d'applications sont en développement. On peut penser que d'ici quelques années, on pourra suivre des cours et des capsules vidéo sur son téléphone intelligent, lors de ses déplacements», estime-t-elle.
Les professionnels de la formation qui lorgnent ce marché doivent cependant composer avec des défis de taille. Le premier ? Développer des applications mobiles accessibles sur les différentes plateformes (Android, iPhone, BlackBerry) qui se livrent concurrence.
Ils doivent aussi composer avec la taille des écrans des téléphones mobiles, plus petits que ceux des tablettes.
«Essayez de jouer sur un iPhone pendant au moins 15 minutes d'affilée à un jeu qui est censé vous captiver, et voyez ensuite comment vous pourriez tenir avec un contenu moins attrayant...» nuance Hugues Foltz, directeur de la firme de formation en ligne Ellicom.
En effet, chaque nouvel outil a ses forces et ses faiblesses.
«La solution mobile devient intéressante dès lors que l'on peut télécharger du contenu pour y avoir accès plus tard, lorsque l'on n'a pas de connexion Internet», estime pour sa part Nathalie Doré.
Chez AFI Expertise, une équipe de 15 personnes travaille à la création des applications mobiles en prolongement de l'offre de formation. «Environ 50 à 60 % de nos capsules de formation en ligne donnent lieu à la création d'une application mobile», affirme Marie-Pier Saint-Hilaire, présidente d'AFI Expertise. Exemples : la firme a créé récemment une application destinée à apprendre aux policiers à se servir de leur système de GPS et une autre pour maintenir le lien entre les participants d'un groupe de codéveloppement.
Les tablettes
Utilisées par de nombreux gestionnaires, les tablettes représentent une nouvelle manière de consommer la formation continue.
«Les iPads sont de très bons outils à cet égard, car ils peuvent apporter de la valeur ajoutée et de l'interactivité aux cours», estime Hugues Foltz.
Plusieurs organisations comme Algo-md, une entreprise spécialisée dans le domaine de l'éducation médicale, ont déjà franchi le pas en demandant à Ellicom de développer des applications accessibles sur tablette pour former le personnel médical. D'autres, comme l'OACIQ, qui réglemente le courtage immobilier au Québec, se préparent à prendre le virage. (Voir encadré)
«Les grandes organisations commencent à s'y mettre car la demande est très forte pour ce type d'outils, mais nous n'en sommes pas encore à la diffusion d'iPads à grande échelle au sein des entreprises !» résume Hugues Foltz.
Est-ce une question de temps ? En se glissant dans notre quotidien, les tablettes rendent possibles de nouvelles pratiques liées à la mobilité qui intéressent les acteurs de la formation.
«En se servant d'une fonction localisation sur son Ipad, un employé peut par exemple envoyer ses coordonnées GPS en arrivant à son poste de travail, afin qu'on lui renvoie un module de formation qui correspond à son emplacement dans la chaîne de production», rapporte Nathalie Doré.
Avatars et jeux sérieux
Pour «capturer» les connaissances d'un employé qui part à la retraite, certaines organisations choisissent de réaliser une entrevue filmée pour en faire une formation en ligne ou une capsule sur l'intranet. La Banque Royale du Canada a même créé un avatar, Sam, qu'elle a mis en scène dans plusieurs capsules vidéo pour sensibiliser ses employés aux enjeux de la confidentialité. «C'était une bonne manière de susciter l'intérêt et de créer le buzz autour d'une thématique qui tenait à coeur à l'organisation», explique-t-elle.
Autre exemple ? L'Hôtel 4 Saisons, situé dans la région de Québec, a organisé un concours à l'intention de ses employés qui a ensuite été rediffusé à l'interne par le service Formation, sous forme de capsules diffusant les bonnes pratiques. «C'est une manière de réaliser un partage de compétences tout en engageant les apprenants», cite en exemple Nathalie Doré.
Autre tendance : les jeux sérieux, venus des Etats-Unis. «Pour former les employés de la SAQ sur les nouveaux terroirs de France, on peut créer une boutique virtuelle où les employés sont interrogés par des clients et doivent trouver la bonne bouteille de vin dans le magasin. C'est une manière de procéder beaucoup plus ludique et concrète qu'un quiz», fait valoir Marie-Pier Saint-Hilaire. L'investissement s'avère néanmoins coûteux... «Il faut compter environ 300 heures de travail pour une heure de jeu, ou entre 25 000 $ et 60 000 $ pour un jeu sérieux», estime la présidente d'AFI Expertise.