La rémunération des pdg de sociétés québécoises a beaucoup bougé en 2009 : les fluctuations par rapport à l'exercice précédent varient de + 205 % à - 76 %. En fait, 23 des 44 pdg pour lesquels nous disposons de données comparables ont vu leur rémunération globale diminuer en 2009, tandis que 21 d'entre eux ont plutôt profité d'une augmentation.
Certaines entreprises ont visiblement limité les augmentations. Par exemple, la rémunération globale de Pierre Dion (TVA) et de Rupert Duchesne (Aeroplan) n'a augmenté que de 1 %.
" L'année 2009 a été vraiment difficile. Dans les entreprises qui ont dû faire des mises à pied, le pdg devrait accepter une diminution de salaire ", dit Yvan Allaire, président du conseil de l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques. " Le pdg ne devrait alors pas toucher sa prime ", ajoute Olivier Gamache, pdg du Groupe investissement responsable.
Les raisons des variations
Pierre Duhaime, qui a été nommé pdg de SNC-Lavalin en mai 2009, est celui qui a bénéficié de la plus forte hausse. Il a eu droit à une augmentation de son salaire de base, a reçu plus d'actions et d'options et vu son régime de retraite bonifié. À l'autre extrême, Pierre Beaudoin (Bombardier), Richard Roy (Uni-Sélect) et George Cope (BCE) ont été nommés pdg pendant l'exercice 2008; ils avaient alors reçu une rémunération plus élevée qu'à l'habitude. Dans le cas de Louis Audet (Cogeco), Pierre-Paul Lassonde (Lassonde) et Madeleine Paquin (Logistec), c'est surtout une variation du régime de retraite qui explique la différence.
Si certains cas extrêmes s'expliquent par des circonstances exceptionnelles, la hausse de la rémunération globale d'Alain Lemaire (Cascades), de Martin Rivard (Mines Richmont) et de Martin Schwartz (Dorel) est surtout attribuable à l'octroi d'options. Jeremy Reitman (Reitmans) a quant à lui reçu des options et une prime en 2009, alors qu'il n'en avait presque pas eu l'année précédente.
Par ailleurs, Robert Dutton (Rona) a reçu plus d'actions et d'options en 2009 qu'en 2008, et Pierre Karl Péladeau (Quebecor) a reçu une prime pendant le dernier exercice (aucune en 2008).
Les options toujours populaires
Même si elles sont décriées par les actionnaires depuis quelques années, les options restent populaires, au grand dam des experts consultés. " Les options sont apparues en 1992 : elles ne faisaient pas partie des lois de Moïse ! " lance M. Allaire, qui prône l'élimination de cette composante de la rémunération.
Sebastian van Berkom, pdg de Van Berkom et associés, voudrait que toutes les options et unités d'actions soient remplacées par des programmes d'achat d'actions plus importants. " C'est préférable de prêter de l'argent au pdg pour qu'il augmente son actionnariat, plutôt que de lui donner des options, avec lesquelles il ne risque rien. "
D'ici là, M. Gamache suggère de surveiller le taux de dilution du régime d'options. " Dans certains cas, c'est carrément du vol ! "