Natalie Voland rêvait de travailler pour l'UNICEF en Afrique du Sud. Après l'obtention de deux baccalauréats, l'un en science politique spécialisé en études africaines et anthropologie et l'autre en service social, auxquels elle a jumelé des expériences de travail comme intervenante jeunesse au YMCA puis au service des soins intensifs de l'Hôpital général de Montréal, elle est du jour au lendemain propulsée dans l'immobilier !
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Quelque 20 ans plus tard, à 42 ans, elle gère un portefeuille d'environ 1,5 million de pieds carrés (pi2) de bâtiments industriels reconvertis en bureaux et lofts commerciaux qui accueillent plus de 300 sociétés. Dans un quartier montréalais qu'elle a contribué à revitaliser, le Sud-Ouest. Car elle a toujours à coeur de travailler au mieux-être de la société.
«Le développement économique passe aussi par le développement des communautés, par le souci d'avoir un impact social et culturel», soutient la présidente de Gestion immobilière Quo Vadis et des complexes du Canal Lachine et Dompark.
En 1996, alors dans la jeune vingtaine, elle reçoit une demande de son père pour se joindre à l'entreprise familiale qui vivote. L'immigrant allemand, qui était architecte urbaniste à la ville industrielle de Wuppertal avant sa venue au Québec en 1976, est devenu promoteur immobilier résidentiel. La crise économique du début des années 1990 l'incite à se tourner vers les immeubles de bureaux. Il décide alors d'acheter deux bâtiments industriels pratiquement à l'abandon, situés sur les berges du canal Lachine. «C'était des reprises de faillite qu'on a eues à bon prix parce que personne n'en voulait», se rappelle Natalie Voland.
Le premier, l'actuel Complexe du Canal Lachine, a été construit vers 1919 et a abrité l'ancienne manufacture de matelas de la compagnie Simmons. Le Complexe Dompark avait pour sa part été la propriété de la Mount Royal Spinning Company, puis de la Dominion Textile. Les deux bâtiments, dont la superficie totalise près de 800 000 pi2, comptaient environ 80 % d'espaces vacants.
«Le premier défi a été de remplir les bâtiments, et ce, dans un secteur défavorisé», dit-elle. Autre embûche : procéder à des travaux de rénovation avec un budget restreint , au moment où les banques ne voulaient pas leur prêter d'argent.
Pour y arriver, le promoteur immobilier propose un partenariat avec les locataires qu'il souhaite attirer. L'entreprise s'engage à payer les travaux de rénovation qui touchent le bâtiment et les aires intérieures communes, tandis que les locataires prennent à leur charge le coût des améliorations locatives nécessaires à l'aménagement des lofts commerciaux que le promoteur souhaite implanter. En retour, les locataires peuvent bénéficier de loyers à prix moindre et de baux à long terme.
De plus, l'entreprise immobilière y attire une imprimerie et un restaurant de même qu'une garderie et un gym. «Comme le quartier ne comptait pas de commerces de proximité, il fallait créer un écosystème dans nos bâtiments pour intéresser des entreprises à venir s'y installer», explique Mme Voland.
Résultat : les immeubles des complexes du Canal Lachine et Dompark sont aujourd'hui occupés à 90 %, entre autres par des designers industriels, des graphistes, des architectes, des producteurs de films ou encore des organismes à but non lucratif. Aussi, «il s'est créé une synergie entre des locataires qui se rencontrent au restaurant ou au gym, par exemple, et qui font maintenant des affaires ensemble», se réjouit la gestionnaire.
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Créer une communauté
Gestion immobilière Quo Vadis exploite aussi le Complexe Griffintown, un groupe d'immeubles industriels totalisant 465 000 pi2, situés au coeur du Quartier de l'innovation.
«Griffintown offre un immense potentiel de développement, mais on y voit surtout des projets résidentiels. C'est aussi important d'avoir des immeubles qui ont une autre vocation, qui sont des pôles d'employabilité, pour y créer une communauté», dit Mme Voland.
L'entreprise, qui aime restaurer les vieux immeubles, s'investit aussi dans la revitalisation du quartier montréalais Chabanel, associé au secteur de la mode. Depuis un an, elle s'affaire à convertir une ancienne manufacture de textile pour y implanter des lofts commerciaux, des studios et des bureaux pour les créateurs et les entrepreneurs en haute technologie.
«Le quartier est un peu à l'image de ce qu'était le Sud-Ouest il y a 20 ans. C'est possible de lui redonner plus de vigueur», dit Mme Voland. Le Complexe Muse, qui totalise 110 000 pi2, offre des locaux sur mesure de 600 pi2 et plus.
En 2010, pour favoriser le démarrage et le développement de nouvelles entreprises, Gestion immobilière Quo Vadis lançait son concept Communoloft qui offre des bureaux d'une superficie de 100 à 600 pi2 dans des immeubles où les locataires profitent entre autres de bureaux meublés, comprenant téléphone, boîte vocale et Internet, ou encore de salles de réunion et cuisinettes partagées.
Le parcours de Natalie Voland lui a valu, en 2011, le prix Excellence décerné par CREW (Commercial Real Estate Women) Montréal, une organisation qui fait la promotion du succès des femmes en immobilier commercial.
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Entreprendre au féminin - Dans cette grande série, qui paraît toutes les deux semaines, nous vous présentons le parcours d'entrepreneures de tous horizons, nous examinons des enjeux liés à l'entrepreneuriat féminin, et nous donnons la parole à de grandes personnalités féminines du milieu des affaires québécois.
Présenté par Desjardins, Avec la collaboration de Femmessor, la Caisse de dépôt et placement du Québec et PwC.