Quand le designer Tom Matano a dévoilé la première génération de la Mazda Miata à la fin des années 80, l'enthousiasme n'était pas à son comble. En fait, il lui a fallu se battre et tricher un peu pour parvenir à mettre en marché un modèle qui, depuis, atteint des succès inespérés. Ce petit cabriolet bat en effet le record mondial des ventes de roadster, avec 930 000 véhicules écoulés en 25 ans. Derek Jenkins, lorsqu'il a voulu créer la MX5-Miata de quatrième génération, dévoilée en septembre dernier, s'est heurté à un problème majeur : préserver l'héritage et la personnalité de la voiture.
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Il s'en est fallu de peu
C'est en 1985 que les dirigeants de Mazda ont lancé l'idée de créer une petite voiture sportive pour concurrencer les rivaux déjà présents en abondance sur le marché, notamment les constructeurs anglais, populaires avec leur MG. Le défi était de taille, et le principe simple : lancer un concours à l'intérieur des trois centres de design de la compagnie pour obtenir un petit coupé sport dynamique.
Les designers japonais du centre d'Hiroshima et ceux d'Allemagne ont répondu à la demande avec un design sobre. Mais Tom Matano et son complice Bob Hall, chargé de projet pour la Miata, ont un peu dérivé : ils ont créé un petit cabriolet. Échec complet. «On ne nous a tout simplement pas écoutés, parce qu'on ne respectait pas la demande de base», a expliqué le designer.
Mais Tom Matano ne s'est pas avoué vaincu, et il a utilisé les ressources du centre de design d'Irvine, en Californie, pour réaliser une maquette plus grande et une maquette en argile. Après de longues négociations (que Bob Hall, en entrevue, a qualifiées en riant de véritable résistance armée), le designer a obtenu l'autorisation de développer un prototype fonctionnel. Au total, il aura fallu quatre ans entre les premières esquisses et le lancement du premier modèle.
La voiture est basée sur les principes d'ingénierie Kensei, que l'on peut librement traduire par «moins = plus», indique Tom Matano. La Miata mise sur la légèreté et le plaisir de conduite, pas sur la puissance. «L'objectif est d'améliorer les sensations, sans compromettre la personnalité», continue le concepteur.
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25 ans plus tard
Derek Jenkins, chef designer au centre de design d'Irvine en Californie, l'admet sans gêne : moderniser une icône représente un défi majeur. «Nous devions suivre les traces de Tom Matano, tout en incorporant le nouveau langage visuel Kodo de Mazda. Le Kensei doit être respecté, sinon la nouvelle voiture ne sera pas digne de s'appeler Miata», a lancé le designer lors du dévoilement de la voiture.
Dans les faits, certains éléments, comme les phares, sont conçus pour rappeler les origines du petit cabriolet. «Mais le design, c'est aussi jouer avec le risque. Nous proposons une version plus sophistiquée, plus raffinée. Je voulais seulement qu'elle reçoive l'approbation spirituelle de Tom Matano», a poursuivi M. Jenkins.
Les deux hommes, qui étaient réunis pour le dévoilement de la quatrième génération, sont d'accord sur ce point : la nouvelle version de la MX5-Miata fait revivre l'héritage de ses prédécesseures.